Chapitre 2: Le Messager Ailé

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Ses écailles me tiraillaient les cuisses, ouvrant des plaies. Je me tenais tant bien que mal aux pics qui parcouraient le cou de Sarkan. Celui-ci se retournait parfois pour regarder l'avancer des choses. Il tenait entre des pattes la selle. Le palais du Roi Thranduil devait bien posséder un sellier-bourrelier. Je pourrais lui demander de me l'agrandir, ou j'avais bien peur que le voyage de retour ne se fasse à dos de cheval.

Soudain, la voix de mon vieil ami se fit entendre dans ma tête.

« Nerwen, te souvient-tu de cela ? »

Je fus surprise, légèrement dérouté, me faisant oublier la douleur le temps d'un dialogue mental.

« J'avais oublié, on en est toujours capable »

« Oui, cela sera bien utile avec ces elfes, je voudrais discuter avec toi et si des oreilles pointus et indiscrètes se montrent, je serais obligé de le dévorer... »

« Je t'ai déjà dit que je ne tolèrerai pas que tu manges un Elfe, homme, nain, ou tout autres créature »

« Tu m'autorise bien à dévorer des animaux. Et puis, Jeune Elleth, je te rappelle que je vis à mon bon vouloir, je n'obéis pas aux ordres. »

Le vieux dragon venait de me laisser dubitative. Je n'avais envie de lui répondre, ne voulant pas d'une guerre entre nous deux.

« Où est-on ? » lui demandais-je par la pensé.

« On arrive ! »

Il entama brusquement la descente, me forçant à redoubler ma prise sur ses piques pour ne pas risquer de chavirer. Des cris se firent entendre, et des flèches commencèrent à nous frôler. Notre entrée à Mirkwood allait se remarquer. Sarkan se redressa, franchit le manteau des arbres et atterrît, en plein dans la cour d'entrée de la cité de Thranduil. La porte de la ville était envahie d'archers. L'arrivé d'un dragon était plutôt mal vu suite à l'altercation qu'il y avait eu avec Smaug quelques décennies plus tôt. Même si les elfes ne s'y étaient mêler que de loin, la crainte et la haine étaient toujours présente. Je descendis de Sarkan et avança vers les archers, tous arcs bandés, prêt à tirer. Je m'arrêtai à une dizaine de mètre d'eux, porta ma main à mon cœur, et me présenta.

-Je suis envoyé par le seigneur Elrond de Fondcombe, ne craignez pas ce dragon, il n'est en rien votre ennemi. Je désire m'entretenir avec le roi Thranduil, Seigneur des elfes de la Foret Noire.

Un silence se fit, long pesant, me poussant à me mettre sur mes gardes. Je sentais mes forces me fuir, mes jambes s'engourdir. Je n'allais pas tenir très longtemps sur le qui-vive.

-Les dragons ne sont pas les bienvenues en Forêt Noire, veuillez repartir, sinon nous seront obligé de vous ôtez la vie.

Mes jambes chancelèrent, mais ce n'est pas pour autant que je ne tirai pas Amlugril. Haletante, la lame tendue vers eux, je les fixais, ne comprenant pas la réaction qu'ils pouvaient avoir face à l'un des leurs. Certes, je n'étais pas une Sindar, mais ma vie était éternelle, et mes oreilles pointues.

La blessure m'affaiblissait, mais je devais les prévenir. Avançant de quelques pas, j'entendis les arcs se bander un peu plus. Quand Sarkan gronda.

-Touchez à un seul de ces cheveux, et vous gouterez à ma flamme. Votre seigneur daignerait-il montré ses cheveux blonds, ou faut-il que je vienne le chercher de mes crocs ?

Je me retournais vers le dragon, et lui fit signe de s'éloigner.

« Envole-toi près du fleuve, je vais régler le souci, je te rejoindrais ce soir. »

La Terre du Milieu - Destins LiésWhere stories live. Discover now