~Chapitre 22~

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PDV omniscient.

Le Clan du Lac vaquait à ses activités habituelles. Une patrouille de chasse venait juste de rentrer. Chaque chat déposa sa prise sur le tas de gibier. Celle-ci était, pour le bonheur de tout le monde, imposante. La saison des feuilles vertes faisaient sortir les proies de leurs trous. On n'avait plus qu'à les cueillir comme des fleurs.

Deux guerrières se faisaient mutuellement la toilette sous le promontoire, profitant du soleil sur leur pelage.

Quatre chatons jouaient entre eux sous les regards amusés des anciens et ceux protecteurs de deux reines qui les observaient depuis l'entrée de la pouponnière.

Parmi la patrouille de chasse se trouvait Corbeau, un jeune chat qui venait juste d'être nommé apprenti. Son pelage noir luisait sous les rayons du soleil et ses yeux verts scrutaient le camp d'un air indifférent. Il se dirigea vers la tanière des apprentis d'un pas lent.

Les deux guerrières, qui l'avaient suivi des yeux, se regardèrent ensuite d'un air las.

L'une d'elle, au pelage crème, déclara :

- Il a participé à la patrouille de chasse, c'est déjà ça.

- Si seulement il pouvait jouer avec les autres apprentis... C'est de ma faute, il doit sûrement croire que je l'ai abandonné, en me consacrant trop à ma nouvelle vie de guerrière, soupira l'autre chatte, rousse.

- Ce n'est en aucun cas de ta faute, Écaille d'Eau. Il ne s'est tout simplement pas encore habitué, mais ça arrivera.

- Je l'espère... Je ne supporte pas de le voir si malheureux.

Les deux chattes se dirigèrent vers le tas de gibier et se choisirent un campagnol qu'elles commencèrent à se partager.

- En même temps, je le comprends un peu, poursuivit Écaille d'Eau la bouche pleine. Il a été forcé de changer de vie du jour au lendemain. Et je sais qu'il tenait à notre vie de chats errants.

- Laisse-lui du temps. Tu verras, il finira par se sentir comme un poisson dans l'eau.

***

PDV externe.

Écaille d'Eau rêvait. Elle se trouvait dans un champ fleuri, bien loin des territoires qu'elle connaissait.

Où suis-je ?

Au loin s'étendait une forêt chaleureuse d'apparence. Et derrière celle-ci s'élevaient d'imposantes collines, tellement grandes que des nuages cachaient leurs sommets.

Un sentiment d'appréhension s'installa dans le cœur de la guerrière rousse, sans qu'elle ne sût pourquoi.

Soudain, une voix étouffée parvint à ses oreilles. Elle ne parvenait pas à distinguer ce qu'elle disait. Mais une chose était sûre, c'était que le propriétaire de cette voix n'était pas en bonne posture.

Écaille d'Eau se sentit tout à coup aspirée en arrière à une vitesse foudroyante. Pourtant il lui semblait que les arbres de la forêt lointaine se courbaient, tendant leurs cimes vers elle, comme l'invitant à sombrer dans leurs ténèbres.

Les fleurs qui lui chatouillaient les coussinets se transformèrent en une pierre rigide et glacée. L'estomac retourné, la guerrière se rendit compte qu'elle ne bougeait plus. Reprenant ses esprits, elle regarda autour d'elle.

Elle se tenait dans une grotte dont on voyait rapidement le fond mais dans laquelle le sommet n'était pas visible. En effet, les parois s'élevaient, imposantes et semblaient ne jamais s'arrêter. Au lieu de cela, elles plongeaient dans un ciel sombre, fait des pierres noires des parois se rejoignant de plus en plus.

Dans ces parois étaient creusées des cavités, tous possédants des monticules de pierres devant chaque entrée, plus ou moins grands selon la hauteur de chaque abri.

La caverne était sombre, seulement éclairée par la lumière du crépuscule qui émanait de l'entrée principale, un abîme formé dans la roche.

Un courant d'air s'y infiltra.

Écaille d'Eau frissonna, tout en se demandant si c'était à cause du froid ou du silence pesant qui régnait et qui la terrifiait. Elle se sentait comme prisonnière de cette forteresse rocheuse.

Tout à coup, un gémissement retentit à ses pattes, la faisant sursauter. Elle baissa la tête et découvrit avec grande surprise une silhouette grelottante à une queue de renard d'elle. Prudente, elle s'en approcha. C'était une femelle grise, assez maigre. Elle était affalée sur le flanc gauche et sa tête était penchée vers le sol, cachant son visage. Ses épaules étaient secouées de lourds tremblements et de faibles gémissements sortaient régulièrement de sa gueule.

Prise de pitié pour cette pauvre chose, Écaille d'Eau s'approcha d'avantage et chercha un moyen de la prévenir de sa présence sans l'effrayer.

L'inconnue leva soudainement son visage vers elle, et, plongeant son regard bleu dans le sien, murmura :

- Aide-moi.

***

Écaille d'Eau fut réveillée en sursaut en sentant deux pattes remuer son épaule énergiquement. Son regard vert encore embué de fatigue se fixa immédiatement sur Aile Bleue qui se tenait près d'elle. Celle-ci avait l'air paniqué.

- Écaille d'Eau, souffla-t-elle. Tu dois venir vite.

- Pourquoi ? Aile Bleue, que se passe-t-il ?

Dans le regard de son amie régnait une inquiétude et une tristesse apparentes comme si elle avait assisté à la mort de quelqu'un de sa famille ou si le clan était attaqué, et le cœur d'Aube se serra d'appréhension. 

- Corbeau a disparu. Écaille d'Eau, ton fils a disparu. 

AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant