Chapitre 3 : Une étrange rencontre.

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-Pense tu renter à Imladris sans selle ? me lança le dragon promptement.

-Non, il est vrai que tes écailles sont tranchantes, je ne résisterais pas à un nouveau voyage.

Je me levais, saisissant vivement la selle que Sarkan avait gardé contre lui, et me remis en route pour la cité de Thranduil. Je ne pourrais refaire le voyage en sens inverse sans une selle, mes jambes ayant déjà bien trop souffert. J'avais remarqué un sellier-bourrelier dans la cité. Il vivait dans une petite échoppe, à l'entrée de la ville. Des selles et des filets pour chevaux étaient accrochés çà et là. Il était d'une manufacture quasiment parfaite, brodée à la main. L'intérieur était jonché de chute de cuir, et d'autre tissu qui m'était inconnu. Un elfe était assis devant une chandelle, il tressait un morceau de cuir.

-Thranduil m'a parlé de vous, elfe-dragon.

Il me fit sursauter, je n'avais pourtant pas fait de bruit en rentrant. Et comment avait-il pu me reconnaitre sans même me regarder ? Il se leva, et vint vers moi, me regardant sous tous les angles. Il vit ensuite la selle, et sourit.

-C'est la première fois que je vais devoir m'occuper de pareil selle. Faites-moi donc voir !

Je lui tendis la selle. Il l'a pris et l'examina sous tous ces coutures. Il marmonna quelque parole incompréhensible, avant de la poser et de se remettre devant sa chandelle. C'était un bien étrange elfe, d'un certain âge, mais encore plein de vigueur et de fougue. Ces cheveux étaient d'un gris argent, et ses yeux d'un bleu profond. Il portait un habit simple mais d'une beauté épatante. Il me fit signe de m'en aller sans même me dire un mot. Quel manque de politesse !

Je m'engouffrais dans la forêt, ou l'obscurité régnait. Le soir arrivait, et ses lieux étaient pour moi inconnu. Mes sens, bien que plus aiguiser que ceux d'un homme, étaient troublés. A tel point que je me perdis au milieu des hêtres et des bouleaux. J'essayais de me repérer à des lieux, mais il se ressemblait tous.

-Sarkan ? Appelais-je dans un espoir.

« Avance tous droit petite Elfe, je suis juste devant »

Je l'écoutais et le retrouva couché au pied d'un petit feu qu'il avait fait. Il me regarda, ses yeux étaient amplis de tendresse, chose incroyable chez un dragon. Je m'assis contre son ventre chaud, et me mit à le gratter derrière sa collerette gauche. Il ferma les yeux et se mit à ronronner comme un gros chat. Je connaissais ce dragon depuis tellement de temps que ces moindres points faible m'étaient à portés. Malgré les caresses que je lui faisais, Sarkan n'était pas détendu. Il n'aimait pas se retrouver dans un endroit qu'il ne connaissait. On se mit à discuter quelques minutes après mon arrivé. Il avait pris le temps d'aller chasser, et avait eu la chance de tomber sur un groupe d'orcs non loin d'ici. Il me posa des questions sur mon entrevu avec Thranduil. Il n'avait pas aimé me laisser seule avec des êtres que je ne connaissais pas, mais il le fallait bien, je ne voulais pas qu'on le voit.

Je m'étais endormi contre le flanc de Sarkan, il m'avait protégé de son aile pour que je garde un maximum de chaleur. Bien que le début de la nuit fût fort tranquille je fus réveillé par des bruits étranges. En me relevant je m'aperçus que Dragon était aux aguets. Je me levai, dégaina une dague que j'avais gardé à la ceinture. Elle m'avait été offerte par Elrond, c'était une arme courte, mais rapide, les coups étaient puissants et mortels quand ils étaient faits par des elfes. Je me levai et tout sens aux aguets, je scrutais l'horizon, qui n'était qu'obscurité. Une branche craqua non loin de là. Je me dirigeai vers l'endroit où provenait le bruit, aussi silencieuse que possible. Je me cachai derrière un arbre qui se trouvait tout à côté. Un autre bruit, un peu vers la droite. Il était là, il se cachait tant bien que mal, mais c'était un avantage pour lui. Quoi que ce fût, je n'aurais su le dire. Je distinguai une ombre dans la lumière de la lune, il me suffisait de lui sauter dessus. Il se rapprochait silencieusement. N'avait-il pas vue Sarkan ? N'était-il pas effrayé ?

Je lui sautai dessus, et au moment où j'allais lui mettre la lame sous la gorge, j'ordonnai à Sarkan de craché un geyser de flamme. Ce qu'il fit admirablement. Mais ce que je vis méritais la peine de mort. Je venais de glisser ma lame sous la gorge du Prince de la Forêt, Legolas, Thranduilion. Je me relevai tout en lâchant l'objet, déshonoré par mon geste.

-Quel étrange rencontre, jeune elfe, dit-il en se relevant. Ou plutôt quel étrange accueil !

-Goheno Nin, Laegolas Thranduilion.

Je m'agenouillai à ses pieds, en signe de mon respect. Sarkan avança, faisant trembler le sol. Il renifla l'elfe et me tapa par la suite de son museau.

- Pourquoi t'inclines-tu Nerwen ? Me demanda le dragon.

-J'ai failli déshonorer mon peuple en tuant le Prince Legolas, Sarkan, dis-je en tremblant. Je mérite peine de mort au moment même.

- Ne vous méprenez pas, les erreurs sont humaines.

-Je ne suis pas humaine Prince, je suis une elleth, j'aurais dû vous reconnaitre. J'accepterais votre sentence, qu'elle me prive de la vie ou non, qu'elle m'envoie à Mandos, qu'elle me dépossède de toute liberté, de toute imor...

Il ne me laissa pas finir ma phrase. Il me saisit par le bras et me releva, me redonnant ma dague avec un sourire en coin. Il tourna la tête avec une grâce incomparable, regardant Sarkan qui renâcla face à cet étranger. Il s'approcha de lui, et leva la main avec douceur, comme on le ferait avec un cheval capricieux.

-C'est donc toi le fameux dragon, dit Legolas. Tu parais effrayant, mais je lis dans ton regard méfiance et curiosité à la fois. Comment te nomme-t-on ?

-Sarkan.

-Et d'où viens-tu jeune dragon ?

-D'Imladris, j'ai établi ma demeure aux pieds des Monts Brumeux.

Il toucha le museau de Sarkan. J'allais retirer la main du Prince quand Sarkan me retint du regard. Il se laissa faire. Legolas fit glisser sa main le long de ses écailles, l'examinant de haut en bas. Je le regardai en silence, je n'aimais pas qu'on le détaille comme cela.

-Daro i ! (Arrêtez), dis-je à l'intention de l'elfe. Anman carg ha ? (Pourquoi faites-vous cela ?)

-Na nîm minui govad ah amlug (c'est ma première rencontre avec un dragon), me répondit-il en continuant à observer Sarkan, Trenorgin pentch (racontez-moi votre histoire)

Je m'assis près du dragon qui venait de se coucher. Il ralluma le petit feu qu'il avait fait la veille. Legolas s'installa de l'autre côté du feu, et me fixa.

-J'ai trouvé Sarkan le jour de mon millénaire. Je parcourais les Montagnes Grises, j'étais alors très curieuse, avide de découvrir le monde. J'avais échappé à la vigilance d'Elrond le temps de quelques heures, ce qui me permit de partir à l'aventure. J'avais repérer des nains dans la montagne. Ils étaient sur la piste d'un dragon. Je décidais alors de les suivre, les dragons m'ayant toujours intrigué. La route était longue, et le blizzard commençait à apparaitre. Les nains allèrent rebrousser chemin quand on est tombé sur un nid. Náin II commença alors à briser les œufs, ce qui me mit en rage. J'arrivais à temps devant le nain et pu m'emparer de l'œuf de Sarkan. Après quelques échanges de lames, je parvins à fuir, et après un périple de plusieurs jours, à retrouver Imladris. Elrond m'attendait. A la vue de l'œuf, il devient froid, ne comprenant pas ce qui m'avait poussé à tel folie. Je gardai Sarkan dans ma chambre, Elrond se calma au bout de quelques semaines et vint voir Sarkan, me prodiguant quelques conseils et idées. Il eut éclos quelques mois après son arrivé à Fondcombe.

« Ce fut alors la partie la plus délicate pour Sarkan et moi. Lui apprendre que je n'étais une ennemie, ni même à manger fut long et fastidieux. Je partis à la chasse au début, pour lui trouver de quoi manger. Dès qu'il eut l'âge de m'accompagner, je lui appris à trouver de la nourriture comme l'aurait fait sa mère. Au fil des jours, Sarkan m'appris qu'il m'entendait, qu'il lisait dans mes pensées. Il m'apprit à communiquer par la pensée.»

-Vous pouvez m'entendre ? demanda l'elfe.

-Non, cela ne fonctionne qu'entre Sarkan et moi. Lui par contre, peut entendre les pensées des autres.

-Et vous en êtes arrivé à cette amitié si extravagante ?

Je regardai l'elfe et lui sourit. Pour moi, chaque race avait le droit à une seconde chance, à partir du moment où il arrive entre de bonne main.

La Terre du Milieu - Destins LiésWhere stories live. Discover now