Douleur. L'univers n'était que douleur.
Elle ne se souvenait plus où elle était, elle ne se souvenait plus qui elle était.
Elle n'était que douleur.
Elle garda ses yeux fermés. Pas parce qu'elle ne voulait pas savoir où elle se trouvait, mais plutôt parce qu'elle crut qu'il serait trop douloureux de les ouvrir. Elle sentait la dureté et la fraîcheur du sol sous sa joue. Elle se sentait engourdie, comme si le béton s'était soudainement transformé en mélasse.
Sa mémoire lui faisait défaut. Était-elle seule?
Une voix froide à glacer le sang, sans aucune intonation humaine, lui donna la réponse.
La voix d'Ibiki Morino.
— Quelles informations as-tu transmises au chef du Village des Verrous?
Il s'adressait à elle comme à un objet de curiosité, dépourvu de tout sentiment. Elle savait qu'il prendrait son temps, que sa torture serait un long périple. Il manipulait sa chair et son psyché comme s'il cherchait uniquement à tester les réponses physiologiques d'un étrange spécimen. Son but était de créer de la peur, la peur d'une souffrance encore plus grande. Elle n'aurait droit à aucun repos.
La douleur quitta temporairement son corps, puis revint en force. Son corps se révoltait contre l'intrusion contre-nature de l'acier, ses nerfs envoyaient des appels à l'aide sous forme de décharges électriques. Son kimono autrefois jaune s'imbibait du rouge de son propre sang.
Elle grinça des dents.
— Ta souffrance s'arrêtera la seconde où tu parleras. Cette douleur, c'est uniquement toi qui te l'imposes.
Ses sens commençaient à envoyer des rapports à son cerveau. Son corps était bleui, écorché, brisé. La douleur aiguë laissa place à une douleur sourde qui se répandit dans son corps à la manière d'un poison lent. Un cri lui échappa malgré elle, et les parois de la pièce sombre lui en rapportèrent son écho en un million de pâles imitations.
Mais elle ne criait pas de douleur. Elle criait de détermination. Sa souffrance n'était qu'une sensation illusoire que son esprit pouvait ignorer si nécessaire, comme lui avait appris son entraînement rigoureux.
Lentement, Hanare se fraya un chemin vers la surface.
La kunoichi ouvrit les yeux.
La première chose sur laquelle son regard se posa fut les taches de sang écarlates qui maculaient le sol de pierre.
« Ils ressemblent à des nuages. »
Lorsqu'un nouvel éclair de souffrance pris possession de ses nerfs, elle ne réagit pas. La douleur lui prouvait qu'elle était encore en vie, et tant qu'elle serait en vie, elle aurait quelque chose à protéger.
« Lorsque tu te sens seule, lève les yeux et regarde les nuages. Comme ils changent de forme, tu peux y imaginer tout ce que ton cœur désire. »
Kakashi... Pardonne-moi...
Son regard était lointain. Les larmes noyaient ses yeux et traçaient des sillons humides sur ses joues. Elle ne pleurait pas douleur. Elle pleurait de honte. Elle avait trahi les préceptes ninja et bafoué sa voie de shinobi. Elle essayait de ne pas y penser, mais c'était insoutenable. Livrée à elle-même, dans le silence de la chambre rouge, il n'y avait pas moyen d'y échapper.
Elle avait désobéi aux règles, dénié les ordres directs de son supérieur, trahi son village, fait passer ses intérêts personnels avant ceux de son peuple et laissé transparaître ses émotions dans le cadre d'une mission. Elle arrivait à tolérer sa torture, car elle savait qu'elle la méritait. Il s'agissait du prix à payer pour avoir dérobé au destin un peu plus de temps précieux aux côtés de Kakashi.
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✶ À la croisée des chemins ✶ (Kakashi X Hanare Fanfiction)
Fiksi PenggemarKakashi Hatake, alors membre de l'ANBU depuis quelques années, est confronté à une inattendue retrouvaille avec Hanare au cours d'une mission de recouvrement au Pays des Clés. Toujours réticent à s'attacher aux autres depuis la tragédie ayant décimé...