• Chapitre 74 •

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Naomi

Je bondis en arrière, la main plaquée sur la poitrine. Ma poitrine me brûle, j'ai tellement mal.
Je lâche prise et ne retiens plus les larmes qui s'écoulent abondamment le long de mes joues.
J'halète et renifle avant de faire un pas vers lui. Je ne veux pas, je ne peux pas partir.
— Naomi, s'il te plaît...
Il me supplie.
— Non ! Je t'ai dit non. Je renifle et reprends d'une voix résolue. Je ne partirai pas !
— D'accord...(Il fait une longue pause puis enchaîne.) Alors, c'est moi qui vais le faire.
Adan se retourne sans m'adresser le moindre regard et s'éloigne de moi, loin de moi. Mon corps se fige sur place. Non...Non !
— Adan, non !
Je crie et ma voix se casse.
Il ne répond rien et s'engouffre dans l'ascenseur. Je me rue après lui et tends les bras pour l'empêcher de m'échapper mais les portes se referment sous mon nez. La fraîcheur des portes en acier me gèle les doigts.
— Non !
Mon hurlement me déchire la gorge tandis que mes larmes dégringolent mes pommettes. C'est trop tard, je n'arriverai pas à le rattraper...
Mais, soudain, les portes s'ouvrent à nouveau. Allez, fonce Nomi ! M'encourage ma conscience, secouant son mouchoir en soie. Je me jette dedans, presque comme si ma vie en dépendait et enfonce le bouton du rez-de-chaussée. Je sais que je peux le rattraper, je peux le faire, il le faut !

Arrivée dans l'immense hall, je m'élance à vive allure et crie son nom, mais seul l'écho de ma propre voix me répond. Je passe les portes électriques de l'immeuble et continue d'appeler son nom jusqu'à ce que ma voix tombe dans les aiguës.
Je le vois enfin, il marche droit devant lui sans se retourner. Je dévale les marches et agrippe son bras mais, il me repousse avec une telle brutalité que je recule d'un pas.
— Adan ! Stop, arrête !
— Lâche-moi, Naomi. gronde-t-il, d'un ton rempli de dégoût.
— Non, je...
Il tire sur la poignet mais je la referme avec colère. Le regard de Chesters me file un coup au cœur, pourquoi ne réagit-il pas ?
— Tu ne peux pas partir comme ça, s'il te plaît...Ne pars pas...Je suis tellement minable, pathétique.
J'attends sa réponse, le souffle court, le cœur battant. Les hoquets continuent à me saisir la gorge et je n'en peux plus. Les forces me manquent...
Adan se retourne, ferme les yeux et lâche comme une bombe.
— C'est terminé.
Cette fois, il monte à l'arrière de la voiture. J'essaye de l'ouvrir mais elle se verrouille sous mes yeux. La vitre dotée d'une forte opacité, ne me laisse pas apercevoir son visage. Non pas ça, pas ça !
Je frappe, frappe encore et encore contre cette vitre mais rien, rien ne s'ouvre...
Au bout d'une minute, la voiture démarre et disparaît au loin, mes genoux heurtent le béton. Toute la force et les espoirs que j'avais viennent de s'envoler, en poussière...
Je fonds en larmes.
— Je t'aime, reviens...
Je murmure, brisée en milles et un morceaux.
— Naomi !
Des pas précipités s'approchent de moi et des bras, réconfortants se referment autour de mon corps. Je tremble, tous mes membres tremblent...
— Il va revenir, Jeff. Il faut que je reste là, il reviendra.
Je tente de me convaincre mais, je sais, je sais qu'il ne reviendra pas, ce n'est pas son genre.
— Non, Naomi. Il est parti, allez viens.

Adan

Une douleur sourde se creuse dans ma poitrine. Je l'entends pleurer, elle pleure, par ma faute...
— Naomi, s'il te plaît...
— Non ! Je t'ai dit non. Je t'en supplie...Je ne partirai pas !
— D'accord...Alors, c'est moi qui vais le faire.
Pardonne-moi.
Je marche vers l'ascenseur, évitant son regard. Je ne dois pas la regarder sinon je ne réussirai pas à partir.
— Adan, non !
Bouge-toi le cul, putain d'ascenseur de mes deux !
Il s'ouvre et je me jette dedans avant qu'elle ne puisse entrer à son tour. Les portes enfin closent, je soupire et contrôle la douleur amère qui s'empare de ma poitrine.
Chesters est devant. Je longe la route, m'approchant de la voiture avant d'entendre les appels désespérés de ma belle...Mon intérieur me hurle d'arrêter cette mascarade. Le mieux c'est qu'elle soit en dehors de ma vie, en dehors de toutes ces merdes !
— Adan ! Stop, arrête !
— Lâche-moi, Naomi.
— Non, je...
J'ouvre la porte mais elle la claque en retour.
— Tu ne peux pas partir comme ça, s'il te plaît...Ne pars pas...
Je t'en supplie. Sors ces putains de mots, Brown !
— C'est terminé.
C'est comme si j'avais coché la dernière case pour partir, je me déteste pour ça...J'entre rapidement dans la voiture, la verrouillant derrière moi. Elle frappe contre la vitre, me répétant d'ouvrir, de ne pas la laisser.
— Chesters, démarre. J'aboie, sans lui offrir un regard.
— Monsieur...
— Maintenant ! Craché-je, sèchement.
Il démarre et je ferme la vitre qui nous sépare pour enfin me laisser aller, je relâche tout. Une seule larme s'écoule de mon œil. Je fouille dans ma poche et en extirpe cette fichue lettre.
« T'as réussi espèce d'ordure, t'as réussi à gâcher ma vie en prenant ce qui était le plus cher à mes yeux, mais ne t'en fais pas Adan, je compte bien te rendre la pareille en détruisant à mon tour la chose la plus importante pour toi, commençant par cette jolie Naomi Anderson.
John Poders. »

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant