Chapitre 33.

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Raphaëlle avait longuement hésité mais le week-end était arrivé et elle accepta enfin de rejoindre son appartement.

"- Je t'attends en bas." Promis Héloïse avant d'embrasser la joue de sa copine. "Tu me diras comment ça s'est passé, ok ?

- Je te préviens."

Elles se sourirent et Raphaëlle poussa la porte avant de monter les escaliers. Elle prit une grande respiration avant de toquer. Sa mère ouvrit dans un piteux état.

"- Oh Raph'...

- Maman..."

Toutes les deux se regardèrent, ne sachant quelle réaction soudaine pourrait avoir l'autre. Les Jordan étaient imprévisibles. Mais c'est finalement les deux à la fois qui se prirent dans les bras.

"- Je suis désolée d'avoir dit ce que j'ai pu dire, M'man... Je suis désolée, j'étais si en colère...

- Et moi je suis désolée d'être comme ça et de t'avoir fait enduré ça. Tu ne mérites pas d'avoir une mère comme moi... C'est juste que depuis ton père j'ai...

- Pété les plombs ?" Ricana Raphaëlle, une larme qui roulait le long de chaque joue. "Ouais, on peut dire ça comme ça."

Sa mère s'écarta d'elle en liant son rire à celui de son unique fille.

"- Il est là ?

- Non. Et il ne sera plus jamais là."

La brune fronça les sourcils.

"- Rentre. S'il te plaît. Je vais tout t'expliquer."

Alors, Raphaëlle entra et put constater les changements de l'appartement devenu sale. Les affaires de son beau-père avaient disparues et une odeur d'encens avait remplacée celle de l'alcool et des bières qu'il buvait à longueur de temps. Une légère odeur de brûlé parvenait cependant toujours aux narines de l'adolescente.

"- J'ai brûlé tout ce qui restait de lui. Tout ce qu'il avait oublié. Comme ça il n'aura plus aucune excuse pour essayer de revenir dans nos vies.

- Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui t'as pris ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Toi. Voilà ce qu'il s'est passé. Après que tu sois partie, lui et moi n'avions fait que de nous engueulé. Plus encore que ce dont nous avions l'habitude. On ne faisait plus rien d'autre qu'hurler l'un sur l'autre, les voisins en sont même venus à porter plainte pour tapage nocturne parce qu'on arrêtait pas. Je le faisais dormir dans le canapé. Et un jour il a menacé de s'en prendre à toi, d'aller te chercher et de te faire du mal. Et juste après ça, il a commencé à me frapper.

- Maman, c'est horrible...

- Tu crois que je me suis laissée faire ? Tu aurais dû voir son oeil après ça. Je l'avais prévenu dès le début. Lui et ses problèmes d'alcool ne s'en prendraient jamais à moi et jamais moi vivante il n'aurait le droit de ne serait-ce qu'essayer de lever la main sur toi. Je l'avais prévenu."

Raphaëlle ne savait plus quoi dire. Jamais sa mère n'avait dit ça en face d'elle. Elle ne lui avait jamais fait comprendre qu'elle tenait autant à elle. Mais elle aurait dû s'en douter... Enfin, elle l'espérait. Parce que chaque mère tient un minimum à son enfant. Elle avait juste l'impression depuis ces derniers mois que sa mère était l'exception qui confirmerait la règle.

"- Je lui ai ordonné de partir. Et de ne plus jamais remettre les pieds ici. J'ai fait changé la serrure au cas où il ait un double des clefs. Je passe mon temps enfermée ici avant de t'avoir envoyé un message. J'avais juste... J'avais juste besoin de revoir ma petite fille."

Elle ne voulait pas le dire à voix haute, mais elle aussi avait juste besoin de revoir sa mère. De retrouver son appartement. Ses amis avaient beau l'accueillir et être aussi agréables qu'ils le voulaient, leurs canapés ne remplaçaient pas son matelas pourri mais plus confortable qu'un sofa.

Bien sûr que sa mère ne s'était pas laissée faire. Qui lève la main sur elle est le plus blessé dans les minutes qui suivent. Mais il n'empêche que cet homme avait poussé le bouchon trop loin. Cet homme qu'elles avaient accueilli sous leur toit, qu'elles avaient nourri, à qui elles donnaient leur argent pour s'acheter des bières. A qui elles laissaient leur télé pour regarder son foot de merde et ses émissions nulle à chier.

"- T'en auras mis du temps pour comprendre que ce type était une merde.

- J'aurais surtout mis du temps pour comprendre que je ne pourrais pas remplacé ton père avec le premier venu."

Les poils de Raphaëlle s'hérissèrent en l'entendant parlé de son père. Ce qui, depuis sa mort, n'était jamais arrivé.

"- Parce que c'est ce que j'ai voulu faire avec tous ces types et encore plus avec lui. Je me suis dit que... Que peut-être je pourrais recommencer. Parce que jamais je n'avais imaginé pouvoir finir ma vie seule avec ma gamine qui partira quand elle le pourra. Jamais j'ai imaginé devoir perdre l'homme que j'aimais et le père de mon enfant."

Raphaëlle se rapprocha de sa mère.

"- Pourquoi tu m'en as jamais parlé avant ?

- Raphaëlle, soyons honnêtes deux minutes... Depuis quand les femmes Jordan parlent de leurs sentiments entre elle ? Surtout mère et fille ?"

Elles eurent un léger ricanement.

"- Tu te souviens de ce que disait mamie, non ?

- On n'est pas des fillettes. Les larmes c'est pour les mauviettes." Dirent-elles en choeur.

"- Mais tu crois pas qu'il serait temps de changer ça ? Si ça se trouve, rien de tout ça ne serait arrivé si on avait discuter ne serait-ce qu'un instant.

- On le saura jamais. Parce que c'est arrivé. Mais oui... On peut peut-être envisagé de changer ce slogan."

Elles échangèrent un sourire et se prirent de nouveau dans les bras.

"- S'il te plaît, reviens à la maison... Dès ce soir... J'ai besoin de ma fille."

Raphaëlle ferma les yeux dans les bras de sa mère. Elle hocha la tête.

"- Je reviens dès ce soir. Et promis, je te quitte plus. Ou du moins que je peux.

- Oui, t'iras quand même au lycée la journée." Ricana la plus vieille des deux. "Je veux pas que tu finisses comme moi."

Ces simples mot réchauffaient le coeur de la brunette. Sa mère l'aimait et tenait à elle. Et ça faisait trop longtemps qu'une preuve de l'amour parental qu'on lui portait ne lui avait pas été offerte. Peu importe ce que c'était.

Viens on s'aime.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant