Chapitre 5: John Duff

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Le directeur regarda la porte se claquer à son nez avant même qu'il puisse voir ne serait-ce que la réaction de la jeune fille face à cette intrusion. Il se retourna et, s'adossant au mur, réfléchissant. Depuis que cette petite peste avait franchi les portes de son orphelinat, beaucoup de choses avaient changé. Heureusement, rien ne s'était sut au grand public si bien que l'orphelinat avait encore sa réputation. Petite peste... Depuis quand le directeur osait insulter ses enfants. Ah ! Oui bien sûr, depuis qu'elle était entrée dans sa vie. Jamais un enfant compliqué, ayant déjà sombré n'avaient franchi ses portes. Alba était la première, et le directeur espérait ne jamais plus en avoir. Ces enfants-là devraient être placés directement dans un centre spécialisé. Ils ne devraient pas côtoyer des enfants normaux. Le comportement d'enfants « spéciaux » pourrait déteindre sur celui des enfants « normaux ».

Et c'était la raison pour laquelle le directeur laissait avec soulagement Alba s'enfuir et ne revenir que le soir. De cette façon, personne, public ou enfants ne la voyaient et ne pouvaient demander à lui parler ou pire ! A l'adopter ! Enfin, songea-t-il. Il ne faut pas se voiler la face, cette gamine est loin d'être adoptable.

J'y pense ! Je n'ai même pas précisé qu'Alba était muette ! Bah ! Tant pis cela le fera juste sortir plus vite et tant mieux.

***

Monsieur Duff entra dans la chambre refermant vite la porte derrière lui. Il observa la pièce se tenant devant lui. Il ne s'attendait certainement pas à cela pour une aussi jeune fille.

La pièce était rectangulaire. Un des murs n'était en fait formé que d'un épais rideau et non d'un mur. En face de Duff, se trouvait contre le mur une fenêtre avec en dessous un radiateur. Un peu éloigné du mur, se trouvait un petit bureau en bois, avec une chaise simple de cours sur (le quels) laquelle se trouvait la fameuse jeune fille qui venait de se redresser, surprise. Elle se colla au radiateur, méfiante.

Sa réaction est la même que celle d'un poulain sauvage. Songea monsieur Duff.

A droite de la porte menant au couloir, il y avait une petite gazinière ne fonctionnant peut être pas. Et autour, des placards beiges.

Il y avait sur le mur de gauche une bibliothèque, vide, comme pour la plupart des chambres que l'éleveur avait visitées.

L'intrus observa tranquillement la chambre, ouvrant les tiroirs, testant la gazinière, qui marchait, et marchant à travers la pièce tout en observant Alba de côté. En fait, il utilisait exactement la même technique que celle qu'il utilisait en Amérique pour dompter des chevaux sauvages.

Pour toute réaction, la jeune fille l'observa, ne lâchant pas du regard ses moindres faits et gestes, le jugeant. Comme le ferait un cheval sauvage, un humain différent des autres se tenait devant elle et cela l'intriguait. Elle était méfiante mais curieuse de connaitre le pourquoi du comment de cet homme.

Finalement, elle se redressa, avec dans les yeux un éclair de compréhension et de joie bien que vite refoulé derrière son masque. Méfiante, elle fit :

-Tu fait quoi ?

-Et toi ? Répondit tranquillement l'éleveur sans se formaliser du manque de politesse, en s'arrêtant et fixant la jeune fille.

La brune hésita (il ignorait son mutisme!), puis, doucement, elle passa le long de son bureau et sortit ainsi de sa couverture protectrice. Elle le fixa, le mettant au défi de faire un faux pas, juste un seul...

Mais Duff, n'en fit pas. Il s'adossa au plan de travail et observa la jeune fille exprimant ainsi l'attente de parole de la part de son interlocutrice. Ce qui, ne tarda pas à venir :

Alba VicompteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant