Chapitre 5 : Le pensionnat de la mort

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           ~ Point de vue de Jimin

Namjoon se lève immédiatement après un temps de bug - c'est Jimin ou c'est pas Jimin ? - puis contourne le bureau pour enfin, fondre dans mes bras. Je lui rends son étreinte chaleureuse, très heureux de le retrouver moi aussi.

— Putain, Jimin... Tu m'as tellement manqué ! souffle Nam dans mon cou. Il desserre l'étreinte et recule mes épaules pour me regarder dans les yeux. J'ai beaucoup pensé à toi ces derniers temps, tu sais ?

— C'est vrai ?! je m'exclame avec surprise.

— Oui, je me disais que ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de nouvelles de toi... Depuis que tu t'es enfui du pensionnat, en fait...

— Oh. Je... je suis désolé. Tu sais bien que je souffrais là-bas et tu savais ce qui s'y tramait... T-tu t'en souviens, n'est-ce pas ?

— Comment oublier ? rétorque-t-il.

— Et... où habites-tu aujourd'hui ?

— Oh, pas très loin d'ici, à quelques pâtés de maison...

— Ce qui veut dire... dans les quartiers riches ? m'étonné-je.

— Exact. Ça paie d'être le tatoueur le plus réputé de Corée, tout le monde veut venir se faire tatouer chez moi ! J'ai même reçu un couple argentin une fois et ils voulaient que je leur tatoue mon nom sur leurs fesses-

— Euh, c'est bon, j'ai pas besoin de plus de détails ! je ris.

Nous rions, puis Namjoon redevient sérieux, et demande :

— Pourquoi ne pas être venu plus tôt ?

— J'avais peur...

Je n'ai pas besoin d'en dire plus, il comprend : j'avais peur de le revoir après tout ce temps depuis la dernière fois qu'on s'est vu...
Ça me rappelle tant de souvenirs si désagréables, que j'aurais tant voulu effacer de ma mémoire.
C'était le soir de mon évasion : j'avais prévu de m'enfuir par un tunnel souterrain que j'avais découvert lors d'une escapade en pleine nuit. J'avais rejoins une fille avec laquelle je passais du temps à m'amuser, sexuellement parlant, mais je ne ressentais strictement rien pour elle. Elle non plus d'ailleurs.

On s'ennuyait, on souffrait.

Elle était femme, j'étais homme ; deux sexes opposés.

Pourquoi ne pas tenter ? Passer le temps ? Trouver une échappatoire à cet enfer quotidien ?

Alors c'est ce qu'on a fait, on s'est amusé, on s'est fait l'amour en se retrouvant chaque nuit dans le sous-sol du pensionnat. Mais une nuit, une catastrophe est arrivée ; j'ai cogné par inadvertance la jarre où étaient stockés les dons de sang de chaque membres de l'internat.

Dons de sang ai-je dit ?

Oh, non... je n'appellerais pas ça des dons, mais plutôt du vol de sang...
Chaque matin, une infirmière venait me piquer moi, ainsi que tous les autres et versait ce sang dans la fameuse jarre.
Je ne savais pas encore à quoi il servait.
Et c'est donc en percutant cette fameuse jarre de plein fouet au tournant du couloir, qu'elle tomba et se fracassa dans un terrible boucan assourdissant. Le sang s'était écoulé et avait inondé tout le premier étage dans son entièreté. Chaque enfant enfermé dans sa chambre s'était réveillé en sursaut. Une cacophonie pas possible s'était déclenchée ; les bonnes sœurs couraient dans tous les sens pour tenter de rétablir le calme et d'éclaircir la situation. Mais ça, moi ça ne me convenait pas, bien sûr. Alors j'ai pris la main de ma partenaire de nuit et nous avons couru, les pieds ensanglantés, jusqu'au sous-sol où nous devions aller. Mais cette fois-ci, on ne se contenta pas de rester en haut des escaliers : on a dévalé toutes les marches et c'est là qu'on a découvert à quoi servait le fameux sang qu'on nous obligeait à verser.
Des trentaines de congélateurs transparents étaient alignés contre une façade du mur, dedans, notre sang stocké dans des poches d'hôpitaux.
Sur chaque congélateur, une feuille de papier.
Dessus, des noms de villes.
Toutes appartenant à un même pays : la Russie.
Mais deux mots revenaient sans cesse sous chaque nom de ville : mafia russe.
Et c'est là que le tilt caractéristique de la petite ampoule au-dessus de ma tête, est apparu.

Je te veux... (En correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant