Chapitre 6 : Un long trajet.

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Nous quittâmes Imladris le 26 décembre de l'an 3018, marchant calmement mais de façon soutenue pour les hobbits de la Comté. Je fermais la marche, pensant continuellement à Sarkan. La nuit, lorsque l'air était calme, j'avais parfois l'impression de l'entendre rugir. Le prince Legolas m'observait à chaque fois, mais ne me parlait pas. Devait-il comprendre ma peine ? Je restais silencieuse, ne parlant à personne. Tous me regardèrent bizarrement, ne comprenant pas pourquoi je ne prenais jamais part aux discutions. Le temps me semblait long, attendre, guetter, surveiller, protéger... Nous avions echangé quelques passes d'armes avec le prince Elfe, nous permettant de nous maintenir alerte. La nuit, nous les passions souvent ensemble, à guetter, prenant plaisir à discuter ensemble. Il me parla longuement de son amour de toujours, une certaine Tauriel, qui malheureusement pour lui s'était attaché à un autre. Cela nous faisait passer le temps. Quant à moi, je n'avais pas trouvé le courage de lui dire son père et roi ne me laissait pas indifférente, ce que je trouvais inapproprié.

Un jour, alors que nous faisions une halte, Frodon s'approcha de moi et me demanda, avec un peu de retenu.

-Lors du conseil, vous aviez parlé de me porter... Que vouliez-vous dire ?

-Je possédais un dragon, lui dis-je en le regardant, mais malheureusement, on me l'a retiré...

-Un dragon ?

-Oui, il s'appelait Sarkan, il était violet et d'une grande gentillesse.

-Avez-vous essayé de le retrouver ? Me demanda le hobbit.

Son air sincère me vola un sourire. Il semblait s'intéresser grandement à notre histoire.

-Non, je n'en ai pas eu l'opportunité.

-J'ai déjà entendu des histoires de dragons. Bilbon m'en racontait quand j'étais enfant, un grand dragon de feu, recouvert d'or, qui a lui seul a réussi à détruire un village avant d'être abattu. Il me parlait aussi d'une grande bataille sur le flanc d'une montagne.

- Ce cher Bilbon vous a raconté l'histoire de Thorin et sa compagnie. Toutes les personnes de la Terre du Milieu devrait la connaitre. L'appel de l'or est impur, il pourrit les cœurs les plus nobles. D'où mon interet de retrouver Sarkan, pour lui épargner l'attrait de l'or.

-Je suis persuadé que vous retrouverez votre ami, ma Dame. Vous semblez tout deux accompagné d'un destin lié.

Je le regardai, retenant mes larmes, et me leva pour m'éloigner du groupe. Je sentis les regards se poser sur mon dos, fuyant leurs questionnements, leurs curiosités. Me parler de Sarkan m'avait touché au plus haut point, me replongeant dans ma peine. Je descendis dans un petit bosquet, cherchant à m'isoler le plus loin possible. Je continuai à marcher jusqu'à atteindre un fleuve, m'asseyant au bord. L'eau me ferait du bien, provoquant en moi une sensation de quiétude. J'enlevai mes bottes, et m'y trempa les pieds. Comme je m'y attendais, l'eau me relaxa, et je fermai les yeux, oubliant ce qui m'entourait. Soudainement, je me sentis lourde, mon corps s'engourdissant, perdant de sa légèreté elfique. Jamais de ma longue je ne m'étais senti aussi faible. Ma tête devenait lourde et je sombrai dans le sommeil. Je ne pouvais lutter.

Je me réveillai, couché sur les galets. Il se faisait tard, et remonta ou les autres avaient monté le camp. Lorsque j'arriva sur le plateau où la halte avait été faite, il n'y avait aucune trace de vie. Le camp avait été démonté rapidement, et la compagnie était parti. Sur le sol, une multitude de plumes parsemait la terre. Me saisissant d'une, je l'observais, cherchant un indice. Leurs couleurs d'un noir profond, et la sensation rêche qu'elle produisait ne pouvait émettre de doute. La compagnie avait été attaqué par des Crébain du Pays de Dun. J'observais alors la montagne, frontière inhospitalière entre l'Eregion et l'Est de la Terre du Milieu. Le seul souci était de savoir par où il était parti. Le Col de Caradhras, ou par la trouée du Rohan ? Si des Crebain avaient été envoyé, Sarouman nous surveillait. Il ne me restait qu'une chose à faire, demander conseil à Elrond, et donc de faire demi-tour, et de rejoindre Imladris.

Lors de mon deuxième jour, je sentais mon corps s'affaiblir, devenir lourds, comme lester de plusieurs poids. A peine avais-je courus deux heures que je dus m'arrêter, trop épuisée. Je me mis à l'abri d'un bosquet, et attendit que mon corps daigne me porter. Il le fallut, car une bande d'orcs, qui passait, m'empêcha de me reposer.

-Au Caradhras Bande de Chiffe-Molles, vous avez entendu les ordres du Magicien Blanc !!

Je me relevai, et d'un bon, je réussi à attraper une branche, et à me hisser tant bien que mal dans l'arbre. Je tirai Amlugril, et la coinça entre mes dents. Cette épée avait un équilibre si parfait que je pouvais en faire ce que bon me semblait. J'attendis donc que cette horde passe, pensant qu'il n'allait me flairer. Malheureusement, le vent, porté par l'air de la montagne, joua en leur faveur. Leur chef leurs fit signe de s'arrêter et renifla l'air. Il regarda tout autour de lui, quand un de ses sbires demanda.

-Que se passe-t-il ? Pourquoi t'arrêtes-tu ?

-Un elfe, cracha leur chef, tout en reniflant.

-Et où se trouve-t-il, je n'ai jamais gouté la chair d'un elfe. Il parait que c'est délicieux.

-Là, s'écria leur chef, levant le doigt dans ma direction.

Je réagis sans plus attendre, sautant au sol, poignée d'Amlugril en main. J'atterris sur un orc, dont la tête vola la seconde suivante. Un autre s'approcha de moi par l'arrière, il fut transpercé, et un autre tranché. Les coups allaient vite, mais il était bien nombreux. Alors qu'un tas de cadavres noir, puant, et sanguinolent se fessait devant moi, je saisis l'opportunité pour m'aider de la nature.

-Tàva, Lé eccoitila (Arbres, réveillez-vous)

Ce qu'ils firent avec brio. Ils saisirent les orcs, et les tordirent dans tous les sens, les os craquent, les muscles se déchirant, les victimes criant leurs morts. Rapidement, la dizaine d'orc qui était venu à ma rencontre gisait sur le sol. Ce spectacle me dégoutait, mais pour ma survie, il avait été nécéssaire. Je saisis mon épée, la rangea dans son étui, et reparti de plus belle en direction d'Imladris.

Le retour dura 4 jours, moins de la moitié du temps que l'on avait mis à l'aller. J'arrivai à Imladris sous la neige. Elrond m'attendait, ayant vue mon retour. Il s'avança prestement, et m'interpela.

-Nerwen, Que s'est-il passé, ou est la compagnie ?

Je me laissais choir sur les genoux, mon Hroa ne supportant plus le poids de mon âme. J'alletais, laissant les frissons saisir l'intégralité de mon corps.

-Je ne sais pas, je me suis dirigé vers un ruisseau qui ne coulait pas loin du camp. J'ai bien peur que Sarouman ait ensorcelé les cours d'eau... Je suis tombé de fatigue, d'un seul coup...

- Comment te sens-tu ?

-Troublé, j'ai l'impression de ne plus être une elfine, je me sens.... Lourde.

- Approche-toi, me dit le seigneur.

Je fis de pas dans sa direction, puis il appuya sa main sur mon front. Il fredonna quelques paroles, et rouvrît les yeux. Je sentis mon corps se délester, et retrouver mon habilité. J'avais encore quelques raideurs, mais Elrond m'assura qu'elle allait partir après quelque repos.

-Je ne peux pas attendre qu'elle me libère, lui lançais-je. Il me faut partir, il me faut rejoindre la compagnie.

-Non, ne part pas à leur recherche. Je vais avoir besoin de toi pour une autre tache.

-Mais le porteur de l'anneau ? il faut le protéger, l'aider !

-Ne penses-tu pas qu'il est bien entouré ? J'ai besoin de toi pour prévenir Thranduil d'une grande menace envers son royaume.

-Ne pouviez-vous pas me le signaler lors de mon premier voyage ? le piquais-je farouche.

-Je ne la pensais pas si vive. Les forces de Dol Guldur se sont réveillés. Bientôt, la Forêt Noire et la Lorien ne pourront faire fasse à leur puissance. Sans compter que le bastion de Gundabad est toujours actif.

J'observais Elrond, essayant de déterminer l'expression de son visage. De l'inquiétude, de la peur, du désarroi, je n'arrivais à distinguer. Mais il était tourmenté, et chez le Seigneur d'Imladris, cette sensation était étrangère.

-Je vais y galoper Monseigneur, en espérant ne trouver aucun obstacle sur ma route.

-Tu les franchira, je n'en doute pas. Et tu risques de trouver de grandes réponses lors de cette quête. 

La Terre du Milieu - Destins LiésWhere stories live. Discover now