Depuis 2016, une série Netflix se replonge dans l'esthétique des années 1980 en y apportant un point de vue et des thématiques propres au XXIème siècle : Stranger Things ! La série puise dans un univers cinématographique totalement blockbuster ! Rencontres du troisième type ou E.T. de Spielberg, The Thing de John Carpenter ou encore Les Goonies. Ode au cinéma fantastique et à la culture populaire des années 80, Stranger Things a dévoilé le 4 juillet dernier sa troisième saison.
Avant de détailler pourquoi Stranger Things est à regarder au second degré, je vais d'abord expliquer pour ceux qui ne le serait pas, ce qu'est l'esthétique au second degré. L'esthétique au second degré c'est l'idée que le spectateur a déjà tout vu. Stranger Things n'a pas volonté de se moquer mais d'être un pastiche des films des années 80. La série reprend les codes de ses longs-métrages.
L'exemple le plus célèbre de l'utilisation du second degré se trouve dans la saga Scream. Dans le troisième volet par exemple, les personnages principaux assistent au tournage de Stab 3. Stranger Things joue comme Scream sur le déjà vu.
Mais si Stranger Things a remporté un tel succès, ce n'est pas tant grâce à son scénario qu'à son atmosphère. Car la série est essentiellement une œuvre d'histoire visuelle, construite au second degré, dont chaque plan ou presque est une citation d'un classique du cinéma hollywoodien fantastique des années 1970-1980. C'est moins une série qu'un répertoire des options visuelles du registre, organisé de façon à faire avancer l'histoire. Au détour des aventures des jeunes héros, on ne croisera ainsi que des environnements et activités déjà familiers. Par exemple, les virées nocturnes à vélo de E.T., les enfants de E.T., les enfants des Goonies, les méchants en combinaisons stériles de E.T., les lampes torche de Rencontre du troisième type, les lampes torche d'Alien, les enfants qui pratiquent la télékinésie des romans de Stephen King, et encore des dizaines d'autres micro-références à des lieux, des personnages, des événements, des ambiances scéniques comme dans cette vidéo qui place côte à côte des scènes de la série et leur inspiration:
Ces similitudes visuelles sont soutenues par une bande-son de tubes de l'époque. Chaque saisons à sa musique principale : Should I stay or should I go des Clash ou alors Neverending story de Limalh. Même l'affiche est une citation -empruntée à Star Wars- tandis que la police de caractère était utilisée sur les couvertures de romans de Stephen King.
Toute la force de Stranger Things c'est de reprendre des choses qu'on a déjà vu partout sauf qu'ils ont cette intelligence de montage. Tout a été cadré pour être un produit de consommation : la bande originale est vraiment très forte, et en permanence dans la série, il n'y a quasiment jamais de moment de silence, tout est filmé en très gros plan pour que ce soit visible sur smartphone. Il y a toute une nouvelle forme de réalisation, assumée par les frères Duffer, car ils savent comment les gens consomment leur série.
Forts de leur succès, les frères Duffer ont rajouté un nombre conséquent d'ingrédients vintage à la saison 2 de Stranger Things. Winona Ryders est ainsi rejointe par deux autres acteurs emblématiques des années 80 : Sean Astin (The Goonies) et Paul Reiser (Aliens). Dans la saison trois de nombreuses références aux films de Ryders sont d'ailleurs intégrés.
Malgré tout, au fur et à mesure des saisons les frères Duffer ont pris conscience de leur série et cela perd de la puissance à partir du moment où on fait plus du fan-service et on est moins dans la sincérité par rapport à ce qu'était cette période.
Et vous aviez vous regarder Stranger Things sous le prisme du second degré ?
Je pensais pouvoir écrire un article plus long mais le vidéo explique aussi bien - voir mieux que moi - pourquoi Stranger Things reprend les codes des autres films.
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Cinéma Babylone
Randompetit livre pour en apprendre plus sur le cinéma [cover par @morketider]