The Witness

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... retournez-vous.
Je crois avoir vécu quelque chose de mémorable.

"Ci-gît Ilyan, 4 novembre 2002 - The Witness."
Sont quelques expériences particulières, remarquables, particulières... comme une petite particule... petite, et toute petite...
Sont quelques expériences fascinantes qui marquent et qu'on remarque. J'ai découvert aléatoirement, par hasard avec une offre spéciale, ce jeu, The Witness, que j'ai téléchargé sans grande attente - attends ! Il m'a changé. Classique.
C'est avec curiosité (croyais-je) que j'arpentai l'herbe douce, et soyeuse, et délicate, et quelle agréable herbe arpentai-je ! L'herbe donc, qui jonchait le sol des premières minutes du jeu. Et les suivantes.
Je parcourais la magnifique île sur laquelle les créateurs décidèrent de nous déposer, où nous intéragirons tout du long de l'aventure ; et oui, nous allons interagir avec elle, et ce jusque dans ses moindres recoins.
Tout débute avec quelques schémas à compléter, de petits puzzles de réflexion et d'apprentissage. Le paterne est simple, reconnaissable, nous complétons ces tableaux en boucle. C'est un jeu de réflexion qui nous est servit par ses créateurs.
Le cheminement n'est pas dirigé, nous sommes libres voire perdus, mais l'évolution est intelligente.
Vient le moment où la réponse ne semble nulle part : nulle indication sur le panneau, nulle logique et nul chemin ne se distinguant des autres. La réponse est autre part.
L'observation, elle nous la livre. Superposer le tableau avec le décor, le comparer à celui-ci et comprendre ce que représente le schéma, agir en conséquence. La réponse nous est livrée par l'environnement.
La première révélation survient.
Nous voilà dans une forêt. Le chant des oiseaux apparaît. Un puzzle. C'est ici la hauteur de leur chant qu'il faut poser sur le tableau ; la réponse est le son.
La réponse aux puzzles, c'est l'île elle-même. Chaque idée est un vent de fraîcheur, et la cohésion de l'œuvre est presque déroutante. Le jeu nous embarque, nous dansons avec lui, nous ne le comprenons pas toujours, mais qu'il fascine !

C'est bien plus tard que la seconde révélation paraît.
Le jeu nous a longtemps fait voyager, et nous sommes arrivés au sommet de la montagne. C'est souvent ici que la nouvelle couche se présente. Un petit schéma devant nous, que nous complétons. Puis, derrière, au pied de la montagne... le même schéma, formé par la rivière elle-même. Voilà le jeu : la réponse aux puzzles, c'est l'île, mais l'île est le puzzle. L'environnement en est un, lui aussi. Partout. Partout, ils sont cachés, et se révèlent par la perspective.
Voilà le jeu, d'une cohérence poussée à l'extrême, où tout déborde et inonde le joueur de son propos. Tout sert le message. Le jeu est une unité parfaite, une symbiose spectaculaire, dont tous les aspects convergent vers le même point : observez, changez d'angle. Tout n'est que perspective.
Il livre cette déclaration avec une force impossible à exprimer autrement que par ce biais. Le jeu vidéo, la relation que l'on a avec lui, l'interaction et les échanges qui s'effectuent, seul ce média peut le procurer ; et Blow, il le sait. Jonathan Blow, créateur du jeu, a tout mis en place pour illustrer sa vision du monde, avec une maîtrise remarquable. Nous n'avons pas d'autre récompense que notre satisfaction, la résolution d'un puzzle n'entraînant que l'accès à un autre. Ou, dans certains rares cas... une petite surprise.
Blow a caché ça-et-là des enregistrements ; audio, mais aussi vidéo. Des vidéos conférences, datées et anciennes, au sujet de différents sujets, comme de vieux discours sur la métaphysique.
Ce que livre Blow, c'est lui-même, il se livre avec franchise, et une force artistique qui laisse difficilement de marbre tout chercheur de cette sincérité.
Voilà ce jeu. Voilà ce qu'il nous dit. Voilà l'expérience qu'il est. Comme toujours, à vivre, non pas à lire. C'est intelligent. C'est, en effet, un très bon jeu.... très bon.....

Mon dieu, qu'il m'a touché. Retournons au commencement, au début du jeu.
Il y a un puzzle. Premier que nous effectuons après avoir lancé le jeu, une ligne droite. Il ouvre une porte. Mais derrière nous, calmement...
Un autre puzzle. Exactement le même. La meme ligne. Mais formée dans le décor, le chemin, sous terre, qui nous a amené jusqu'à cette île. Il n'a pas changé ; et pourtant, c'est différent. Nous l'avons maintenant observé. Nous savons maintenant l'observer. Ce puzzle... nous l'avons fait devant nous. Alors pourquoi ne pas nous retourner et, le faire derrière ?



Je crois avoir été témoin de quelque chose de mémorable.
Et grâce à lui ! Ou, grâce à moi -
"Ci-vit Ilyan, The Witness - toujours."

Où vivez-vous ? Voyons, le monde qui vous entoure, tout, c'est tout. Profitez et observez ! En effet, ce n'est qu'une question de perspective, alors...

Recueil : Une Pensée pour moi-même ou pour personne (je crois)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant