Chapitre 7

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Je me redresse en me frottant les yeux et regarde autour de moi: tout le monde dort.

Après quelques heures de marche, nous sommes finalement un peu tous tombés de fatigue. C'est au moment où vraiment plus personne ne tenait debout qu'est apparu un logo. Entre temps, nous avons eu notre premier virage qui coupait cette trop longue ligne droite. Nous avons même hésité car un chemin continuait tout droit mais grâce à l’œil aguerrit de Sehun, nous avons finalement remarqué que les murs étaient semblables à ceux d'avant, tandis qu'à présent, ils sont beaucoup plus... modernes. La pierre rigide a été remplacée par une sorte de béton gris clair, très lisse.

J'observe tous les hommes présents: le visage qui me perturbe le plus reste celui de Chanyeol, dont les yeux sont grands ouverts. Je passe ma main au-dessus de lui, mais il dort bien, pourtant. Alors, je ferme ses paupières comme on le ferait pour un mort. Ce geste me donne un frisson de gêne, mais je préfère ça plutôt qu'il ne se réveille avec les yeux secs.

Je continue mon inspection et sourit en voyant Chen, en étoile de mer, encombrant ainsi Xiumin et Tao qui ont eu le malheur de se placer de part et d'autre de lui. Cependant, je remarque que quelqu'un manque: Sehun.

Je me lève et sort discrètement de la salle. C'est alors que je l'aperçoit, assit contre un mur, l'air pensif. Il est tellement perdu dans ses pensées qu'il ne se rend pas compte que je viens de m'installer à ses côtés:

- Ça va? je demande.

Il tourne brusquement la tête vers moi, surpris:

- Oh, tu es réveillé? dit-il en guise de réponse.

- C'est drôle, depuis que nous sommes arrivés ici, c'est peut-être la première fois que tu m'adresses la parole.

Je lui souris tandis qu'il fronce les sourcils, comme s'il cherchait un autre moment où il aurait pu me parler. Puis il finit par conclure:

- Je ne suis pas très bavard, en effet.

- Comment le sais-tu?

Il hausse les épaules:

- Je ne veux juste pas parler. Pas besoin de connaître mon passé pour savoir ce que je ressens à l'instant présent.

Sa remarque plutôt froide me lance une boule dans le ventre. Je ne sais plus quoi dire, alors il parle à ma place:

- De toute façon, de quoi puis-je bien parler lorsque je ne me souviens de rien?

Je réponds sans réfléchir:

- Il y a pleins de sujets à aborder. Tes craintes, tes doutes, ce que tu penses aimer ou non, ce que tu imagines qu'il y a en dehors de ce labyrinthe, si tu aimerais avoir des pouvoirs ou non, qui a bien pu nous envoyer ici... Il y a toujours un moment où on ne sait pas trop quoi dire dans une vie. J'imagine que lorsque tu as commencé à parler, la première chose que tu as faite était de poser des questions. Eh bien c'est pareil, ici. Nous venons de renaître, en quelques sortes.

- Et ça ne te dérange pas, toi?

Son regard vient se poser sur moi. Je lis dans ses yeux qu'il semble surpris par mes dires.

- Bien sûr que si. Même beaucoup. Mais que pouvons-nous faire? La seule chose dont je me souviens est le visage de ma mère, pour le moment. Après, ce ne sont que des incertitudes. Je pense que nous devons nous contenter de trouver un moyen de sortir. Tu vois, je ne sais même pas si j'étais comme ça, avant, mais après tout, maintenant, si je suis un trouillard qui contrôle la lumière, c'est que ça doit être moi. Si tu restes bloqué dans une carapace, tu ne pourras jamais te souvenir de rien.

You Can't Call Me MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant