Une fois endormie, Gray ouvrit les yeux dans un rêve. Elle avait beau savoir qu'elle rêvait, elle avait l'impression d'être dans la réalité. Il est vrai que, lorsque l'on est endormi, nous pensons que nos rêves sont la réalité, alors que lorsque l'on se réveille, on sait très bien que ce n'était qu'un rêve. Alors que là, Gray dormait mais elle savait pourtant pertinemment qu'elle était dans un songe.
La jeune fille se trouvait sur une falaise, couchait sur l'herbe humidifiée par la rosée du matin. Au pied de la falaise, on pouvait observer une mer avec ses vagues qui se propulsaient sur la plage. Le ciel était gris, mais quelques rayons de soleil perçaient les nuages. Le vent était assez violent, comme Gray habitait en Floride, elle ne connaissait pas le froid et le ciel gris, ou peu, en tout cas. Gray se releva, elle huma la douce odeur du sel marin. Au loin, elle apercevait une chaîne de volcans.
Ce qui l'étonnait le plus était le réalisme de son rêve. Etait-elle la première à faire un rêve comme celui-ci ?
L'adolescente fixa la plage, qui semblait vide de toutes traces de vie. A part quelques algues, aucune empreinte de pas ou aucun humain ne s'y trouvait ; tout comme les falaises qui s'étendaient à perte de vue, elles étaient vides de toutes traces humaines.
L'adolescente chercha alors un endroit facile afin de descendre, elle trouva rapidement. Après être descendue, Gray poursuivit son chemin sur la plage. En marchant, elle ne découvrit rien de particulier. Le paysage était plutôt joli à ses yeux mais il était assez homogène, elle ne trouvait pour le moment rien d'autre que des falaises herbeuses et que l'océan bleu qui devait probablement être glacial.
Mais, en même temps, le paysage dégageait également quelque chose d'inquiétant, de sombre, malgré sa beauté qui rappelait certaines régions du Royaume-Uni.
Au bout d'une demi-heure de marche, la jeune Gray fit enfin une trouvaille : elle pouvait distinguer de petites maisons, faites de bois et d'un toit en chaume. Il s'agissait sans aucun doute d'un village. Une fois arrivée à la hauteur de la plus proche des maisons, elle entra dans le village, puis s'engagea dans une ruelle. Le village était silencieux, comme mort. Arrivée au bout de la ruelle, Gray croisa un homme qui tenait un cheval à la robe baie grâce à une longe. Elle faillit le percuter :
-Excusez-moi, monsieur.
Il lui sourit :
-Pas de problème, ma petite. Quels beaux yeux ! la complimenta l'homme.
L'homme était plutôt grand, avait une expression chaleureuse malgré ses yeux perçants, et ses cheveux châtains grisonnants laissaient apparaître des oreilles décollées.
-Je peux faire quelque chose pour toi ? proposa-t-il.
-Euh... Où est-ce que je suis, exactement ? demanda-t-elle.
L'homme sembla surpris, comme si la réponse évidente :
-Tu es à Phàlainanoun.
Gray contempla l'individu avec incompréhension :
-Comment ?
Il poursuivit :
-C'est bizarre, je ne t'ai jamais vu. Tous ceux qui habitent Phàlainanoun se connaissent. Et d'ailleurs tous les habitants de la Terre de Feu aussi.
Puis il se mit à froncer les sourcils :
-Tu ne seras pas un de ces idiots de la Terre de Glace ?
-Hein ? fit Gray, interloquée.
Gray le regarda comme s'il venait de lui dire la chose la plus improbable au monde. L'homme poussa un profond soupir :
-Ah, d'accord, je viens de comprendre que tu n'es apparemment pas d'ici. Si tu habitais à la Terre de Glace, tu connaitrais Phàlainanoun et même quasiment tous les habitants de la ville. Et au fait, ajouta-t-il, mon nom, c'est Decent. Et toi ?
-Je m'appelle Gray, lui répondit-elle.
Decent tendit sa main à Gray :
-Enchanté, Gray.
-Enchantée, Decent.
