Faits Divers
Un conducteur d'autobus de quarante-deux ans a été retrouvé mort, étranglé, le pantalon baissé, dans la nuit de mercredi. Les traces prélevées sur la gorge de la victime indiquent une attaque d'une rare sauvagerie.Qui est le tireur fou ?
Alors qu'elle rentrait chez elle, Laurianne Remouleur, vingt-neuf ans, a été abattue d'une balle dans la tête par un tireur inconnu. Sa famille reste sous le choc.
Avocate, mariée, sans histoire particulière, la jeune femme avait récemment fait le deuil de sa sœur cadette, décédée des suites d'une overdose.
La famille se défend d'avoir des ennemis dans son entourage. L'enquête semble confirmer une attaque gratuite.
Pour lutter contre l'insécurité, de nouvelles forces de police ont été déployées par la municipalité dans les rues.***
J'ai arrêté de résister. Yitzhak obtint un autre bras, puis de nouvelles jambes. Je lui sciais la chair, les os. Nous laissions tout se consumer dans des solutions d'acide, caméras branchées, pour ne pas oublier et parce que « Il y en a qui vont kiffer sur internet ! ». Je ne savais plus très bien quel délire je suivais. La passion technologique, les paroles de Yitzhak écrasaient ma volonté. Il découpait des bouts de son corps, les regardait se consumer dans la plus parfaite indifférence. Je me demande encore si j'aurais pu l'aider en résistant à son caprice. Il existait probablement des traitements psychiatriques adaptés à son mal, de longues thérapies qui réprimeraient ce besoin d'automutilation. Mais le mot ne lui plaisait pas. A mesure que je le désassemblais, il acceptait de se livrer.
— Je vois ça comme une purification. On dit que le corps garde en mémoire ce qu'on a vécu. Je me sens trop marqué. Tu as peut-être déjà éprouvé cette sensation d'être trop à l'étroit, cette envie irrépressible de s'arracher la peau comme on tirerait une chemise pour mieux respirer ? Non, j'imagine que non. Toi, tu es vide, tellement vide que ça me fait du bien d'être avec toi. Mais cette impression là, je dois la supporter tous les jours. Je suis en ébullition permanente, et je vais devenir dingue si ça ne s'arrête pas. C'est intenable. Je veux le silence. Je veux pouvoir agir aussi froidement que la logique, sans être rappelé par une culpabilité qui, de toute façon, ne va rien changer. C'est envahissant pour rien. Je n'ai plus besoin de tout ça.
Et tandis que l'on vendait aux gens des produits, des spectacles qui devaient rendre leurs existences plus intenses, Yitzhak possédait, à vingt ans, l'âme millénaire d'un dieu blasé de tout. J'approuvais ses confidences sans vraiment les comprendre. Il me semblait qu'elles nous rapprochaient. Je commençais à percer le mystère du jeune homme. L'airain de ses prunelles se barrait de cicatrices. L'avidité avait un prix. Pour vivre si fort, si vite, il fallait souffrir tout autant, assez pour renoncer aux espérances à l'aube de la jeunesse. Il n'en pouvait plus. Je voulais lui dire que tout irait mieux, ce genre de choses stupides qui vous viennent en tête dès qu'il s'agit de consoler un être proche que l'on voudrait égoïstement garder près de soi. Mais l'émotion avait quitté sa voix. Il n'attendait pas d'être consolé. Il se libérait, et espérait garder mon soutien jusqu'au bout.
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De Sang avide
Fiksi IlmiahJ'ai longtemps hésité à partager d'autres nouvelles, mais je me lance. J'ai à la fois beaucoup de nouvelles dans mes dossiers, mais trop peu pour sortir un recueil cohérent, surtout que je n'en écris plus du tout en ce moment, je suis trop occupée...