Chapitre 6

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Jim et moi marchions côte à côte, dans un couloir reculé de notre cher lycée. Nous avions arrêté de parler depuis quelques minutes, le silence me faisait du bien. Il permettait à mon cerveau de faire le point sur la situation qui ne jouait pas vraiment en ma faveur.

« Tu penses retourner en cours ? me questionna le brun, en retirant un énième petit bout de verre de ses cheveux, ce qui me fit grimacer.

- Je n'en sais rien. Les cours n'ont pas été suspendu ?

- Je ne crois pas, quand les pions sont arrivés et après que quelqu'un leur ait expliqué que c'était un « accident de Choisi » ils ont crié à tout le monde d'aller en classe le plus vite possible, et que seuls les blessés devaient rester dans les parages. Il n'y a plus vraiment de procédure quand cela touche la Sélection ou le Délais, tu sais. Le but c'est que l'histoire ne fasse pas trop de bruit. »

Je poussais un soupir, absolument pas étonnée, mais tout de même angoissée.

« Je sais Jim, et je sais aussi ce que cela veut dire pour moi. »

Sans nous en rendre compte, nous nous étions dirigés vers notre salle de classe : la C08. Arrivée devant la porte, j'hésitais.

« Tu n'es pas obligée de t'infliger ça, Angie.

- Bien sûr que si. Qu'est ce que tu voudrais que je fasse ? Que je rentre chez moi comme si de rien n'était ? Au moins, s'ils me virent dans les règles, il n'y aura pas la police à ma porte ce soir. Ou les services secrets. Ou je ne sais pas qui d'autre qui serait pire. S'ils pensent gérer la situation ils me laisseront tranquille. »

Il posa son regard sur moi, et dû baisser un peu la tête, à cause de sa grande taille.

« Tu en as pour combien de temps encore ? demanda-t-il doucement.

Je lui expliquais rapidement ma soirée de vendredi et mon week-end.

« Donc normalement jusqu'à mercredi, conclus-je, l'Arabesquine a bien dit cinq jours.

- Tu ne comptais pas revenir n'est-ce pas ? Même s'il ne s'était rien passé aujourd'hui, tu aurais simplement... Disparue ? »

Je fus surprise par la pointe de tristesse que je décelais dans sa voix. Je ne pensais pas réellement manquer à quelqu'un. Mais je ne pouvais pas lui mentir. Ainsi, je répondis par l'affirmative en expliquant que j'avais décidé de n'en parler à personne.

« Tu avais peut-être raison, vu la réaction que cela a provoqué chez certaine..., grimaça-t-il. »

Malgré cela, je sentais que je l'avais en un sens déçu. Mais comme nous l'avions dit tout à l'heure, nous n'étions pas si proche que cela il y a encore quelques heures. Du moins, je ne pensais pas que nous l'étions. Je toquais finalement à la porte. Monsieur Ancebaz, notre professeur de sciences physiques nous ouvrit la porte. Il était vêtu de ses éternelles chemises noires. Il était jeune pour un enseignant, sûrement moins de la trentaine, c'était ce qui faisait qu'il était apprécié par la majorité des élèves. La surprise passa tout d'abord sur son visage, puis ce fut le tour de la peur, pour finir avec la sévérité. Quelques curieux s'étaient levés pour voir qui se présentaient en plein milieu du cours. Les élèves firent à peu près une tête semblable à celle de leur enseignant, mais la peur resta majoritaire.

« Mademoiselle Seven, le proviseur Elbert vous attend dans son bureau. Monsieur Daways, quant à vous, vous feriez mieux de rentrer dans cette classe et, à l'avenir, de tacher de faire plus attention à vos fréquentations. »

Sa phrase qui avait commencé par un ton froid, s'était terminée par des mots crachés avec dégout. Le regard rivé sur moi. Tout, à l'instant, son ton, ses mots, son expression, me blessa. Parce que j'appréciais ce prof'. Parce que, pas plus tard que la semaine dernière, il m'avait dit que j'étais l'une des meilleures élèves de ses classes, en souriant. Parce que, désormais, il me regardait comme on regarde une abomination, une aberration de la nature. Ce constat brisa quelque chose en moi.

// SANS NOM // Tome 1 : Sous l'aile du CielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant