✶ À la croisée des chemins ✶ (Kakashi X Hanare Fanfiction)

Partie 14 - Un rêve d'illusions

Des millions d'orchidées blanches tournoyaient paresseusement dans les airs, défiant toute loi de la gravité, créant une muraille opaque qui protégeait du monde extérieur le jeune couple qui se trouvait en son centre. Hanare et Kakashi se faisaient face, se tenant à une distance respectable l'un de l'autre, comme s'ils n'avaient pas osé s'approcher davantage par peur de briser l'illusion parfaite qui se dessinait devant leurs yeux.

— Où sommes-nous? s'enquit le ninja aux cheveux d'argent.

Le silence environnant agrémentait leurs voix d'un tintement rêveur.

— Dans mon genjutsu.

— Pourquoi m'as-tu amené ici?

— Pour te faire mes adieux.

— Et si je ne suis pas prêt à te faire mes adieux?

— Il n'y a pas d'autre option, Kakashi.

— Je comprends maintenant. Je comprends tes actes, même si je ne les approuve pas. Tu as tiré le meilleur parti de la situation complexe dans laquelle tu avais été placée malgré toi. L'amour est égoïste. Tu savais que notre amour serait éphémère, et tu as choisi de t'engager sur cette voie malgré tout. Le pire dans tout ça, c'est que je t'aime encore.

— C'est précisément mon amour pour toi qui nous sépare.

Kakashi n'en était pas au même stade de compréhension qu'Hanare. Il vivait encore dans son petit monde à lui, refusant de faire face à la réalité.

— Reste à mes côtés. Tu pourrais devenir espionne pour le compte de Konoha.

— Nous savons tous les deux qu'il s'agit d'un mensonge. Tu es plus intelligent que cela, Kakashi. Le Troisième Hokage ne pourra jamais m'accorder sa confiance. Tu as vu la puissance de mon dōjutsu, tu sais que je pourrais cacher une double allégeance à quiconque tente d'explorer mon esprit.

— Je pourrais leur assurer que tu es dans notre camp grâce à mon Sharingan, je...!

— Ce que ton Sharingan a vu était uniquement ce que je t'ai permis de voir! Aussi étrange que cela puisse paraître, j'éprouve encore de l'attachement pour mon village. Que se passera-t-il si ton Hokage me donne un jour un ordre qui m'obligerait à causer du tort à Jomae? Je ne peux servir un village autre que celui des Verrous. Or, je ne pourrai jamais me résoudre à nuire à Konoha non plus, car ce serait te causer du tort indirectement. Mon honneur de ninja est bafoué. La seule porte de sortie qu'il me reste, autre que la mort, est de déposer les armes et d'accepter mon rôle de désertrice. J'ai peut-être les qualités physiques d'un ninja, mais je n'ai jamais eu l'étoffe mentale d'un vrai shinobi.

— Je pourrais t'aider à te construire une nouvelle identité à l'insu de tous. Tes compétences physiques pourraient être utiles pour des fermiers en banlieue du village, je suis certains qu'ils en seraient reconnaissants...

— Je ne peux pas rester dans le Pays du Feu. Lorsque les rumeurs de mon arrestation parviendront aux oreilles du chef de Jomae, ils enverront des assassins pour m'éliminer afin d'éviter toute fuite d'information. Konoha est le premier endroit où ils viendront chercher.

— Je te protégerai.

— Tu ne seras pas toujours à mes côtés. Mon dernier souhait serait que tu passes ta vie dans la peur constante de voir un énième être cher périr sous tes yeux. Tu mérites mieux que l'amour d'une kunoichi déchue. Ta présence serait comme du sel sur mes plaies, un rappel constant de ma faiblesse et de mon égoïsme.

Ironiquement, elle noua ses cheveux qui voletaient dans le vent de son propre genjutsu et poursuivit d'un ton catégorique :

— À l'aide de mon jutsu, je supprimerai tous mes souvenirs. Si les assassins de mon village me retrouvent, je ne souhaite pas qu'ils mettent la main sur des informations qui pourraient nuire à Konoha.

— Je ferai le message au Grand Hokage. Voilà qui devrait te garantir un billet de sortie.

Un sentiment étrange envahissait lentement le corps de Kakashi; ce n'était ni la tristesse ni l'amertume. Il se sentait simplement désorienté, comme si tous ses repères s'étaient volatilisés en l'espace d'un instant.

— Où iras-tu?

— J'irai là où les nuages me mèneront.

Kakashi hocha la tête en triturant le tissu du fond de ses poches, mal à l'aise.

— Je ne suis pas très douée pour les aurevoirs.

— Il existe des moments qui sont au-delà des mots, Kakashi Hatake.

Hanare s'avança d'un pas vers lui, plaçant tendrement la paume de sa main contre la joue du ninja aux cheveux d'argent. Il lui rendit son étreinte en déposant affectueusement ses bras autour de la fine taille de la jeune femme. Leurs regards se rencontrèrent, suivis de peu par leurs lèvres. Ils échangèrent un dernier et bouleversant baiser au goût de sel, avant que le ninja ne sente la douce peau de la kunoichi se volatiliser sous ses doigts, métamorphosée en autant de pétales d'orchidées qui se joignirent au tourbillon floral qui l'enveloppait.

Kakashi attendrait uniquement d'être seul pour s'effondrer et pleurer.