Emergency texts - Pour Ivy

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Sokcho

Dans le petit lit, Tae-hee s'agite et commencer à pleurer. Aussitôt, Tae-yong, qui était occupé à colorier des oiseaux découpés dans des feuilles de carton coloré, bondit sur ses pieds.
— Qu'est-ce qui se passe, Bulbul ?
Il appelle souvent sa petite sœur du nom de cet oiseau de la région parce qu'il trouve qu'elle y ressemble. Comme le bulbul à oreillons bruns, elle a des joues rondes et des cheveux tout ébouriffés sur le crâne — la regarder le fait rire, surtout quand elle se réveille après avoir dormi, comme maintenant.

Il a mis des bulbuls dans les volatiles qu'il confectionne pour les attacher avec une ficelle au-dessus du lit de Tae-hee : il y a aussi des fuligules milouin, des foulques macroules, des tourterelles orientales, des pies, des mouettes et bien sûr, des puffins, ses préférés. Il n'a plus guère le temps de sortir pour les observer, maintenant : sa petite sœur lui prend tout son temps quand il n'est pas à l'école. Mais même s'il oublie beaucoup de choses, les caractéristiques les plus infimes des oiseaux, il les garde parfaitement en tête.

En plus, le soir, après le retour de son père, il s'éclipse encore — il ne croise alors que les espèces qui évoluent la nuit. Le dimanche, il passe parfois une ou deux heures dehors, mais Tae-hee semble inconsolable si ce n'est pas lui qui lui donne le bain ou à manger, alors il ne peut y aller que pendant les siestes de la fillette.

Ce n'est pas grave : il adore sa sœur, adore s'occuper d'elle, adore la voir l'écouter quand il lui raconte tout et n'importe quoi comme si elle était fascinée, adore la voir sourire non-stop ou l'entendre rire aux éclats. Ça le change : avant elle, en l'absence de son père, seul le silence répondait à ses histoires — ou les reniflements de sa mère, ou ses « tais-toi » las et terriblement tristes. Il ne pouvait rien faire pour la soulager, ni être là, ni être absent. Depuis l'arrivée de Tae-hee, il y a au moins des chagrins qu'il peut effacer.

Contre lui, le bébé d'un an se calme d'ailleurs aussitôt ; les petits doigts potelés s'accrochent à son t-shirt alors qu'il lui dépose un bisou sur sa joue ronde.
— Oh, tu pues. Tu as dû faire un gros caca de luciole. J'ai faim. Après, je ferai à dîner !

Tae-yong quitte la chambre de sa sœur et dépose cette dernière dans la baignoire. Il n'est pas assez grand pour pouvoir la changer sur la table à langer, et c'est plus simple de le faire directement dans le bain pour rincer les saletés. Heureusement qu'il y a une baignoire chez eux, pas comme chez ses grands-parents.

En chantonnant une chanson de son cru qui parle de limaces sur la glace, il virevolte pour rassembler les ustensiles nécessaires. Tae-hee le suit des yeux quand il passe dans son champ de vision au-dessus du rebord et babille comme pour l'accompagner ; il trouve que ses syllabes ressemblent au son du hojok qu'il a entendu à l'école.

Il laisse tomber ses propres vêtements sur le sol carrelé de la salle de bain avant de grimper, nu, dans la baignoire. Il y déshabille la petite fille en lui parlant toujours, jette les habits sur le côté. Il roule le lange et l'envoie suivre le même chemin ; la couche pleine rebondit contre le WC.

Tae-yong attrape ensuite le pommeau de douche, fait jaillir l'eau.
— Tiens, c'est glacé.
Il dévie le jet froid de la jambe de Tae-hee pour le diriger vers la sienne le temps que l'eau chauffe ; sa peau lui donne l'impression d'être transpercée par de petites aiguilles, et il trouve ça très amusant.

Quand, après de longues minutes, l'eau devient tiède, Tae-yong oriente le jet vers les fesses de sa petite sœur, qu'il frotte en même temps avec une éponge et beaucoup de douceur.
— J'ai appris des choses à l'école aujourd'hui. Les calculs étaient très faciles ! Au déjeuner, j'ai mangé de la purée de patates douces. Je me demande quand les années bissextiles ont commencé.

L'eau marron coule autour de ses orteils ; il en profitera pour se savonner aussi. Il se demande s'il pourrait fabriquer des savons aux odeurs plus uniques, si c'est un peu comme faire la cuisine. 

Il chatouille le flanc de Tae-hee ; la toute petite fille rit aux éclats, si fort que ses yeux se ferment sous l'intensité de sa joie. Tae-yong rit aussi avant de s'interroger sur le prochain jour de pleine lune. 

I-dolls 3rd Star⭐ Edition - Textes bonus Voie LactéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant