Partie 11

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Sur le pas de la porte, je retiens mon souffle avant de toquer.
Je jette un œil à Drago à mes côtés, il est calme et élégant. Il a pris le temps de choisir des vêtements à son goût dans mes placards, s'est apprêté avec soin devant le miroir. Il est beau et je me sens comme un chiot dépenaillé à ses côtés.
Une boule de stress a grossi dans mon ventre tout au long de la journée, jusqu'à me demander si ce repas chez Ron et Hermione n'était pas une mauvaise idée finalement.
J'ai envie de prendre mes jambes à mon cou et de retourner dans le cocon rassurant de mes draps défaits. Est-ce que ce n'est pas un peu trop rapide comme rencontre ?
Mais Drago me regarde avec un sourire encourageant. Il frôle discrètement ma main de ses doigts. On y va ?
Est-ce qu'il peut lire la panique au fond de mon regard, l'angoisse qui me paralyse et la peur qui s'immisce doucement en moi ?
Il jette un regard derrière lui pour s'assurer que la ruelle est déserte et se penche vers moi. Il pose un baiser rapide sur mes lèvres, comme pour me rassurer, avant de reprendre ses distances.

- Courage jeune Gryffondor !

Il se moque gentiment et je grimace. J'aimerais l'attraper par la chemise et le plaquer contre la porte pour l'embrasser et me donner du courage.

- Tu veux annuler ? Que je te laisse seul ?

Je secoue la tête.
Il lève le poing contre la porte de Ron et Hermione et attend mon autorisation.
Sa patience continue de me surprendre, je ne me supporterai par moi-même. Il attend le poing suspendu, ses lèvres étirées par un demi-sourire, un sourcil haussé, interrogateur.
Je hoche la tête imperceptiblement et il toque enfin contre la porte. Ses yeux rient, ils se moquent de moi, je lui donne un léger coup de coude qu'il esquive en s'indignant. Mon angoisse retombe, notre complicité m'avait manqué.
Quand la porte s'ouvre sur une Hermione radieuse et accueillante, mes dernières peurs s'envolent, j'ai les meilleurs des amis, tout se passera bien.

***

Je connais la maison de mes amis par cœur, j'y suis plus souvent que chez moi, mais aujourd'hui je me sens gauche dans leur salon. Je ne sais pas comment me comporter avec Drago ni que faire des regards lourds que lui lance Ron, comme s'il le jaugeait pour estimer s'il était digne de ma compagnie. Je ne sais pas où me mettre, ni que faire de mes mains alors je décide de les enfouir au fond de mes poches.

Hermione a remarqué mon malaise et nous accueille avec bienveillance. Prévenante, elle prend en main la soirée, nous invite à nous asseoir dans le salon, nous sert un vin blanc moelleux dans de beaux verres à pied et engage la conversation avec Drago.

Elle et Drago manient à merveille l'art de la discussion, ils en viennent rapidement à discuter des actualités du monde sorcier, Drago prend des nouvelles du bébé à venir. Je reconnais sa facilité à faire la conversation à laquelle j'ai assisté dans ses souvenirs, il répond avec aisance à des sujets simples en étant poli et charmant.
Ron reste silencieux, il semble le jauger sans prendre part à la conversation. Je sais pertinemment que ce ne doit pas être simple de recevoir un ancien serpentard dans son salon, faire table rase du passé et oublier les insultes et les humiliations subies à Poudlard... Quand je capte enfin le regard de mon meilleur ami, je le supplie silencieusement de ne pas chercher le conflit. Il s'avance toutefois dans le fauteuil, se ressert un verre et fronce les sourcils.

- Il y a quelque chose que je ne comprends pas Malefoy. Si tu fais partie des nôtres depuis tout ce temps, pourquoi ne t'es-tu pas rendu dès la fin de la Guerre ?

Le silence qui tombe dans le salon est de plomb. Hermione fusille Ron du regard pour son manque de tact.

- Tu n'as pas à répondre Drago, ça ne nous regarde pas après tout...

Les fantômes du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant