Partie 7 - Une décision déchirante

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À partir de ce jour, Kakashi développa le rituel quotidien de se poster à la fenêtre avec l'espoir d'apercevoir Hanare.

Le corps du ninja de Konoha allait de mieux en mieux, mais son esprit, lui, devenait de plus en plus confus sur ses désirs inavoués alors que les jours passaient. Il aurait voulu se trouver à des milliers de kilomètres de la jeune femme, mais pourtant son cœur ratait un battement à la simple idée d'effleurer sa peau. Il mourrait d'envie de lui parler et redoutait par-dessus tout qu'elle le fasse.

La patience de Kakashi porta ses fruits. Après quelques jours de surveillance opportuniste, il vit Hanare s'infiltrer dans la cour intérieure d'un pas assuré. S'infiltrer était le bon verbe, car sa manière de se mouvoir évoquait indéniablement celle d'une spécialiste dans l'art de l'espionnage. Une démarche fascinante, mais si fluide et en cohésion avec son environnement que sa présence était facile à oublier.

Cette fois-ci, elle avait revêtu son uniforme de ninja du Village des Verrous et elle avait troqué son allure espiègle pour un air déterminé. Sans réfléchir, Kakashi attrapa ses béquilles et son masque de porcelaine, s'assurant soigneusement de que son visage était dissimulé.

Il traversa l'hôpital tout en maudissant la lenteur de ses déplacements, et se cacha dans l'ombre de l'une des colonnes de pierre qui entouraient l'atrium pour observer l'entraînement de la kunoichi, incertain d'être prêt à manifester sa présence.

La jeune femme avait entrepris une série d'étirements. Kakashi apprécia son assiduité; voilà seulement six jours qu'elle était hospitalisée et elle était déjà déterminée à maintenir ses capacités physiques. Son regard acéré suivit les moindres mouvements de la kunoichi, les yeux brillants.

Il contempla sa silhouette élancée, ses muscles fins mais robustes, ses cheveux bruns soyeux noués dans son dos qui bondissaient contre ses épaules en suivant ses infimes déplacements. Elle exécutait la gestuelle de ses katas avec une grâce féline inégalable.

Son cœur se serra. Elle était belle. Beaucoup plus belle qu'il ne l'avait remarqué jusqu'alors. Son charme ne provenait pas uniquement de son apparence physique, mais surtout de l'énergie fraîche et sauvage qui rayonnait de son être. Elle irradiait l'assurance dans chacun de ses gestes, insufflait de la passion dans tout ce qu'elle entreprenait.

Force. Fluidité. Harmonie.

Rien n'indique que Kakashi aurait trouvé la volonté de se détourner d'un tel spectacle si son regard n'était pas tombé malencontreusement sur l'horrible cicatrice qu'arborait le flanc d'Hanare, visible pendant une poignée de secondes au cours d'un mouvement de grande amplitude.

Le ninja de Konoha se rembrunit.

Cette cicatrice lui rappela sa propre faiblesse. Pour protéger cette harmonie, il devrait travailler incessamment pour devenir plus fort, plus intelligent, plus impassible. La jeune femme avait cerné une faille dans son être et s'y était glissée insidieusement, mais s'il souhaitait progresser sur la voie des ninjas, il n'aurait pas le temps de s'encombrer d'amitiés futiles. Il avait été stupide de croire qu'elle aurait pu être différente de Gaï ou des autres.

« Ne jamais dépendre de personne et ne jamais laisser personne dépendre de moi. »

Il ne la laisserait pas s'approcher trop près.

Kakashi se détourna et disparu dans l'ombre de l'anonymat.

Hanare se fit arracher de la sérénité qui accompagnait toujours ses entraînements par le poids d'un lourd regard dans son dos. Elle interrompit son exercice pour scruter la cour ensoleillée, juste à temps pour voir une mèche argentée s'éclipser derrière un pilier comme un mirage évanescent. Un sourire se dessina sur son visage.

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— Je ne crois pas qu'il soit sage d'attendre mon rétablissement complet pour interroger la kunoichi du Village des Verrous.

Kakashi s'était adressé à Zō, son capitaine d'escouade, qui était installé confortablement dans un fauteuil près de son lit d'hôpital, les mains croisées contre son ventre. Il craignait de changer d'idée s'il revoyait Hanare, même s'il s'agissait d'un cadre professionnel. Il s'était convaincu qu'il en était mieux ainsi.

— Je l'ai croisé plus tôt dans la journée et elle m'a semblé assez en forme pour maintenir une discussion. Avec la menace de l'implication du Tsuchikage, je crois qu'obtenir des renseignements le plus tôt possible serait plus judicieux pour la sécurité de notre pays.

— Je m'en remet à ton jugement, Kakashi. Ton instinct est rarement trompeur.

N'étant pas du genre très bavard, les deux hommes se laissèrent sans gaspiller un mot de plus.

Le ninja à la chevelure argentée attendit que le staccato des pas de son capitaine s'estompe pour sortir de ses poches son livre noir contenant la liste des shinobi classifiés dangereux pour le monde ninja.

À cet instant précis, le fracas de verre explosant en mille éclats retentit à sa droite.

Hanare se tenait sur le seuil de la porte, une main refermée sur le vide où s'était trouvé, quelques secondes auparavant, un vase contenant de magnifiques orchidées blanches maintenant répandues sur le sol.

Dans un instant de panique contenue, Kakashi capta un éclat blanc du coin de l'œil et son regard dévia machinalement vers sa table de chevet.

Sur laquelle trônait son masque de porcelaine.

✶ À la croisée des chemins ✶ (Kakashi X Hanare Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant