Chapitre 7 : la minute de vérité

534 57 5
                                    

Le film était passé à toute vitesse, juste devant lui, sans même qu'il ne s'en rende compte, hier encore, son grand-père allait bien et maintenant, il était parti, il avait fermé les yeux pour toujours et pourtant le monde ne s'était pas arrêté de tourner pour autant, les fleurs de pousser, le soleil de briller, le vent de souffler, c'était ça le plus dur, la vie avait déjà repris son cours, sans lui, elle n'attendait personne, jamais. 

Il se consola comme il put en se répétant qu'au moins, il n'avait pas eu le temps de souffrir, c'était surtout ça qu'il voulait retenir, à tout prix, il en avait besoin. Le bip de son portable lui signalant qu'il avait reçu un SMS le fit sortir de sa rêverie, c' était un texto de Tony.

«Hey beau blond, tu m'ouvres ? 😁»

Malgré sa peine, Steve ne put réprimer un sourire et il se leva du plaid où il était installé pour ouvrir la porte du garage à son « coach ». Tony entra et referma la porte derrière lui pendant que le frêle blond reprenait sa place au sol juste à côté du grand voilier. Le fils d'Howard balaya la pièce des yeux avec une attention toute particulière, totalement émerveillé par le travail réalisé par son « élève » sur cet imposant bateau.

- wow t'as super bien avancé, il est presque comme neuf.

- encore quelques couches de peinture pour les finitions et ça devrait le faire je pense.

- tu penses ? Ça sera le plus beau voilier que l'Atlantique n'ait jamais connu, Rogers !

Un nouveau sourire étira les lèvres de Steve alors qu'il sentait le rose lui monter aux joues après un tel compliment.

- faut toujours que t'exagères.

- je suis ton fan numéro un Rogers, n'oublie pas.

Tony lui adressa un clin d'œil joueur dans la foulée et le frêle blond secoua la tête d'un air amusé, cette visite impromptue lui faisait un bien fou.

- comment t'as su que j'étais là ?

- cet endroit c'est ton refuge quand tu es triste alors j'ai tenté le coup.

Steve le scruta du regard un moment avant d'en venir à la conclusion qui s'imposait.

- tu es au courant.

Ce n'était pas une question et Tony s'approcha du plaid où le frêle blond était assis, il examina le tissu quelques secondes puis s'installa juste à ses côtés pour ce qu'il appellerait volontiers la minute de vérité.

- c'est ton père... qui l'a dit à mon père.

Contrairement à Steve qui était assis en tailleur, Tony préféra allonger ses jambes devant lui alors que son postérieur musclé et rebondi le faisait déjà souffrir, le putain de sol de ce putain de garage était vraiment dur comme du béton, c'était officiel.

- je suis vraiment désolé, Steve.

Son prénom. Dans la bouche de Tony. C'était bien la première fois. Il n'y était pas habitué mais ce n'était pas désagréable pour autant. Loin de là même.

- c'est gentil, Tony. Merci.

- je sais combien vous étiez proches tous les deux.

- pas autant que je l'aurais voulu, malheureusement. Il vivait à l'autre bout du pays, c'était difficile de se voir mais j'aurais dû l'appeler plus souvent, beaucoup plus souvent.

- on croit toujours qu'on a assez de temps et puis quelque chose nous rappelle cruellement qu'on n'en a pas tant que ça finalement.

- c'est clair.

« Brooklyn »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant