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Winston n'est pas aussi grande qu'Atlanta. Je connais cette ville depuis mes 10 ans lorsque mon père a été affecté au poste de police principal.

En 1993, ce n'était encore qu'une petite ville de province. Quelques décennies plus tard, Winston se targue d'être presque aussi étendue qu'Atlanta qu'une trentaine de kilomètres sépare.

En revanche, le temps semble ne pas avoir d'emprise sur le hameau de Tante Abby. Sa maison est telle que je l'ai toujours connue.
Tante Abby était une ancienne institutrice. C'était elle qui avait élevé mon père à la mort de leur mère. Elle aimait l'ordre et les règles. C'était sûrement pour cette raison que mon père avait atterri dans la police.
Mais ce qui caractérisait aussi Tante Abby, c'était sa prévoyance. Elle était une inconditionnelle du papier et gardait tout ce qu'il lui semblait fiable dans le temps. Comme les plans de la ville par exemple. Elle se battait farouchement contre toute sorte d'appareils qu'elle jugeait éphémères : télé, internet, gps et j'en passe. D'une indépendance avant-gardiste pour son temps, elle avait bassiné mon grand-père jusqu'à ce qu'il installe un groupe électrogène au garage.

Je me rends compte aujourd'hui à quel point elle avait eu raison.

Sa maison servira de refuge. Je suis sûre que c'est ce qu'elle aurait voulu.

16 districts - 12 périphériques et 4 centraux : c'est le nombre de secteurs que j'ai tracés sur mon plan. 16 en hommage au jour où tout a commencé.

Je vais d'abord quadriller ceux situés au sud-ouest de la ville. D'une part, ce sont les plus proches de Chester et d'autre part, je tiens à solutionner cette histoire d'essence avant de m'aventurer plus loin...

Armée jusqu'aux dents, j'emporte également de la nourriture. S'il y a des survivants, je vais les trouver. Je ne m'arrêterai que lorsque je serai sûre que plus personne n'ait besoin de moi.

Le miroir de l'entrée me renvoie presque l'image d'une inconnue. Je suis bien plus mince, mes formes voluptueuses ne sont plus qu'un lointain souvenir. Deux yeux me fixent froidement. Leur chaleur ambrée contrecarre la poudre noire que j'ai étendue sur mes paupières. Seules les boucles échappées de mon chignon me rappellent mon passé, doux et rond comme les éclats de rire de Schelley.

Même ma voix a changé. Un son rauque s'échappe de ma gorge :

- Je m'appelle Kate. Je suis une survivante. Je n'ai pas peur. C'est la rage qui me conduit jusqu'à vous.

Pour la première fois depuis longtemps, l'espoir renait en moi.

Mon véhicule se dirige à Winston. Là où tout a commencé...

Live Die Love - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant