14 Qui suis-je

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Il va falloir que je choisisse mon camp.

Un : je devrais être morte mais ne le suis pas.
Deux : je devrais être un festin à tout mort-vivant qui se respecte mais le seul que j'ai croisé ces derniers temps m'a superbement ignorée.

Autrement dit, je porte leur merde dans mes cellules sans être malade. Et sans qu'ils puissent me détecter.

- Fait chier ! Pourquoi faut-il que cela m'arrive...

Il va falloir que je vérifie cette hypothèse.

Presque malgré moi je sens l'excitation me gagner.

- Ok, on va voir ça !

Chichement armée, j'embarque tous les jerricans que je trouve au garage et les dépose dans le coffre de la Camry.

Direction la petite station d'Oaksfield, située à dix kilomètres d'ici, bien avant Winston ou toute autre ville.

Je roule depuis quelques minutes mais ne croise aucun véhicule. Il n'y a aucun bruit nulle part. Tout semble désert et à l'abandon.
En bordure de route, la végétation a commencé à reprendre ses droits.

Habituellement, j'aime le silence et la sensation de toute-puissance que la solitude me procure mais là, l'absence de vie me glace le sang.

Je conduis toujours dans un silence de mort, croisant uniquement quelques véhicules abandonnés ça et là au beau milieu de la route.

Mais rien ne vient perturber le trajet que j'emprunte. J'en ai froid dans le dos.
Pas une voiture en marche. Pas un cri. Pas âme qui vive. Tout est désert partout. Est-ce qu'ils sont vraiment tous morts ? Je ne peux pas croire ça, si j'ai survécu, alors d'autres aussi.

Dix minutes plus tard, j'arrive enfin à la station essence. Il y a quelques voitures sur le parking dont les portes sont grandes ouvertes. Mais aucune trace des morts. Je me gare près de l'une des pompes. Est-ce qu'elles fonctionnent encore ?

En descendant de la voiture, mon regard tombe sur une tâche de sang. Je ne suis certainement pas aussi seule que je l'imagine.

Il n'y a qu'une seule façon de le savoir. Les attirer. J'appuie généreusement sur le klaxon pendant un long moment. Effectivement, je vois plusieurs morts sortir de la boutique.

- Ils ont vraiment l'air plus lents, pensé-je.

Les 4 marcheurs, trois hommes et une femme, se dirigent vers moi. Je sens mon corps se raidir, près à se défendre et à bondir sur ses proies. Mais là encore, ils m'observent sans geste menaçant. Ils semblent comme déroutés. Leur apparence est désastreuse, leur odeur me répugne.

- Katlin, ce ne sont plus des êtres humains. Tu peux le faire...

J'ai besoin de savoir si j'en suis capable. Je m'approche encore, je pourrais facilement les toucher si je le voulais. Je prends une profonde respiration avant de sortir mon couteau.

- Pardonne-moi, Schelley.

J'enfonce la lame dans le cou de la femme. Il est rentré comme dans du beurre. J'en ai presque la nausée. Le second se tourne vers moi, il n'a pas le temps de m'attraper que je lui plante la lame dans l'œil.

Les deux cadavres décomposés gisent sur le sol, à mes pieds. J'ai l'impression que je vais vomir.
Il est trop tard pour reculer.

- Il faut finir ce que tu as commencé, Katlin !

Ok, je vais faire ça rapidement et proprement. Tant pis pour le bruit. Sans trembler, je sors le sig sauer de ma poche. Les deux autres morts s'écroulent, deux balles dans la tête.

Mes lèvres ont comme un goût de sang. Ce ne sont pourtant que mes larmes qui les recouvrent.

Je remonte en voiture, l'estomac retourné. Le plein attendra...

Live Die Love - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant