Un état

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Dans un État qui dérive, vois cet instrument innocent, ce potentiel immaculé. Entends-tu cette délicate vibration, cette douceur sonore ? Entends-tu cette mélodie ?
Pas encore. C'est normal, mourants ils sont, la mélodie ne se jouera pas !
Le lac s'apaise. Les flots s'abaissent. Est-ce une tentative ? Homogénéiser son environnement, endiguer alors l'avancée de la barque ?
La nature les calme, mais ils détournent le regard ! Ils continuent leur traversée, les sots ! Or, elle leur a dit, ce n'est pas la trajectoire à emprunter.
La brise se lève, les hauts arbres narguent de loin le lac et ses environs proches, les observateurs et les figurants, les acteurs et les détracteurs.
La mousse rampe bientôt jusqu'aux bois, elle s'échappe ; autour de l'eau, les rochers répandent leur vieillesse. Une vallée inconnue, des airs isolés, où pouvait-il bien avoir atterri !
L'eau bout bientôt. Il fait si chaud, le soleil bout. Frappé, partout frappé, les environs frappés de sa chaleur, ils fondent bientôt, bientôt ils bouillonnent, fondent, bientôt, si bientôt. Pourtant, rien ne semble déranger cette barque !

* * *

Un petit bateau, seul, au milieu d'un lac, flottant au gré du vent, ou à son propre gré, il ne le sait.
- C'est d'ici que devrait se faire entendre la mélodie ? De lui ?
》 Un instrument sur la barque, elle le transporte et le berce. Si paisible voyage !

Vois. Vois cette situation, regarde ce décors. Donne-lui ton sens, par ton regard, ne t'y abandonne pas, mais mets-y la lumière.
Et alors ? Que vois-tu ?
Des hommes qui meurent ! Vois l'instrument, rien de tout cela ne devrait être, vois l'instrument perdu au milieu de l'eau !
Personne ne le prendra, personne n'en jouera, personne ne créera, car ils sont malades, ils sont occupés, ils sont torturés par eux-mêmes. Vois cet instrument. Il est perdu, abandonné. Comment en sortir ?
Et voilà la conséquence de ses décisions ; voilà la conséquence de son laisser-aller ; voilà la finalité de la corruption ! Il est perdu et seul, il ne fuira pas, à moins de se jeter, de couler, de fondre, de s'inonder pour mieux exploser, s'abandonner pour disparaître, et résilier son lien, lien de dépendance, de soumission. Il n'a pas d'autre choix ; une dépendance toxique, voilà cette barque et cette relation, il y est attaché par dépendance.
Une illusion, voilà cette barque, il y est attaché par aveuglement.
Qui va le prendre ? Qui va en jouer ? Est-ce ainsi terminé ? Mais il doit naître à nouveau.
Une barque, un enclos, un État malade, voilà ce qui le retenait, voilà ce qui l'a isolé, voilà ce qui l'a restreint. Restreint et arrêté. Il est arrêté.
Qui va le prendre ?

* * *

Tes yeux ont vu, ils ont vu l'illusion. Ils ont vu la situation, ils ont transmis et tu sais le danger. Va ! Maintenant, va, prends cet instrument. Joue-la ! Joue-la !
Crée. La vibration, lance-la, elle devait avant fuir sa prison, mais elle se répandra maintenant... donne-lui vie. Tu peux créer, y insuffler ta volonté, ta puissance. Entends-tu ? Entends-tu cette douceur ?
Si tu le veux, répands cette musique, crée cette mélodie, cette mélodie de l'espoir. L'espoir même, insuffle-le aux hommes. Il doit être donné. Maintenant qu'il est libre, il le peut. Maintenant qu'il est libre, les chemins se dévoilent.
Ne coule pas,

Ils sont proches...

Recueil : Une Pensée pour moi-même ou pour personne (je crois)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant