LE NÉOREALISME ET APRÈS

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Le néoréalisme ne se limite pas à la période qui suit la Seconde Guerre mondiale, car son influence nourrit aussi bien le cinéma italien que les nouvelles cinématographie du monde, dont il est la référence. 

Issus d'une lutte politique contre le fascisme, le mouvement néoréaliste a su transformer ses convictions  pour la reconstruction du pays en proposition de cinéma. A condition de reconnaître qu'il y en a eu plusieurs. En effet, une partie du mouvement a eu pour modèle le cinéma soviétique (Giuseppe De Santis). Une autre a su associer réalisme descriptif et conventions classiques du récit (Obsessione de Visconti). La tendance la plus populaire, autour de De Sica articule peinture sociale et mélodrame humaniste. Le premier courant, politique, renaîtra dans un cinéma de dénonciation, engagé (Francesco Rosi). Tandis que la comédie italienne (Dino Risi), par son amour des personnages issus des couches populaires, prolongera la tradition néoréaliste.

I. Une écolé esthétique 

Le néoréalisme a-t-il été pour les grands noms du cinéma italiens (Visconti, Antonioni, Fellini) une parenthèse dans leur œuvre ? L'expérience néoréaliste chez Antonioni se ressent dans ses premiers films (Femmes entre elles, 1955 ; Le Cri, 1957) tout comme sa résurgence et son empreinte se font jour chez Visconti dans Bellissima (1951) et dans Rocco et ses frères ainsi que chez Fellini avec La strada (1954). Décréter qu'un film est ou n'est pas néoréaliste devient absurde tant ce mouvement, inspiration du cinéma italien, continue d'agir. 

Plus qu'un cinéma social, à la hauteur des drames et des préoccupations quotidiennes du peuple italien, le néoréalisme a été le foyer d'enjeux esthétique. On peut le diviser en deux courants : le classique et le moderne. C'est autour des films de Rossellini (Rome ville ouverte, Allemagne année zéro) que le critique André Bazin a formulé une pensée moderne du cinéma (esthétique des plans longs, refus des effets de montage) contemporaine et différente de celle de Welles. Alors que l'arrivée d'Ingrid Bergman dans la vie et l'œuvre de Rossellini (Stromboli, Voyage en Italie), semble l'éloigner du néoréalisme. Il confronte son esthétique avec de nouveaux sujets (crise du couple, scène de ménage) et ce faisant, la conforte et l'amplifie. 

Par exemple, Stromboli (1949) est la rencontre improbable entre les pêcheurs d'une îles volcanique et une star hollywoodienne, héroïne hitchcockienne

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Par exemple, Stromboli (1949) est la rencontre improbable entre les pêcheurs d'une îles volcanique et une star hollywoodienne, héroïne hitchcockienne. Le réalisme est redoublé par la dimension documentaire du récit : une femme débarque sur une île, à la façon d'une vedette. Elle est un corps étranger dans un monde qui ne lui est pas familier. Dans le néoréalisme second de Rossellini tout est affaire de cheminement intérieur. Le réalisme de surface de la scène de le pêche au thon devient alors miroir des tourments de son héroïne.  

Quand Youssef Chahine réalise au Caire Gare centrale (1957), il dit avoir été inspiré par le néoréalisme. En découvrant en 1950 à Londres, le voleur de bicyclettes, Satyajit Ray a la conviction qu'on peut tourner un film avec des acteurs amateurs. On n'en finirait pas de constater, dans les nouvelles cinématographie du tiers-monde, combien l'influence du néoréalisme a changé la face du cinéma mondial. 

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