4 Schelley

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- Schelley ! Schelley ! Hurlai-je dans l'entrée. - Papa, Maman, où êtes-vous ?!

Par réflexe, je cherchai ce qui pouvait me servir d'arme et pris l'un des trophées de pêche de mon père qui se trouvait sur la commode. Puis j'avançai vers la cuisine. Personne...

- Est-ce qu'il y a quelqu'un ? Demandai-je plus durement.

J'entendis comme un sanglot étouffé provenant de l'étage. Je montai précipitamment l'escalier.

- Schelley ? Ma chérie, réponds-moi...

Les sanglots redoublèrent. Ma respiration s'accéléra, ma fille était vivante !

Je me dirigeai vers la chambre de mes parents et l'appelai doucement. Au sol, des trainées de sang s'étendaient jusqu'à l'autre bout de la pièce. Je me précipitai, affolée. Derrière l'une des portes tout au fond du placard, se trouvait Schelley recroquevillée, en pleurs.

- C'est Maman, mon amour, je suis là. C'est fini, tout va bien...

Dans la pénombre, je m'approchai d'elle lentement, pour ne pas l'apeurer davantage. Au moment où j'allais la prendre dans mes bras, j'aperçus du sang. Beaucoup trop de sang...

Ma fille, en larmes, m'agrippa. Je la serrai tout contre moi, la gorge nouée, à la fois soulagée de la savoir en vie et terrifiée à l'idée de ce que j'allais découvrir.

Tout en la réconfortant, je la sortis de sa cachette pour l'examiner. Du sang recouvrait entièrement ses vêtements et sur son avant-bras gauche, une énorme plaie laissait apparaître des... traces de dent.

Je fis alors ce que toute mère aurait fait, garder espoir jusqu'au bout. Il était hors de question de baisser les bras !

- On va s'en sortir, ma chérie, lui dis-je la voix tremblante, tout en bandant son bras avec l'une des chemises de mon père.

- Est-ce que tu sais où est Grand'Pa ?

Lorsque que je prononçai le nom de son grand-père, ma fille se blottit davantage contre moi, une expression de terreur sur le visage...
Ses pleurs redoublèrent.

Mon père aurait protégé sa petite-fille contre tout. Si Schelley était blessée, c'est qu'il n'était plus là ou bien lui-même...
Se pouvait-il qu'il soit l'auteur de ses morsures ? Je refusais de le croire...

Au loin des sirènes retentirent.

Mon cerveau prit alors le contrôle des minutes qui suivirent. Comme un robot exécutant sa tâche. Je regardai mon enfant droit dans les yeux :

- Schelley, tu vas m'écouter attentivement. On doit partir d'ici au plus vite. On prend quelques affaires et on va dans la maison de Tante Abby. Quoiqu'il arrive, tu restes près de moi et tu fais exactement ce que je te dis. D'accord ?
Son petit visage ravagé de larmes acquiesça en tremblant.

Je n'avais pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Il fallait se mettre à l'abri. Maintenant. Partir de cette ville qui sombrait dans l'horreur. En quelques secondes, j'avais rassemblé le sac de ma fille et toutes les armes que j'avais pu trouver : le sig-saur de mon père, 3 boîtes de cartouches et sa matraque.

Mon père s'entraînait chaque semaine, juste pour le plaisir, même après son départ de la police. Au grand dam de ma mère qui refusait toute forme de violence. Elle lui en voulait encore de m'avoir appris à tirer à l'âge de 10 ans...

En redescendant l'escalier, des cris dans la rue se firent entendre. Il ne fallait pas traîner. Je serrai ma fille juste derrière moi puis sortis.

A 50 mètres, le vieux Jack, l'un des voisins ou ce qu'il en restait s'approchait vers nous en grognant. La voiture n'était située qu'à quelques mètres. Nous allions réussir. J'agrippai Schelley et bondis vers la portière. Nous nous engoufframes à l'intérieur du véhicule. J'eus à peine le temps de fermer la porte que la chose appuya son visage contre la vitre. Il lui manquait la moitié de son nez et de ses lèvres. Le sang se colla contre le carreau.

- Ne regarde pas, Schelley.

Je mis le contact et démarrai en trombe. Lorsque nous dépassames la villa de Jack, je vis une silhouette familière dans le jardin : mon père était en train de dévorer un enfant qui gisait inerte dans une mare de sang.

Je faillis vomir. Il leva les yeux à notre passage. Celui que j'avais aimé pendant 35 ans n'était plus. Son visage en sang ne reflétait plus que la mort et... la faim.

Détournant les yeux, je m'efforçai de réprimer les nausées qui m'avaient envahie pour focaliser toute mon attention sur la route.

La voiture s'éloignait, partout l'horreur avait remplacé tout ce que j'avais connu jusqu'alors.

Live Die Love - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant