Haniel, sa vie avant d'être idol, les relations qu'il avait et pourquoi il n'arrive pas à garder ses amis.
⭐⭐⭐⭐⭐
Sokcho, février (6 ans)
Accoudé à la fenêtre depuis près d'une heure, les yeux perdus dans le blanc du ciel, Tae-yong tressaille soudain : quelque chose est tombé devant la vitre, l'arrachant à ses rêves éveillés. L'enfant quitte le royaume des ratons-laveurs volants pour revenir au sol. Un flocon, puis un deuxième, le suivent et flottent dans l'air devant la vitre.
— Oh, il neige !Le petit garçon descend de sa chaise et trottine jusqu'à la porte de sa chambre ; ses chaussettes épaisses ne font aucun bruit sur le parquet, qu'il sent tiède à l'endroit où son gros orteil a percé le tissu. Il passe dans le couloir, traverse le salon, puis pousse la porte de la chambre de sa mère.
Elle aussi regarde par la fenêtre, comme tous les jours, comme tout le temps. Est-ce qu'elle voit quelque chose à travers les larmes qui semblent toujours trembler tel un éventail devant ses yeux ? C'est étrange, comme l'eau parvient à y rester sans couler ; Tae-yong se demande comment c'est possible.
Il fait un pas dans la pièce.
— Maman, il neige !
Madame Nae se tourne vers lui. Il n'a aucune idée de ce qu'elle repère sur son visage. Mais son nez se plisse et, sans répondre quoi que ce soit, elle éclate en sanglots.Est-ce qu'elle pleure à cause de la neige ? À cause de lui ? À cause du passé ou à cause du futur ? Est-ce que ça a de l'importance, puisque de toute façon, elle pleure, et que rien ne pourra la consoler ?
Tae-yong s'avance jusqu'à sa mère et tapote gentiment son bras. Il passe ensuite les deux mains sur ses joues afin d'essuyer quelques larmes. Il ne peut pas faire plus. Au début, inquiet, il essayait de toutes les éponger, mais il n'y parvenait pas car il y en avait tant, en continu, sans trêve ; il a vite compris qu'en ôter quelques-unes ne changerait rien.
Il lui sourit même s'il ne sait pas si elle le voit ; il se dit que c'est mieux, au cas où. Madame Nae ne réagit pas non plus ; ses yeux sont repartis à travers la fenêtre, au-delà des flocons qui se sont déjà faits plus nombreux dans le ciel blanc.
Il ne faut pas qu'il tarde trop s'il veut profiter du début de l'averse, sentir la neige devenir plus drue autour de lui comme l'année précédente. Cela fait presque douze mois qu'il attend le retour de ce moment.
Le petit garçon essuie ses paumes humides sur son short, puis quitte la chambre sans que sa mère ne dise un mot. Ça n'a pas d'importance pour elle, ce qu'il fait et où il est. Il se demande si ça changerait quelque chose s'il était mort. Il se demande si ça changerait quelque chose si elle l'était.
Tae-yong fait un crochet par la cuisine, approche un tabouret pour grimper sur le plan de travail. Il s'y met debout sans difficulté, ouvre une des portes et attrape gros pot dans lequel il pioche un maejakgwa, un biscuit au gingembre. La dernière fois que son grand-père et sa grand-mère du côté de son père sont venus leur rendre visite depuis Muan, ils en avaient apporté des tonnes, et la réserve n'est pas encore épuisée.
D'un bond léger, la friandise entre les dents, Tae-yong regagne le sol sans refermer la porte de l'armoire. Il reviendra de toute façon chercher un deuxième biscuit en rentrant.
Tout en mâchonnant la délicieuse pâte qui se désagrège sur sa langue, l'enfant se rend dans le vestibule. Il chausse ses bottines, enfile son manteau.
— Je vais jouer dans la neige, Maman !
Seuls les reniflements lui répondent. Il se hausse sur la pointe des pieds pour ouvrir la porte d'entrée, qu'il claque derrière lui. Le code de la porte est facile à retenir — 98765 — et, à présent, sur le bout des orteils, en tendant bras et doigts, il peut rentrer à sa guise sans devoir attendre le retour de son père comme c'était le cas auparavant.Devant l'immeuble, l'air est vif. Tout de suite, les flocons glissent sur sa peau chaude, s'accrochent à ses mèches, se prennent dans ses cils. Tae-yong bascule la tête en arrière, les yeux et la bouche grands ouverts. Il se demande quel effet ça fait. Il ne tarde pas à avoir sa réponse : la neige est froide contre le palais, mouillée sur ses iris. Il cligne des paupières.
Il se met ensuite en marche, savourant la neige qui assourdit tout autour de lui. Il est encore tôt ; tous les gens qui ne sont pas partis en vacances sont au travail, et seules quelques vieilles dames se hâtent avec leurs sacs de courses pour rentrer chez elles. Elles froncent les sourcils sur son passage, mais il leur sourit. Il est content : il adore la neige et est fasciné par la façon dont le monde se transforme sous le manteau blanc.
Tae-yong penche à nouveau la tête en arrière, langue tendue, pour gober quelques nouveaux flocons qui fondront avant de se mélanger à sa salive. Est-ce que s'il avale beaucoup de neige, son pipi et son caca seront différents ? blancs ? Au-dessus de lui, il repère un oiseau, à peine plus sombre que le ciel. C'est un gros volatile du large, peut-être surpris par l'averse — un puffin, il le reconnaît.
Il a envie d'aller jusqu'au bord de mer pour voir comment les flocons sont happés par les vagues. Il se met en route tranquillement, les mains dans les poches de son short, car il n'a pas emporté de gants.
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I-dolls 3rd Star⭐ Edition - Textes bonus Voie Lactée
RomanceRecueil de textes bonus sur le jeu I-dolls 3rd Star⭐ écrits pour certaines de nos joueuses. Tout est ©️Shukimo Studio.