Pérégrinations dublinoises

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A force, nous avions développé des habitudes. Certains endroits  étaient jonchés des souvenirs de ce que nous avions bien pu y faire, comme encrés dans le goudron, les bâtiments ou même la mousse des arbres. Ensemble nous avions réussi à bâtir un second 'chez-nous' dans lequel Charlie se sentait bien.
En allant du côté du Park, en longeant le fleuve, Romane avait couru pour rattraper Roumanie, son chat. Tomy connaissait bien le terrain... C'est là qu'il avait recueilli Taz, son hérisson alors qu'il venait de se faire taper par une voiture.
Le point de vue le plus élevé de la ville avait été notre point de chute pour une nuit. On y voyait rien, personne n'avait pensé (évidemment) à emporter des lampes de poches ou des bougies, il était impossible de savoir où nous mettions les pieds. La route avait laissé place à de la terre molle et élastique. Nous sentions nos chaussures rendre l'âme à chaque pas. Nous nous sommes endormi.

Au première lueur de l'aube, quelque chose avait changé. Romane et Tomy se tenaient l'un contre l'autre. Quant à Charlie, elle portait encore les cheveux très longs, si bien qu'ils étaient dans un sale état à son réveil. Quelques jours plus tard, elle avait décidé de les couper et arborait désormais une coupe droite, en bas de la nuque et d'un rouge sombre. Son changement d'apparence était assez évident. Mais je crois que je suis une des seules à avoir senti que son comportement avait lui aussi changé. Au fil des semaines, elle ne baissait plus les yeux lorsqu'on s'adressait à elle. C'est cette image d'elle qui nous est restée. L'ancienne Charlie avait disparu.
Mais la nouvelle aussi.

Le mystère CharlieWhere stories live. Discover now