Chapitre 10 : Mon grand-père défunt

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            ~ Point de vue de Jimin

Lorsque je sors de l'immeuble orange de Jungkook aux multitudes balcons qui donnent sur le toit, un coucher de soleil orangé m'enveloppe de sa douceur visuelle, et je reste deux bonnes minutes planté devant l'immeuble atypique pour le contempler. Ma bouche est ouverte, mes yeux perdus dans cet horizon sombrant ; j'ai l'air d'un con transi d'amour pour cette nature si belle et attirante qui envahit mes pensées pour les mener à une euphorie intense se reflétant à l'état d'esprit de mon cœur après cette journée merveilleuse passée auprès de celui qui est la cause de mes rebondissements sentimentales incessants et si...
Ah quelle nostalgie ! Quelle--

— Excusez-moi, pardon.

Je sursaute violemment, tiré contre mon gré de mes pensées virevoltantes et beaucoup trop... poétiques à mon goût. Mais c'est plus fort que moi, j'aimerais bien vous y voir, vous, devant un soleil splendide qui part faire dodo...
Je suis resté pommé devant la porte, et un homme tente de passer à travers les trois centimètres et demi qui le sépare de la liberté. Et si j'avais envie de rester ici, à coincer la porte juste pour le faire chier ? Il m'a cassé dans mon élan poétique et si rare, il le mérite ! Seulement, je ne sais par quel hasard mon regard dérive sur le tableau d'information lumineux de l'autre côté de la chaussée. Et mes pupilles cognent automatiquement contre l'heure affichée dessus. Il est plus de 20h15, nous sommes le 28 octobre... Rien d'anormal, quoi...
Et là mon cerveau crépite jusqu'à ce que la raison s'en mêle et fasse cramer mes synapses neuronaux.

— Vingt heures ??!!! Oh putain de merde d'enculé sa mère !!! Je vais être en retard !!

J'en oublie mon plan de rester devant la porte de l'immeuble pour faire chier ce pauvre homme innocent qui tente vainement de sortir en toquant gentiment sur le double-vitrage de la porte, pensant peut-être que je ne l'avais pas entendu.
Commence alors une course contre-la-montre acharnée qui m'arrache des expirations erratiques qui assèchent ma gorge et brûlent mes poumons au fur et à mesure que j'approche de chez moi en sprintant. En presque dix-huit ans, pas une fois j'ai été en retard à ce dîner ultra-important ! Il s'agit d'un dîner organisé chaque année en l'honneur de la mémoire de mon grand-père décédé il y'a cinq ans. Il est mort à plus de cent ans ! C'était impressionnant à voir : il avait de très grandes oreilles - ses lobes auraient pu porter huit boucles d'oreilles, que j'aurais trouvé ça normal - son nez était si gros, qu'il nous arrivait souvent à moi et mes frères et sœurs de le taquiner en le comparant aux énormes champignons qui faisaient office de maisons pour les schtroumpfs. Il était en parfaite santé et ne se bourrait pas la gueule de médicaments chimiques, et, contrairement à ce que la médecine affirme, mauvais pour la santé et mortels. Il est mort par vieillesse, dans son sommeil. C'est la meilleure mort possible, d'après moi. Je l'aimais beaucoup, comment ai-je pu oublier ce jour ? J'ai présentement très honte de moi...
Lorsque je traverse la porte du séjour, tremblant de chaud et essoufflé comme jamais, le regard noir que mes parents me jettent ne fait que comprimer mon cœur plus encore. Mes épaules se voûtent, écrasées par la culpabilité.

Pardon grand-père !

Je fais un crochet par ma chambre pour déposer la doudoune luxueuse de Jungkook délicatement sur mon lit et me débarbouille rapidement le visage avant de descendre à table.

— Jimin, où étais-tu ? demandent simultanément Chan et Ryu, les jumeaux, avec de grands yeux curieux.

— Ouais, on peut savoir où t'étais ? renchérit Sehun, mon frère de quinze ans.

— Nu... nulle part, pourquoi vous dites ça ?

Les jumeaux et Sehun se regardent et je les entends déblatérer entre eux.

Je te veux... (En correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant