Ramener Muriel nous prit un bon quart d'heure. Il fallut déambuler dans des dédalles de couloirs blancs se ressemblant tous à peu près et, contrairement à ce que j'avais pu penser précédemment, Damon était bien arrivé comme nous ce matin. Il avait juste eu un coup de chance pour la verrière. Je le charriais un peu là-dessus, me disant déçue du fait que j'avais pensé que c'était un professionnel de l'orientation, alors qu'à ce moment précis, nous étions autant perdus l'un que l'autre. Finalement, nous retrouvâmes l'escalier, puis les portes des chambres. J'ouvrai la porte, et Damon déposa Muriel dans un des deux lits, qui serait désormais le sien, avant de la border. Elle ne broncha pas une seule fois, profondément endormie.
Nous sortîmes doucement et restâmes quelques minutes dans le couloir, tous les deux perdus dans nos pensées. Il fallait dire que cette journée avait été mouvementée... De plus, quelque chose me faisait dire que nous n'étions pas au bout de nos surprises.
« Il nous reste une petite heure avant le dîner, déclara Damon en rangeant sa Laure après l'avoir consulté, tu veux faire quelque chose en particulier ? Tu devrais peut-être te reposer toi aussi, tu sembles exténuée. »
En un sens, je l'étais. Une partie de moi avait l'air de mourir sur place, je peinais à garder les yeux ouverts, et mon mal de tête ne voulait pas passer. Cependant, d'un autre côté, j'avais vraiment très peu envie de m'allonger et de me retrouver seule face à mes pensées. Ceci impliquerait forcément de penser à ma famille, et ça me faisait peur.
« Nan, ça va, je vais bien, mentis-je, allons marcher, après tout il nous reste encore beaucoup de couloirs blancs à arpenter ! »
Il haussa les sourcils, sûrement peu convaincu par mon mensonge, mais ne chercha pas à prouver qu'il avait raison. Je l'en remerciais intérieurement.
C'est ainsi que nous nous retrouvâmes assis, adossés à un mur, dans un couloir pas très loin de la grande porte du Réfectoire. Nous étions tombés dessus par hasard et il nous avait paru risqué de nous en éloigner à cette heure-là, c'était un coup à louper le repas à cause de cette école immense, alors que nous étions affamés. Après quelques hypothèses, nous avions d'ailleurs décidés de lier la plupart de nos maux à la transformation : la faim et soif continuelle, la fatigue, et les douleurs musculaires. Néanmoins, nous espérions que cela ne durerait pas plus d'une semaine. C'était comme si notre partie Immortelle avait besoin de tout en proportion trois fois plus élevée, et ressentait tout puissance cinq. Une seule chose restait pour moi inexpliquée : mes excès de colère, et cette voix.
Le brun sembla lire dans mes pensées car il demanda :
« Sans vouloir être indiscret, ça t'arrivait souvent avant ? Je veux dire, la colère, les envies de meurtre... »
Sa question me mis très mal à l'aise. Pourtant, il ne me jugeait pas le moins du monde, il semblait juste curieux, intéressé par mon cas. Je ne savais pas trop quoi répondre... Même si la réponse était évidente.
« Non. Ça ne m'était jamais arrivé avant, je sais qu'au vu de tout ce qu'il vient de se passer ça peut paraître difficile à croire, mais je ne suis pas une fille impulsive.
- Je te crois.
- En temps normal, je suis plutôt calme, et même quand je m'énerve je sais bien le cacher. On m'a un peu aidé pour ça mais bon... Je n'ai jamais été violente, je n'avais jamais vraiment fait du mal jusqu'à il y a quelques jours... Ce n'est pas normal, je sais, mais j'ai l'impression que la normalité ne fait plus partie de ma vie depuis que cette Arabesquine est apparue dans le couloir de mon lycée.
- Tu n'es d'ailleurs pas prêt de la retrouver, vu la semaine qui nous attend... Tu ferais mieux de bannir le mot « normal » de ton vocabulaire.
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// SANS NOM // Tome 1 : Sous l'aile du Ciel
FantasyAngie Seven aime sa famille, la simplicité de sa vie. Comme tout le monde, elle y réglerait bien quelques petits détails, comme ramener son père à la vie, pousser son petit ami à l'aimer vraiment, ou réussir à s'affirmer de nouveau face aux autres...