• Chapitre 41 •

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Naomi

— Des...chocolats à la cannelle...constate-t-il, avec une moue dégoûtée.
Jenna pouffe de rire tandis que je serre les poings et réprimande Jeff.
— Tu plaisantes Jeff ? C'est vraiment malpoli de refuser le charmant cadeau d'une personne qui s'est inquiétée pour toi.
Je m'énerve.
— Tes chocolats ont l'air degueu, c'est pas de ma faute quand même.
Mais c'est qu'il s'obstine en plus.
— Tu ne peux pas juger avant d'avoir goûté, ta mère ne te l'a jamais appris ou quoi ?
Pendant notre duel de regards noirs, nous entendons le rire cristallin de Jenna.
Je me tourne vers elle, rouge d'une hilarité incontrôlable.
— Jenna, soufflé-je, je pensais que tu serais de mon côté.
J'aborde le ton le plus indifférent qui soit et fusille Jenna du regard.
— Je suis désolée Naomi mais là, c'est trop pour moi.
Elle rit, encore une fois.
— Vous vous chamaillez comme des frères et sœurs c'est...ajoute-t-elle.
— Je t'interdis de terminer cette phrase par "mignon". Je la menace avant de reprendre une inspiration et pivoter le menton vers Jeffrey.
— Je veux simplement que tu les goûtes, je les ai payés une blinde à la boulangerie d'à côté juste pour ton joli petit cul alors s'il te plaît, goûte les !
Il se résigne et prend un chocolat entre ses mains, ses doigts l'écrabouillent plusieurs fois avant qu'il ne l'engloutisse d'une traite. J'attends son verdict avec impatience mais, son visage se...décompose.
— Bwa ch'est chollant...S'écoeure-t-il, la bouche grande ouverte.
Après mainte et mainte mastications, il avale avec une drôle de grimace pour tousser un grand coup, de la poudre brune s'échappe de ses lèvres.
À ce moment, je ne peux m'empêcher de ricaner. Certes, ces chocolats sont un pur échec mais le fou rire qui nous vient ensuite apaise la situation.

Adan

— Ouais ? lancé-je, sachant pertinemment que Connor va me casser les pieds.
— Bonjour l'accueil, ça fait plaisir. Râle-t-il.
— Qu'est-ce que tu veux, Connor ?
— T'inviter à manger un truc chez moi, j'ai eu l'appartement près du Queens alors, enchaîne-t-il, je voulais fêter ça.
— Pourquoi tu n'invites pas papa ? Dis-je sans grande envie, j'ai des choses de prévues.
— Allez quoi, un bon dîner ne te coûte rien, en plus c'est moi qui cuisine.
— Justement. Grommelé-je.
— Alors ? C'est d'accord ?
Il s'impatiente.
— Oui c'est bon, je viendrai.
— Super, à ce soir !
Il a raccroché. Ce soir ? Putain...
À mon avis, il prépare quelque chose mais, quoi ? Je balance mon téléphone sur le fauteuil au coin de la chambre et m'affale sur le lit. Ça fait un moment que je n'ai pas été aussi mal en point, la fatigue me torture les neurones c'est impressionnant.
Je ferme les yeux et m'apprête à m'évader pour une longue séance de sommeil lorsque quelqu'un vient cogner contre la porte.
— Oui ? Soufflé-je.
— Excusez-moi monsieur, fait-elle la tête basse, une jeune femme demande à vous voir, dans le hall.
Une jeune femme veut me voir ? Qui donc ? Est-ce Naomi ?
— Qui est-ce ?
Je me redresse du lit. Je veux que ce soit Naomi mais, sait-elle où je vis ? Chesters lui a sans doute dit ou bien elle a fait ses recherches sur internet ? De nos jours, on trouve tout sur internet.
— Je ne sais pas monsieur, la réceptionniste m'a simplement dit qu'elle travaille avec vous.
Pas de doute, c'est elle.
Je suis impatient, comme un gamin le jour de Noël. J'enfile une chemise à la va-vite et descends dans le hall d'entrée.
Mais, ce n'est pas Naomi qui se trouve devant moi mais Joyce Sliger. Merde...
— Mademoiselle Sliger ?
Je ne cache pas ma surprise, encore moins ma déception.
— Oh, Adan. Chante-t-elle.
Je n'approuve et n'apprécie pas sa familiarité. Elle accourt à moi, laissant derrière elle une forte odeur de parfum aromatisé aux fruits rouges. Je saurais peut-être apprécier cette effluve si elle ne s'était pas renversée le flacon sur le corps.
— Que faites-vous là ? Tempéré-je.
— Je n'ai pas réussi à attendre lundi matin pour vous informer d'une légère contrariété.
— D'une légère contrariété ?
Interdis, je répète ses mots.
— Durant vos déplacements, votre assistante ne s'est pas montrée particulièrement avenante envers moi et, j'ai également pu remarquer quelques désagréments.
Avenante ? Quels désagréments ?
— Quoi donc ?
— Le classement de mademoiselle Anderson laisse à désirer, cela pourrait engendrer la perte d'un document et...
Si elle est venue ici pour cracher sur le dos de Naomi, ça n'en vaut pas la peine. En plus de cela ses tentatives de séduction commencent à me taper sur le système.
— L'organisation et la disposition du bureau de Mademoiselle Anderson ne me concerne et ne vous concerne en aucun cas. Mes demandes sont toujours respectées avec soin et la qualité est présente, cela me suffit. Dis-je d'un sérieux inébranlable, je me permets d'ajouter que si vous avez un quelconque problème avec mademoiselle Anderson, veuillez régler cela avec elle et non avec moi.
La stupeur au fond de ses yeux clairs ne passe pas inaperçu.
— À l'avenir, évitez de vous rendre à mon domicile pour ces broutilles. Je vous souhaite une bonne journée. Conclus-je, le ton dur comme la roche.
Je crois que c'est assez clair.
Une fois dans l'ascenseur, je ne défronce toujours pas les sourcils.
Je suis déçu, foutrement déçu !
Moi qui pensais voir Naomi, quelle putain de déception de me retrouver face à celle qui roule des hanches à longueur de journée sous mes yeux.
— Merci de m'avoir averti pour cette visite Melania. fais-je lorsque je franchis le seuil de l'appartement. Courte visite.
Elle m'offre un sourire chaleureux.
— Au fait, je vous ai déjà dit que votre présence le week-end n'était pas nécessaire. Vous devriez rentrer chez-vous et vous reposer.
— Merci mais, cela me fait plaisir de me rendre utile ici.
J'acquiesce d'un mouvement de tête.
— Ne vous embêtez pas à préparer le dîner ce soir, je dîne chez Connor.
— D'accord.
Elle affiche un sourire sincère et continue ses tâches ménagères, nettoyant assidûment l'un des vases en argile que m'a offert mon père.
Il sont terriblement laids. Il faudrait que je les casse, par pure maladresse.

•••

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant