Chapitre 3 : Ma famille...

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Jimin

Toc, toc, toc...

   — Mais putain ouvrez-moi !
Ça fait deux minutes que je frappe à la porte de chez moi, mais croire qu'on va m'ouvrir de si tôt, c'est mal connaître ma foutue famille.
   — Mot de passe ! fait une voix étouffée à travers la porte.
   — Je te l'ai déjà dit : c'est courgette, je réponds pour la énième fois.
   — Mot de passe incorrect, désolé revenez une autre fois Môsieur !
   — Minho, si tu ne m'ouvres pas tout de suite la porte, je te jure que je ne te laisserai plus jamais jouer à ma console.
   — Euh... mot de passe correct.
Minho, mon petit frère de cinq ans le plus insupportable au monde ouvre enfin la porte de la maison.
   — Crétin ! Je vais t'encastrer !! crié-je en le poursuivant dans le couloir qui mène au salon.
   — Maman ! À l'aide ! hurle Minho en piquant un sprint pour courir s'enfermer dans les bras protecteurs de ma mère.
   — Laisse ton petit frère tranquille, Jimin, m'ordonne ma mère gentiment. Et toi Minho arrête de faire le bébé !
   — Maiiis ! Je ne suis pas un bébé ! râle-t-il en boudant.
Je souris à sa réplique enfantine, même si j'ai envie de le baffer.
Je vais dans le couloir pour monter dans ma chambre, mais un autre frère arrive en même temps et me barre le passage.
   — Aah, Jimin ! Tu es déjà revenu ?
C'est Ryu, mon frère de seize ans, celui avec qui je m'entends le mieux.
   — On pensait que tu ne reviendrais que demain étant donné ce que tu viens de subir, dit-il.
   — Oui, d'ailleurs comment tu fais pour marcher aussi facilement ? rajoute Chan, le frère jumeau de Ryu qui nous rejoint au pied des escaliers.
Ils sont tous les deux mes frères les plus proches autant en âge qu'en amour fraternel. Et ce sont tous les deux des beaux gosses à croquer. Comme moi, en fait...
Ils sont en première alors que moi, je suis en terminale.
   — Quoi ? Mais de quoi est-ce que vous parlez ? Subir quoi ?
   — Ben tu vois quoi..., dit Chan, un sourire complice au coin des lèvres.
   — Euh, non. Je ne vois pas.
   — Ça c'est la phase de déni, chuchote Chan aux oreilles de Ryu comme si je ne pouvais l'entendre.
Ils se marrent tous les deux avant que Chan ne s'exclame , enthousiasmé :
   — Ta nuit avec Jungkook, enfin ! Alors comment c'était ? Tu attendais ça depuis tellement longtemps, depuis l'temps que tu nous en parle !
   — Ben ouais carrément, allez vas-y raconte ! On veut tout savoir ! renchérit Ryu.
   — Chaque détail est croustillant ! hurle une voix dans mon oreille.
Je sursaute tellement fort que tous mes frères explosent de rire, hilares.
   — Aaah ! Putain, t'es vraiment con Sehun ! je hurle.
Eh oui, un énième frère !
En fait, j'ai treize frères et sœurs : huit garçons avec moi inclu, dont trois petits et cinq grands, dans un intervalle de deux à dix-sept ans, et cinq sœurs, dont une petite et quatre autres plus grandes et âgées entre quatre et dix-huit ans.
Je ne sais pas ce qui est passé par la tête de mes parents pour faire autant d'enfants, mais c'est pas l'ambiance qui manque.
Au contraire, je les adore tous et c'est constamment l'éclate avec eux !
Notre maison est un internat miniature puisqu'on est quinze à y vivre en comptant les parents. C'est un peu le bordel, y'a des jouets de partout, des gosses dans la douche comme s'ils étaient à la piscine, ma mère cuisine en abondance, mon père fume en discutant avec un de ses collègues qu'il a invité, et puis la cerise sur le gâteau : comme c'est bientôt Noël, il y'a des tonnes de paquets de décorations de Noël à travers toute la maisonnée. Des guirlandes pendent au plafond, des boules pailletées de toutes les couleurs jonchent les escaliers en colimaçon, des minis sapins verts parsèment le sol de la grande pièce du salon et la cuisine style américain... Bref, la maison est sens dessus dessous et c'est ainsi tous les soirs quand je rentre du lycée. Mais elle dégage une ambiance chaleureuse et familiale. Ce bordel - certes - contribue à conférer au pavillon, une ambiance de fête de fin d'année, de chocolat chaud, de neige étincelante se déposant délicatement sur tous les toits des maisons...
C'est une de mes périodes préférées de l'année. Tout semble plus beau sous le voile blanc de la neige crémeuse et si pure.
Tout semble féerique...
Je m'y perds...
Mais je me perds.
Je suis censé crier sur Sehun, l'imbécile qui m'a crevé un tympan et brûlé mes neurones... Et remettre les pendules à l'heure !
   — Bon. Je vais mettre les choses au clair, dis-je en gardant mon calme et en inspirant profondément. Je n'ai pas couché avec Jungkook si c'est ce que vous pensez.
   — Même pas un petit peu ?
   — Non, non, non et non, nié-je, on n'a rien fait, il ne me connaissait même pas avant ce soir. Mais j'y pense... comment savez-vous que j'étais avec lui ?
   — Regarde, dit Chan en me montrant l'écran de son portable.
Sur la photo qu'il me montre, on peut me voir en train de sortir de l'immense villa où s'est déroulée la fête bien arrosée d'hier soir. Sur le cliché, je semble être dans un autre monde, mes joues sont roses et mes yeux presque fermés.
Mais le détail qui a sûrement fini de convaincre mes superstitieux de frères sur le fait que j'aurais apparemment couché avec mon crush, c'est parce qu'il me tient la main. Oh, juste mon index, mais ça suffit à leur imagination débordante, de tirer des conclusions hâtives. Et fausses.
   — Je comprends, mais ce n'est pas du tout ce que vous croyez. Je me suis fait accosté par un connard de mon lycée, leur avoué-je sans décrire les circonstances dans lesquelles j'étais quand Taemin m'a séquestré. Mais heureusement pour moi, continué-je, Jungkook passait par là et m'a aidé à m'en sortir sans même savoir qui je suis.
   — Ouuh ! Mais c'est un gentleman ton crush ! Il t'a sauvé des griffes du grand méchant loup..., se moque gentiment Ryu en me massant la nuque.
   — Ahah c'est un peu ça, oui...
   — MinMin ? appelle une petite voix.
Je baisse la tête et tombe sur un tout petit bout de chou qui sait à peine tenir debout : Near. Sa coupe au champignon et ses grands yeux brillants le rendent si adorable que j'ai envie de le manger tout cru.
   — Oui qu'est-ce qu'il y'a mon p'tit cœur ? je lui souris en me baissant pour être à son niveau.
   — Et ben, j'ai appris une blague, et je veux bien te la faire.
   — Je t'écoute Namour.
   — J'ai trois poussins, mais j'en veux que deux. Comment je fais ? Ben j'en pousse un.
Et il éclate de rire. 
   — Haha, petit coquin ! Tu viens à peine d'apprendre à parler que tu fais déjà des blagues ?! Ouh, mon petit amour, viens par ici !
Je le prends dans mes bras et le serre en collant mon nez au sien, tout petit. Je l'aime tellement...
Mes frères me regardent et je les vois sourire malicieusement.
    — Qu'est-ce que vous avez encore à sourire comme ça ?
    — Bah on se disait que ça t'irait bien d'avoir un petit bébé avec Jungkook..., dit Sehun.
Et là, je n'ose plus dire un mot.
Mon visage cramoisi répond à ma place. J'ai peut-être un caractère bien trempé, mais quand il s'agit de mon crush, je perds tous mes moyens. Surtout quand on parle de sexe...
Je dépose Near au sol et monte enfin dans ma chambre.
Étant l'aîné des garçons, j'ai le droit à une chambre seul. Il faut dire qu'avec une famille aussi nombreuse que la mienne, notre maison est assez grande pour abriter vingt-six éléphants...
Je m'écroule sur mon lit en baillant bruyamment et m'étire de tout mon long. Je soupire. Cette journée de cours a été épuisante. Je suis pressé de dormir...
Je me relève et vais dans la douche. J'ouvre le robinet, laissant l'eau se réchauffer. 
Tout en me déshabillant, j'imagine que c'est Jungkook qui m'arrache mon teeshirt. Une fois nu, j'imagine la main de Jungkook glisser tout au long de mon torse, laissant des traces brûlantes sur son passage... Sa main continue sa descente vers mon sexe, et après quelques secondes de suspense, il l'attrape à pleines mains.
J'aime sentir la buée que crée la vapeur d'eau chaude. Ma peau devient moite, collée au corps de Jungkook. Qui est en fait la porte.
Je croise mon regard dans le miroir, et je prends alors pleinement conscience de mon acte délibéré et honteux.
Merde, mais qu'est-ce que je fous, bordel de merde ? La honte !
Heureusement, je n'ai pas atteint le point d'extase.
Je saute dans la douche et enfonce ma tête dans l'eau brûlante, mes bras serrant ma taille, j'essaie d'apaiser ma tension.

Après ma douche, je traîne devant le miroir pour me coiffer.
Ma porte s'ouvre quelques instants plus tard et une flopée de gosses entre dans ma chambre dans un tourbillon de cris et de rires.
J'en peux plus de tous ces gosses !
Soudain je sens qu'on tire le pan de ma chemise de nuit. Je baisse la tête et une petite tête me sourit. Quatre dents en moins... C'est Kyu. Cheveux blonds, lunettes rondes, petit intello.
   — MinMin, maman m'a demandé de venir te chercher parce que le repas est prêt. Et moi j'aimerais trop super beaucoup que tu viennes avec moi pour manger. J'arrive jamais à manger les nouilles tout seul, c'est trop long...
   — D'accord KyuKyu, j'arrive. Mais d'abord tu vas dire ça aux autres...
Je me baisse à sa hauteur, lui chuchote quelque chose à l'oreille et il se met à rigoler.
Kyu court vers les autres enfants qui sont justement en train de se bagarrer pour essayer une de mes cravates d'uniforme et leur dit qu'il a un secret à leur annoncer.
Quatre pairs d'yeux se tournent vers lui en apprenant qu'un secret va être partagé. Pour les enfants, un secret est comme un lingot d'or pour un adulte.
   — Écoutez-moi bien... MinMin a dit que vous devez vite sortir de sa chambre, sinon un fantôme tout noir va vous manger tout cru et vous ne pourrez plus jamais manger de bonbons de votre vie...
Les gosses hurlent en s'enfuyant de la chambre en coup de vent suivis de Kyu.
   — Ah, enfin seul... je soupire en sortant mon tel du dessous de mon oreiller. J'ai reçu une notification d'un réseau social.
D'un coup, mon corps produit un son douteux.
Euh... ce-c'est pas moi, c'est mon bide... 'Tain j'ai faim !
Je me précipite en dehors de ma chambre et déboule dans la cuisine où toute ma famille est déjà réunie autour d'un bon plat de nouilles au bœuf. Ouah, je bave déjà !
   — MinMin ! Viens m'aider à couper mes nouilles ! appelle mon petit frère en me faisant signe. Je t'ai gardé une place à côté de moi !
Je lui souris et m'assois à ses côtés.
Le repas du soir se déroule tranquillement, empli de cris comme d'habitude et c'est encore le bordel total : y'en a un qui a renversé son assiette sur son pyjama, deux autres gosses font une bataille de boulettes de bœuf... et ma mère crie sur tout le monde.
D'ailleurs en ce moment, elle ne fait que crier alors que je ne l'ai jamais entendu crier de ma vie.
Je crois que c'est à cause de moi ; depuis que je lui ai dit être gay, elle a complètement arrêté de me parler, sous le choc. Je crois que je lui ai mis les nerfs à vif, elle n'a jamais eu affaire à cette situation. Elle a juste perdu un peu les pédales, je sais qu'elle va se stabiliser. Maintenant elle commence à me parler à nouveau, juste quand c'est nécessaire.
C'est normal... Il lui faut du temps pour s'en remettre et m'accepter.

Quant à mon père, c'est une triste histoire... Lorsqu'il a apprit pour ma déviance, il m'a froidement foutu une baffe sans dire un mot. Depuis il me maltraite moralement. Il me considère comme un moins que rien, et ne voit en moi qu'un monstre qui n'aurait jamais dû vivre.
Ma mère a vu maintes fois l'hostilité que mon père me réserve, cependant elle ne peut l'atténuer. La colère de mon père est telle qu'il n'attend plus rien de moi.

Je sors de mes pensées qu'une fois le repas terminé. Je remonte dans ma chambre et me mets à bosser direct sur ma dissertation d'éco.
Au bout d'une heure j'ai déjà fini l'introduction et la première partie, mais lorsque je m'apprête à en finir aussi avec la deuxième, une demi-heure plus tard, je me souviens d'une notification d'Instagram sur mon portable.
Je l'attrape de la poche arrière de mon jogging et le déverrouille. C'est Jungkook qui m'a envoyé une demande d'ami. Tiens c'est marrant, je ne pensais pas qu'il s'intéresserait à moi...
J'accepte sa demande puis je vais jeter un œil sur son profil. À la seconde où je vois ses publications, mon cœur rate un battement.

Putain...

Vous l'aimez l'histoire ?
J'aimerais bien savoir quand même !

Je te veux... (En correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant