Chapitre 1 : Un anneau qui changea le temps

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Une pluie fine s'abattait sur Fondcombe, refuge des elfes et domaine d'Elrond. La cité semblait triste, terne, sans aucune vie. Même le gazouillis des oiseaux avait cessé. Une agitation se fit dans la cour principale, et Glorfindel, l'elfe gardien, sortit au galop du refuge, chevauchant tout droit vers le Gué de Bruinen. Pourquoi partait-il ainsi, si rapidement ? Les Orques avaient-ils débusqué Imladris ? C'était impossible, la cité était bien trop cachée. Dans tous les cas, si le mal était ici, le seigneur m'aurait fait quérir, pour que je chevauche après du guerrier. Il était tout aussi bizarre de le voir partir seul, sans personne pour le seconder. Je sortis de ma chambre, en courant à vive allures, me dirigeant promptement vers le kiosque, où un elfe avait l'habitude de se trouver. Il attendait telle une statue, dénué d'expression.

-Je savais que tu viendrais, Nerwen.

-Seigneur Elrond, dis-je en le saluant.

-L'heure est grave, l'anneau de pouvoir a été retrouvé, et les serviteurs du seigneur noir le savent. Ils le cherchent, et le découvriront si nous ne faisons rien. Cette calamité a été retrouvé par des êtes ne se doutant pas du mal qui s'apprête à s'abattre sur la Terre du Milieu, ce porteur ne s'attend pas à braver tant de cruauté.

Son visage était tragique, quelque chose se tramait en Terre du Milieu, une chose qui allait bouleverser l'ordre des choses, si infime soit-il. L'anneau unique avait été forgé par Sauron, lors du Second Age, pour asservir sa haine sur la Terre du Milieu. Il servait aussi à contrôler les anneaux de pouvoir, forgé par les Noldor. Dix-neuf anneaux furent créés et distribués en Terre du Milieu. Mais quand Sauron usa de la puissance de l'anneau unique, ils lui rendirent les anneaux de pouvoir, hormis les trois anneaux les plus puissants, Narya, Vilya et Nenya, qui restèrent aux mains des Elfes. Les autres anneaux furent donnés, dont sept au nains et neuf aux hommes. Pour ces derniers, très avides de pouvoir, leur vie se prolongeait sans cesse et ils devinrent des spectres, les Nazgûl, esclaves de la volonté de Sauron. Pour les Nains, leurs Anneaux ne firent qu'accroître leur désir de richesse.

Si l'anneau unique, forgé en secret par Sauron, avait été retrouvé, il ne restait pas grand temps avant que le monde ne sombre sous le chaos.

-Est-ce pour cela que Glorfindel est parti vers le Gué ? Demandais-je.

-Oui, le porteur de l'anneau est en danger, mais là n'est pas la question. Il faut que tu chevauches vers la Forêt Noire, prévenir le Roi Thranduil d'un conseil prochain.

-Pour quand est le conseil ?

-Le conseil aura lieu dans six jours au plus tard.

Mes yeux se perdirent sur la cascade qui s'abattait sous la maison principale. La Forêt Noire était à un jour de vol de dragon, soit trois jours de cheval. Le temps se ferait trop cours pour Thranduil, il ne pourrait pas choisir ces hommes.

-Seigneur, si je peux me permettre, aucun coursier ne sera assez rapide pour être à temps dans la demeure de Thranduil. Laissez-moi voler au côté de Sarkan. Le vieux dragon m'est un grand ami, il acceptera de me porter sur son dos.

Elrond le savait, mais il redoutait toujours le grand dragon, et ses réactions imprévisibles. Il soupira, me fixant de ses prunelles grises.

-Que les regards te soient tourné quand tu voleras, les dragons ne sont pas aimés, et tu le sais bien Nerwen. Méfie-toi du Roi Thranduil et de sa garde. Ils sont bien trop belliqueux, et ne s'arrêterons pas devant un dragonnet.

-Oui, répondis-je tristement. Mais Sarkan est différent, vous le savez aussi bien que moi, il ne ressemble pas aux créateurs, ni à Smaug.

Il acquiesça de la tête et se tourna vers la rivière Bruinen, une main sur le coeur. L'heure était pour moi de revoir mon vieil ami, que j'avais sauvé de la hache de Náin II. Personne ne connaissait l'existence du dragon violet, seul Elrond, les aigles et moi le savaient vivant. Je remontai dans ma chambre, m'empara d'Amlugril, l'Éclat du Dragon, l'épée forgée par les mains des nains de la montagne du Destin. Je passai des vêtements légers mais résistant, les trajets à dos de dragons étaient plutôt fastidieux, bien qu'une selle fût installée pour l'occasion. Je m'habillai avec rapidité, bouclant à la ceinture le fourreau de mon épée, qui rappelait le violet de Sarkan. Comment les nains avaient-ils su que Sarkan était violet, et que je connaissais un dragon ? Jamais je ne sus, car l'épée avait été demandé par le Seigneur Elrond, et non par moi. Je saisis la selle de mon dragon. C'était un artefact simple, composé d'une sangle et d'un siège léger en cuir, mais agréable, faite de mes mains sur les conseils de Sarkan. Je sortis de la chambre, prête à affronter une journée entière de vol sur le dos écailleux du dragon. Sur le pas de la porte, des vivres avaient été déposé, sans doute par les soins d'Elrond, enroulé dans une couverture, et bien sanglé. Après les avoir accrochés à la selle, je partie en direction des flancs de la montagne, redouté par bien des elfes, les Monts Brumeux.

Sarkan était allongé le long de la falaise, tel un gros chat flemmard. Son violet m'avait manqué. Je ne pus l'admirer plus longtemps car mon bon gros dragon se retourna et me regarda fixement.

-Alors comme ça je suis un vieux dragon, jeune elfe ? Intervient-il.

-Tu as 618 ans, Sarkan, tu es vieux oui. Répondis-je en souriant.

-Dois-je te rappelé ton âge Nerwen ? grogna-t-il. Agée de tes 1618, tu es bien plus vieille.

Il se leva, s'imposant de tout son poids, et vint vers moi. Sa démarche était fluide, sa taille avait grandi, et je fus abasourdi en constatant que la selle ne lui irait plus. Ses écailles avaient pris un violet profond, mais brillant aux premiers rayons du Soleil. Ses griffes étaient acérées à souhait, ses ailes semblaient musclées tel un dragon de combat. Ces yeux bleus se fondaient parfaitement avec le violet de ses écailles.

-Que me vaut ta visite, je pensais que tu m'avais oublié, laissé comme mort. Je m'ennuyais sans toi ma Nerwen ! Maugréa-t-il

-J'en suis désolé, mais Elrond n'aime pas trop me voir avec toi, tu sais comment est le Seigneur d'Imladris, toujours trop paniqué...

-Toujours trop prudent, finit-il par dire. Tu as besoin de mes ailes je suppose ?

Il avait tourné sa tête vers la vallée, se désintéressant de moi.

-Oui, je dois me rendre en Forêt Noire au plus vite, je dois annoncer une nouvelle au Roi Thranduil, lui répondis-je.

-Ne pouvait-il pas envoyé les aigles ? Je n'ai pas envie de me retrouver à proximité de ce petit Roitelet.

-Les aigles ne sont pas des messagers, tu le sais. Ils sont libres d'esprit, on ne peut leur imposer de faire tel ou tel chose. Et je te pris de garder le respect envers un roi.

-Et donc tu estimes pouvoir l'imposer à un  dragon, se mit-il a gronder. Pourquoi partir en vol alors ? Tu ne peux pas chevaucher ?

-Non, il y a urgence Sarkan, insistais-je.

Le dragon semblait ne pas vouloir me porter sur son dos, ce que je pouvais comprendre, cela faisait tellement de temps que je n'avais pas été le voir. Il posa de nouveau son regard sur moi, son iris de glace m'observant, interrogatrice.

-Est-ce grave ? me demanda-t-il en renâclant.

-Je ne sais pas, il ne m'a rien dit de tout cela, je sais juste que l'anneau unique a été retrouvé.

-Comment ? L'anneau unique ? Celui du Seigneur noir ? Celui de Sauron ?

-« Un Anneau pour les gouverner tous. Un Anneau pour les trouver. Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier. » Oui c'est celui-ci.

Le dragon marqua un blanc, cessant de respirer, cessant de bouger. Il semblait dans un important dilemme, ne sachant quelle décision prendre. Il est vrai que s'il m'accompagnait, il nous exposait à des risques énormes face aux Sindar. Déjà que moi seule dans cette forêt aurait été une tache compliquée, accompagné d'un dragon, elle allait être fastidieuse. Quelques secondes passèrent avant qu'il ne daigne bouger.

-Ta selle sera trop petite, finit-il par dire. Le manque de mouvement m'a engraissé, je crains que tu ne te brise les jambes contre mes écailles Nerwen.

Il avait raison, j'avais perdu du temps à discuter avec mon vieil ami, il ne me restait plus qu'à redescendre et faire la route à cheval. Mes yeux se posèrent sur le sac de provision du seigneur. A moins que je ne me sépare des vivres d'Elrond et utilise la couverture pour me protéger des écailles. Après tout, j'étais une Elleth, le manque de nourriture ne se ferait sentir qu'après plusieurs jours de jeune.

-Je vais utiliser cette couverture, dis-je en détachant les sangles qui la liait. Je ne prendrais pas les vivres, je ferais avec.

-Très bien, grogna-t-il, comme tu le désire.

La Terre du Milieu - Destins LiésWhere stories live. Discover now