Chapitre 14 : Renouveau

175 14 4
                                    

~ Point de vue de Jimin

C'est le matin.
Avec lui, arrive une petite angoisse qui s'éparpille un peu partout dans mes membres, ce qui me rend extrêmement maladroit. Je n'ai même pas posé un pied au sol que je tombe du lit, la poussière dans la bouche m'accueillant chaleureusement. Je me relève, piqué au vif, et vais en vitesse dans la salle de bains. Évidemment, le tube de dentifrice m'échappe et tombe sur mon pantalon de pyjama tout propre.
Je suis de plus en plus énervé, putain ! Qu'est-ce que je lui ai fait à ce dentifrice ?!

Une fois ma maladresse maîtrisée, mes dents brossées, mon visage rafraîchi et mes cheveux roses coiffés, je vais m'habiller et je descends dans la cuisine. Je suis habillé différemment aujourd'hui, je porte toujours mon uniforme habituel - pantalon noir, chemise blanche et bretelles noires - mais j'ai ajouté une petite touche personnelle. J'ai un nouveau délire : les ras-du-cou et les chaînes. En effet, je porte un collier ras-du-cou en velours noir et deux fines et discrètes petites chaînes argentées sont accrochées sur le côté de mon pantalon slim. Je n'aurais jamais osé porter ce genre d'accessoires avant, mais depuis ces derniers temps, je commence de plus en plus à vivre librement et selon mes goûts.
Et non plus sous le regard des gens.
Ce même regard qui m'a tant scruté et jugé, je le pourfends et l'abats pour le faire basculer dans les tréfonds de l'oubli.
Aujourd'hui est mon premier jour en tant que garçon gay qui s'assume entièrement et profondément.
Je ne vais plus me cacher.
Ma peur constante d'être rejeté s'est définitivement volatilisée.
Je me sens archi-confiant et enfin moi-même.

— Bonjour p'tit frère !

Je me retourne vers Chan qui vient d'entrer dans la cuisine, et par la même occasion, de me faire émerger de mes pensées, pour une fois, positives.

— Hey ! Ça va ? Mais tu t'es trompé de surnom, je suis ton Grand Frère, Chan.

— Ah bon ? Désolé, mais on n'dirait pas.

Je lui réponds par un geste malpoli du majeur pour seule défense. Il rit et me fait une accolade avant d'ouvrir le frigo. Pour ma part, je l'ignore et fais griller deux pains de mie. Quand ils sont prêts, je les accompagne de deux tranches de fromage et les déguste avec appétit.
Bientôt, KyuKyu, Near, Minho et Jayne - ma petite sœur adorée de quatre ans qui touche à toutes mes affaires soit dit en passant - nous rejoignent dans la cuisine, tous les trois habillés de leur uniforme bleu marine et blanc qui leur donne un air de minuscules hommes d'affaires.
Ils sont juste adorables.
KyuKyu porte une cravate rayée verte et bleue comme Minho, et Jayne, une petite jupe dans les mêmes tons accompagnée d'une minuscule petite chemise blanche et de chaussettes hautes également vertes et bleu foncé. Ils sont tous les trois inscrits dans la même école que moi mais ils vont à la maternelle bien sûr, un bâtiment annexe à mon lycée et au collège. Near, quant à lui, est trop jeune pour aller à l'école, alors il va à la crèche juste à côté de la maison.
Ils s'assoient à table et me piquent mes pains grillés. Je leur gueule dessus et m'en fais un autre. Chan est mort de rire - toujours, lorsqu'il voit à quel point je ne me fais pas respecter en tant que garçon adulte de la maison. Mon ego est écrasé...
Mais je n'ai plus le temps de m'attarder sur ces futiles détails de ma vie quotidienne ; je dois me rendre au lycée et écraser tout le monde par mon aura qui a tellement pris la confiance depuis mon Déclic et mon fameux discours !
Après que mes quatre petits frères et sœurs, qui mangent aussi gracieusement que des porcs, m'aient collé des bisous tout mouillés sur ma pauvre joue, je peux enfin quitter la maison en paix, le cartable sur le dos et les mains dans les poches.
J'arrive finalement à l'école, après vingt minutes de marche dans l'air glacé matinal mais si vivifiant.
Dès que j'apparais devant les deux portes coupe-feu qui mènent au couloir des casiers, je respire un bon coup et calme mes angoisses. C'est maintenant que se joue mon avenir proche au sein de ce lycée, j'ai intérêt à ce qu'ils m'acceptent et me fichent la paix.
Et je rentre.
Beaucoup de gens se retournent et me regardent. Certains paraissent choqués, d'autres s'en branlent de moi et ne me regardent même pas, et, enfin, à ma plus grande joie, des élèves me sourient amicalement et poliment même, puis ils retournent vaquer à leurs occupations.

Je te veux... (En correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant