Mêmes les plus petits bruits s'étaient tus, et le réfectoire entier s'était tourné vers nous, sûrement dû à mon crie de surprise. L'eau était froide, je la sentais dégouliner du haut de mon corps jusqu'à par terre imbibant d'abord la plupart de mes affaires. Je secouais les mains, choquée. Emily était rouge de honte, elle reposa le pichet le plus discrètement possible sur la table. Puis, elle attrapa les serviettes qui trainaient sur notre table, avant de faire le tour de la table pour me rejoindre, tout ceci en moins d'un quart de seconde. Une fois devant moi, toujours ahurie parce qu'il venait de se passer, elle commença à bafouiller des excuses dans tous les sens. Apparemment, elle était très gênée.
« Sincèrement, je suis désolée... Je visais Thomasse, dit-elle de sa voix haut perchée en lançant un regard noir au principal concerné qui s'était éloignée de moi comme si j'avais la peste. »
Ouais ma vieille, mettre la honte, embarrasser la meilleure amie de Katryn n'était peut-être pas l'idée du siècle, pensais-je.
Sans que j'aie le temps de réagir une fois de plus, elle prit les serviettes et débuta à me sécher en frottant mon visage. Affolée - elle allait découvrir ma marque - je la repoussais d'abord gentiment :
« Non, c'est bon ne t'inquiète pas. Ce n'est pas grave. Je vais me débrouiller.
- Nan, vraiment, laisse-moi t'aid-
- ARRETE ! hurlais-je en me relevant, totalement paniquée. »
Au moment même de mon geste, Emily fût projetée par-dessus la table à l'autre bout du self, et se tapa la tête contre la baie vitrée dans un bruit peu rassurant, comme si elle avait été frappée par un immense coup de vent. Dans les quelques secondes de battements qui suivirent, elle ne bougea pas. Thomasse et Casille Alen furent les premiers à se précipiter vers elle, pour voir son état. J'émergeais alors et fixais mes mains. C'était... Était-ce moi qui avait fait cela ? Je n'eus pas le temps d'y penser plus longtemps car Kate me coupa. Elle s'était levée elle aussi, et passais la main dans ses cheveux.
« Angie, mais qu'as-tu donc sur le visage ? demanda-t-elle suspicieusement. »
Oh mon dieu, ma marque était visible ?! Le cauchemar ! De nouveau, tous les visages se tournèrent vers moi, cette scène divertissant apparemment bien les élèves. Décidément, je n'avais pas mon mot à dire car quelqu'un répondit encore à ma place. Un garçon roux, qui devait être en seconde s'était aussi mis debout. Je priais intérieurement pour qu'il ne dise pas la vérité. Il semblait pétrifié mais parla tout de même :
« Je sais ce que c'est ! C'est la marque des Choisis, celle de la Sélection. Ma cousine avait la même avant de partir ! »
Il termina son petit discours en me pointant du doigt. Personne ne réagit. Mais un rire ironique, presque fou résonna dans le réfectoire. Tout s'enchainait tellement vite que je ne comprenais plus rien... Je tournais ma tête vers Kate, ses yeux verts brillaient d'une lueur que je ne lui connaissais pas.
« Toi, Choisie ? Dis-moi que c'est une blague ! Comment peux-tu l'être ? Tu n'as rien d'exceptionnel, tu n'es rien ! Ça devait être moi ! Je devais l'être ! Je le mérite, espèce de sale garce ! Comment j'ai pu ne serait qu'hésiter avant de te piquer « ton » Harry ?! »
Plus elle parlait, plus ses mots étaient crachés avec une haine immuable et irrationnelle. Alors... Elle et Harry ? Jamais je n'aurais pu ... - Si, bien sûr que si, j'aurais pu imaginer. Je le savais depuis qu'ils étaient arrivés ce matin, depuis qu'elle ne m'avait pas fait la morale vendredi soir (puisque c'était elle qui avait demandé à Harry de me quitter, tout comme c'était elle qui lui avait demandé qu'il sorte avec moi). Je savais, mais je ne voulais pas me l'avouer. Elle écarquilla les yeux en se rendant compte qu'elle venait de se vendre toute seule. Mes yeux se posèrent sur Harry : il fixait ses pieds, mort de honte, l'honneur bafoué. C'était officiel : Harry Celvons serait considéré comme un caniche manipulable désormais. Mais ça ne me suffisait pas. Non. Contrairement à ce que je pensais, aucune douleur ne vint se nicher dans mon cœur. Seulement de la colère, et de la haine, noire et pure, incontrôlable. Mon regard termina son chemin sur Jim, un air désespéré et trahi sur le visage, il me faisait de la peine, lui il aimait vraiment Katryn.
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// SANS NOM // Tome 1 : Sous l'aile du Ciel
FantasyAngie Seven aime sa famille, la simplicité de sa vie. Comme tout le monde, elle y réglerait bien quelques petits détails, comme ramener son père à la vie, pousser son petit ami à l'aimer vraiment, ou réussir à s'affirmer de nouveau face aux autres...