RÉMINISCENCE Tome I : L'ombre du souvenir

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Elle courut à en perdre haleine et passa par la petite porte sur le côté. Personne ne devait voir qu'elle était en retard.

Elle rechercha ses "parents" du regard. La masse de monde dans l'allée centrale s'installait avec lenteur sur les bancs. Elle avait le temps de rejoindre sa famille. Enfin, adoptive. Elle avait du mal à les appeler comme avant. Et c'était là le pire. Comment faire semblant en vrai si dans sa tête ce n'était même pas possible...

Elle reconnut la tignasse brune de sa mère dans la foule. Une grande natte brune tressée de façon soigné comme toujours. Elle ne put que constater la différence entre ses cheveux et les siens. Sa mère avait les cheveux bruns foncés presque noir et lisse tandis qu'elle avait les cheveux châtains foncé à la racine et sur les mèches du dessous et plus clairs sur celles du dessus, ses cheveux étaient ondulés de nature. Son père avait lui aussi les cheveux bruns foncés. Comment n'avait-elle pas pu remarquer ça avant ?
Ses yeux étaient bleus tandis que sa mère avait les yeux verts et son père les yeux aussi bruns que ses cheveux. Les différences entre elle et ses parents adoptifs lui sautaient désormais aux yeux. Et dire qu'elle ne s'était doutée de rien...

Elle fit tomber sa mèche sur le côté gauche de son visage un peu plus lorsqu'elle arriva aux côtés de ses parents. Sa mère l'interrogea du regard en la voyant arriver comme ça.

« Où étais-tu ?

- Le professeur de sport m'a retenu pour m'entraîner. » Dit-elle d'une voix fébrile.

Elle avait inventé le premier mensonge qui lui était venu, sans regarder sa mère dans les yeux. Elle s'améliorait pour mentir dis donc, pas de bégaiement, c'était un début.

Cela semblait convenir à sa mère qui n'ajouta rien et avança vers un banc où son "mari" l'attendait déjà.

Comment faire pour rester normale. Sachant que la femme à côté d'elle n'était pas sa vraie mère, et qu'elle n'en avait aucune idée. C'était tellement tentant de tout lui raconter. De lui déballer tout, au risque qu'elle ne l'a croit pas. Mais au moins elle saurait la vérité.

Astrid se mordit la lèvre pour se forcer à se taire. Elle ne pouvait pas. Elle ne devait pas. Elle écouta le début de la messe. Le prêtre annonça un chant. Tous les chrétiens se levèrent, y compris Astrid. Le système avait-il aussi organisé ça ? La religion ? La séparation entre les deux côtés du village ? Sans aucun doute. Elle dû faire le plus grand des efforts pour ne pas arrêter de chanter. Elle se sentait observée.  Comme sous un regard inquisiteur. Elle tourna les yeux vers sa mère, elle était concentrée sur sa feuille et sur les paroles qu'elle connaissait par cœur, Astrid en était sûre. Son père aussi.

Ils ne se doutaient de rien. Astrid les enviait presque. Ils n'avaient pas à faire semblant. Pas à avoir peur d'être démasqués et enlevés à tout instant. Mais la vérité était plus forte que ça tout de même.

Lorsque le prêtre annonça la fin de la messe, ses parents se levèrent immédiatement. Ils devaient avoir hâte de manger. Astrid regarda le prêtre d'une soixantaine d'années ramasser sur l'autel le verre de vin considéré comme le sang du Christ et l'hostie comme le corps du Christ. Celui-ci fit signe à une petite fille, une fois avoir fini, de le rejoindre. Sa famille ne se posa pas plus de question et elle les entendit lui lancer qu'ils se retrouvaient à la maison.

Elle se leva d'un coup lorsqu'elle vit le prêtre partir avec la gamine dans le couloir menant à des pièces derrière l'église. Maintenant qu'elle savait la vérité, elle ne pouvait que se méfier de tout.

Le regard embrasé, Astrid se dirigea à la poursuite du prêtre et de l'enfant. Elle en avait alors oublié ses parents. Elle ne se réveilla que lorsque sa mère l'interpella alors qu'elle était presque au niveau de l'estrade de l'autel. Elle arriva suivit de son père à sa hauteur.