Decent la regarda d'un air intrigué :
-Dis-moi, Gray, si tu ne viens ni de la Terre de Glace, ni de la Terre de Feu, tu n'habites sans doute pas dans le Monde Merveilleux. Alors, tu habites où, exactement ?
Lorsqu'il remarqua la perplexité de la jeune fille, il s'empressa de préciser :
-Le Monde Merveilleux, c'est un endroit, un monde, qui rassemble deux continents : la Terre de Feu et la Terre de Glace. Les deux continents du Monde Merveilleux ont une capitale, qui porte le nom de Phàlainanoun pour la Terre de Feu et de Karkharìasnoun pour la Terre de Glace. La capitale est la ville la plus petite du continent, mais aussi la plus célèbre. En fait, Karkharìasnoun et Phàlainanoun sont les deux premières villes à avoir été construites, ce qui fait d'elles les capitales des deux continents. Et cela malgré leur petite taille, due au fait qu'avant, nous étions moins nombreux, les villes que les Hommes bâtissaient étaient par conséquent moins grandes. Pour préserver l'architecture ancienne, on rénove parfois les maisons mais on n'en rajoute jamais. Phàlainanoun et Karkharìasnoun sont donc célèbres dans tout le Monde Merveilleux pour leur patrimoine architectural exceptionnel.
-Euh... fit Gray, un peu étonnée. D'accord, ce fonctionnement semble logique, d'une certaine manière, même si je n'ai jamais entendu quelque chose comme ça. Chez, moi, c'est plutôt le contraire. En général, la ville la plus grande est la capitale du pays, ou en tout cas si la capitale n'est pas LA plus grande, elle fait partie des villes plus grandes. Quant à préserver l'architecture ancienne, c'est quelque chose qui se fait mais seulement pour les monuments les plus connus. Sinon, nous remplaçons petit à petit les maisons anciennes par des neuves. De plus, on rénove comme vous mais l'on construit également beaucoup de nouvelles maisons dans des endroits où il n'y en avaient pas avant. Notre monde est de plus en plus peuplé, nous devons donc bâtir pour subvenir aux besoins de la population.
-Ah bon ? Vous construisez de plus en plus ? Vous n'avez pas peur qu'il n'y ait plus de verdure alors, dit Decent d'un air surpris. Par contre, je ne comprends pas très bien comment on pourrait habiter ailleurs que dans le Monde Merveilleux. Je sais bien que j'ai dit que le Monde Merveilleux était un monde et non pas le monde et qu'ainsi, cela sous-entendait que je croyais à l'existence éventuelle d'un autre monde, mais il n'empêche que je n'ai jamais entendu parler d'ailleurs, alors si tu pouvais m'expliquer un peu...
En effet, cela devait sans doute paraître bizarre à Decent qu'il existe un autre monde que le sien.
-En fait, commença Gray, je me suis endormie dans mon monde, et je me suis réveillée ici. Je n'avais jamais fait de rêve aussi réaliste avant celui-ci !
Decent la fixa en fronçant les sourcils :
-Comment ça, tu as fait un rêve ? Ce monde existe vraiment ! s'indigna-t-il.
Gray s'emporta :
-Oh je n'en sais rien, je ne comprends pas ce qu'il m'arrive ! D'habitude quand je rêve, c'est pas comme ça ! J'ai l'impression d'être dans la réalité !
Decent la regarda sur un air d'incompréhension et fit une moue peu convaincue.
-Bon, bah, je dois y aller. A plus, alors.
Decent s'éloigna avec son cheval. Gray reprit calmement sa respiration. J'ai dû me ridiculiser, songea-t-elle.
***
L'adolescente se réveilla en sueur, dans son lit.
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La rêveuse de Mondes [En amélioration, En Pause]
FantasyDéprime, ennui et tristesse : voilà les trois mots qui rythment la vie de Gray depuis la mort de sa mère. Ayant chaque jour un peu plus l'impression de s'enfoncer dans l'infini qu'est le désespoir, un rêve étrangement réaliste lui redonne pourtant l...