Chapitre 4

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La sonnerie de mon réveil me tira violemment du doux royaume du sommeil, comme presque tous les matins. Six heures quarante-cinq. Sachant que les cours ne commençaient qu'à sept heures cinquante-cinq, j'étais dans les temps, comme presque tous les matins.

Comparé à d'autres, je n'étais pas du tout du genre à pouvoir me rendormir après le rappel. Alors je me levais, avalais un verre d'eau, et filais directement dans la salle de bains, en essayant de ne pas réveiller tout le monde. Tommy commençait bien plus tard, et le rendez vous à l'hôpital pour Maman n'était qu'à neuf heures, elle avait encore un peu de temps.

Comme c'était devenu un rituel, j'inspectais mon visage dans le miroir au-dessus de l'évier de la salle d'eau, m'examinant sous toutes les coutures pour déceler ne serait-ce qu'un minuscule bout de ma marque. Je ne réprimais pas un sourire en constatant qu'elle manquait toujours à l'appel. Ainsi, je pourrais parler de ma Sélection à qui je voudrais, sans que le lycée entier soit au courant. Néanmoins, je n'avais toujours pas décidé si je ferais passer explicitement le message à quelqu'un ou si je me contenterais de sous-entendu. De toute manière, les seules personnes en qui j'avais confiance et qui se sentiraient potentiellement concernées par l'information n'étaient qu'au nombre de trois... Enfin, deux désormais. Jim ne me poserait pas de problème et serait peut-être même de bon conseil. Mais Kate, le prendrait-elle bien ? Je ne savais pas... Pour une fois, le jet d'eau bouillante ne m'aidait pas à réfléchir. La meilleure solution était certainement de voir, d' observer, comment la journée se passerait, et d'aviser ensuite.

Ma routine fût expédiée, comme presque tous les matins. Douche, brossage de dent, habillage, petit déjeuner, tout passa extrêmement vite. J'avais l'impression de voir floue, que tout défilait, et cette sensation était dérangeante. Une fois prête, la fermeture de mon manteau fermée, devant la porte, je lançais un coup d'œil à l'horloge, tel un vieux réflexe. Quelle ne fût pas ma surprise quand je découvris que les aiguilles de l'objet circulaire indiquaient six heures quarante-sept. Ce n'était pas possible !

Cette pendule devait être restée à l'heure d'hier, bloquée. Il fallait que je pense à vérifier les piles en rentrant ce soir. Je le marquais sur un bloc qui trainait pour prévenir ma mère. Je partie en direction de mon établissement scolaire ensuite, intimement persuadée que c'était bel et bien l'objet qui avait un problème.

***

Arrivée devant les grilles, la situation se compliqua quand je réalisai que j'étais absolument seule. Personne à l'horizon. Sauf qu'habituellement, quand j'arrivais, la plupart des étudiants étaient déjà présents. Soient ils stagnaient devant la grille ouverte, peu désireux d'entrer dans leur « prison », soient ils colonisaient les bancs de la cour, ne laissant aucune place où s'asseoir à part par terre, mais ils étaient .

Je sortais mon téléphone, bien décidée à tirer ce bordel au clair. Malheureusement, il affichait fièrement sept heures une. Donc j'avais mis environ dix minutes pour débarquer devant le lycée, ça c'était normal. Mais comment avais-je fait pour faire tout le reste en moins de deux minutes ?! Physiquement ce n'était pas possible ! Je n'étais pas aussi rapide...

Je refusais de croire que cela avait un rapport avec ma Sélection. Je ne pouvais pas faire ça. Je... Quand on y réfléchissait, vu qu'on ne savait rien sur ce que pouvait faire les Choisis, cela ne voulait-il pas dire qu'ils pouvaient tout faire ? Qu'il pouvait tout m'arriver, même les situations les plus abracadabrantesques ? Je poussais un soupir désespéré. Qu'est ce que c'était que ça encore...

Résignée - de toute manière je n'allais pas rentrer, maintenant que j'étais là - je m'asseyais sur un vieux banc défraichi à la peinture écailleuse. Je posais mon sac à dos à coté de moi, et rangeais mon téléphone dans la petite poche devant. Dans mon action, je posai directement les yeux sur mon agenda ce qui provoqua un électrochoc dans mon cerveau. Mes devoirs ! Je les avais littéralement oubliés ! Pourtant, ce n'était pas dans mes habitudes. La plupart du temps, ils étaient la première chose dont je m'occupais pour être libre ensuite. Mais là, avec tout ce qu'il s'était passé, ils avaient été la dernière de mes priorités. J'avais mieux à faire, surtout si cette journée était la dernière que je passerais dans un véritable établissement scolaire. Y avait-il une école là où j'allais ? Encore aurait-il fallu que je sache où allais-je pour répondre à cette question...

// SANS NOM // Tome 1 : Sous l'aile du CielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant