L'éclipse

1 1 0
                                    

Marc fut le plus réactif de nous trois. En un geste il lâcha ses notes pour rattraper Léanne avant qu'elle ne s'effondre au sol. Elle avait légèrement pâli et Marc la déposa au sol. Au bout de quelques minutes elle sembla revenir à elle. Nous l'avons aidé à se relever.
"-Tu vas bien ? Demandais-je.
-Oui, j'ai juste un moment d'absence. C'est que cela me rappelle une aventure que j'avais vécu plus jeune, en rapport avec Léonard de Vinci et des sortes d'élus.**
-Attends, tu veux dire que tu savais que tu avais une sorte de don, comme une bénédiction divine ? Questionna Marc.
-Je n'appellerais pas ça un don mais plutôt le réveil d'un gène héréditaire. On était plusieurs dans ce cas là, j'en garde un souvenir assez mitigée et je préfère ne pas en reparlez. Bon Marc, que disais-tu déjà sur moi ?
-Et bien, il semblerait que tu aies des origines mayas et italiennes. En tant que descendante des Yucutans, tu possèdes en toi le pouvoir de comprendre et de contrôler l'artefact mais en tant que descendante de marionnettistes italiens tu peux également contrôler les marionnettes. Tu es à toi toute seule l'arme ultime contre Monsieur L, son rival si tu préfères. On se croirait vraiment dans un film de super héros. Dit-il heureux.
-On va espérer que les gentils vont gagner alors car mis à part Léanne aucun de nous ne descend ne de marionnettistes ni des mayas. Alors, c'est quoi le plan pour ne pas mourir ? Dit Nicolas."

Le plan était simple. Demain ce serait l'éclipse solaire donc Monsieur L sera de sortie, allant jusqu'à l'hôtel de ville pour diriger la ville car tout le monde serait changé en marionnettes. Il fallait que l on parvienne à l'empêcher d'y arriver et d'éviter que toute la ville ne s'éteigne. Grâce aux recherches de Marc,  nous savions que pour annuler ses effets, l'artefact devait être "éclairé" par la lumière sombre provenant de l'éclipse pendant 10min et prononcer ensuite une incantation. Cela serait le travail de Marc. En attendant, avec Nicolas, nous allions retenir Monsieur L à l'aide de canon à eau modifié, propulsant du pop corn.(c'est la seule idée qui nous été venu et Monsieur Bob m'avais appris que le maïs avait un effet sur le bois( ça le ralentissait, bizarrement  ). Enfin Léanne attendra à la mairie et protégera le bureau du maire où se trouve les archives de la ville, un accès à la banque et surtout en ce moment, le maire était censé garder les codes d'activation  de plusieurs armes biochimiques. Aucune de ces choses ne devait tomber entre les mains du Marionnettiste.

Le lendemain à l'aube, je conduisis un camion rempli de pop corn en ville, puis avec Marc nous installâmes un canon au sommet de la mairie pour moi et l'un au dessus du Steam Theatre pour Nicolas. Ces deux bâtiments entouraient la place de la république où la foule serait rassemblée pour observer l'éclipse. En attendant, Nicolas avait installé un mécanisme optique au sommet de la tour de l'horloge pour faire converger l'énergie sombre vers l'artefact. Tout était en place. Il ne manquait plus que l'arrivée de l'éclipse pour commencer.

Et enfin l'heure fut venue. Il était 16h40 et cela faisait près d'une heure que la majorité des utopiens se réunissait sur la place de la république pour observer l'événement du jour : il n'y aurait pas d'autre éclipse totale avant 179 ans ici. En revanche le nouveau maire manquait à l'appel. En effet, il était bloqué à une réunion de rénovation des routes de la région.  Soudain, la luminosité commença à diminuer. Ça y est, l'éclipse commençait. Le soleil s'obscurcit et la température chuta ; l'heure de l'affrontement avait sonnée. Soudain, il n'y eut plus aucun bruit sur la place. Je pris mes jumelles et je vis que plus personne ne pouvait bouger. Comme si toute vie était partie d'ici.

Au bout de quelques minutes de silence pesant, une partie de la foule se déplaçaient pour laisser passer un homme. Il portait un long manteau, un haut de forme et je ne parvenais pas à voir son visage de là où j'étais. J'essayais de joindre Marc, Nicolas ou Léanne mais aucun d'eux ne répondait. L'homme avança vers la mairie, il y avait un pupitre ainsi qu'un écran géant. Il s'approcha du micro et prit la parole : "Mes chers amis Utopiens, nous entrons dans une ère nouvelle. Il n'y aura plus de délit, de corruption ou même de tristesse. Je vous promets à tous une vie paisible et tranquille. Cette nouvelle cité fait désormais partie de la zone Ganymède, la première zone régionale sans la moindre délinquance et je compte bien que tout le pays suive notre image. Chaque citoyen sera tel que je le voudrais et suivra tout les ordres. Maintenant applaudissez moi"dit il triomphalement tandis que, tel une assemblée de poupées, toute la place l'acclama. " Maintenant que tout est dit, je pense que notre cher professeur Charles Caspian pourrait descendre du sommet de l'hôtel de ville afin que nous puissions discuter. Je ne trouve pas très fair-play de me pointer avec un lanceur de pop-corn. Descend un peu que je te montre ma nouvelle ville."

Visiblement je n'avais guère le choix, je laissais donc le canon à sa place, et descendit tranquillement les marches menant à la coupole puis à la place. Lorsque je sortis, je pus voir le monde rassemblé, immobile, à l'écoute du moindre ordre du marionnettiste. Ce dernier était face à moi, une espace de masque d'opéra lui couvrant une partie du visage.

"-Enfin nous nous rencontrons Monsieur L, dis je.
-Hmm, c'est une question de point de vue, cela fait longtemps que nous nous côtoyons. Je vous préviens tout de suite, je n'ai rien contre vous, c'est l'inaction de la police et des haut représentant qui m'ont poussé à faire cela. On vit dans un monde où les crimes sont omniprésents. Vous pouvez le comprendre après tout, vous avez crée des pièges mortels pour vos propres amis l'an dernier. Me dit-il.
-Comment etes-vous au courant de ça ? Je comprends vos motivations mais contrôler la population toute entière, ca je ne peux le concevoir. Et puis, toute cette mise en scène théâtrale avec le disque et l'éclipse, il y a quelques minutes j'ai pu enfin comprendre que tout cela n'était que de la poudre aux yeux. Vous avez du mettre une substance hallucinogène dans l'eau ce qui induit un état de semi-conscience pour la population.
- Je savais que tu comprendrais tout Charles. Ce n'est pas pour rien que tu es mon meilleur ami, dit il en enlevant son masque et dévoilant le visage de Nicolas.

** Si cette histoire vous intéresse, elle fut relatée dans La quête de Léonard.

Les Chroniques De  Charles Caspian : La Zone Ganymède (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant