Alba Vicompte

Chapitre 1: L'enfant maudite

Les premières semaines passèrent vite dans cet orphelinat. L'arrivée d'une nouvelle n'aurait pas dû changer grand-chose aux habitudes bien ancrées des personnes vivantes et(\où) travaillant dans cet endroit. Malheureusement, cela changea. Alba montra très vite aux autres humains qu'elle ne voulait pas le moindre contact de quelques manières que ce soit avec qui que ce soit. Elle refusa aussi de participer en cours. Pas seulement en refusant de participer ce qui était normal étant donné qu'elle ne parlait pas, mais la jeune fille refusait aussi d'écrire quoi que ce soit, que ce soit de prendre les cours ou de remplir les évaluations. Puis, au bout d'une semaine et demie, à la récréation de 10h 20, la jeune fille refusa de rester seule dans la cour, et, sous le regard des autres élèves et des surveillants, elle grimpa sans mal la clôture entourant la cour. Sans hésiter, une surveillante passa par l'accueil afin de courir derrière cette enfant.

Reviens !! Ils sont sauvages ! S'exclama-t-elle en voyant Alba passer au-dessus des barrières en bois délimitant le parc naturel.

La jeune brune regarda autour d'elle une fois dans le parc naturel, émerveillée. La surveillante s'était arrêtée aux barrières, apeurée par la possible entrée en scène du troupeau sauvage. Comme ceux-ci n'arrivaient pas, elle se décida à passer la clôture. Elle se précipita -effrayée par sa propre présence dans ses lieux- vers Alba. Celle-ci, pas d'accord pour partir se mit à courir dès qu'elle aperçut la surveillante.

Soudain, voyant un enfant se faire poursuivre par un humain adulte, un bruit de cavalcade se fit entendre. Les chevaux fonçaient sur la personne énervée, sentant ses émotions, un mélange de peur inspiré par les lieux et de colère inspiré par sa proie.

Ils chargèrent la pauvre femme qui, aussitôt qu'elle aperçut les animaux, hurla de terreur et, oubliant totalement l'enfant qui courait toujours dans le but de fuir, fit demi-tour et se précipita vers les barrières qu'elle passa en se jetant entre deux piquets de bois. La jeune femme travaillant dans l'orphelinat regagna l'accueil sans demander son reste.

Alba, pendant ce temps, s'était arrêtée et observait les chevaux, fascinée.

Ces équidés, n'étaient pas réellement sauvages, mais simplement relâchés la moitié de l'année afin d'entretenir ce parc naturel. L'été, ils servaient, à promener des touristes.

Ils s'approchèrent donc d'Alba et reniflèrent la main que la jeune fille avait tendu. Quand les chevaux se furent légèrement reculés, laissant respirer l'enfant submergée. La brune s'avança doucement vers les chevaux et caressa un hongre, émerveillée par la beauté des chevaux, pourtant sales à cause de l'environnement des marais.

Elle passa tout l'après-midi avec eux. Quand enfin, elle ressortit de l'enclos, elle fut froidement accueillie par le directeur et la surveillante qui lui passèrent un savon durant près d'une heure sur les risques qu'elle avait encourus en allant dans l'enclos de ses immondes animaux sauvages comme dit la surveillante qu'Alba détesta immédiatement.

Alba ne pris pas d'autre punition. Le lendemain, elle se précipita dans le parc naturel avec le troupeau sauvage afin de s'échapper de sa vie qui doucement mais sûrement devenait un enfer.

Chaque jour, Alba voyait arriver des parents, près à adopter. Chaque jour, le directeur ne prenait même pas la peine de présenter Alba aux adultes. Préférant des élèves qui étaient plus gentils, plus jolis, qui travaillaient mieux ; des enfants qui parlaient... Eux, les autres, n'avaient pas vécu de chose aussi terrible. La plupart ne connaissaient simplement pas leurs parents. Ils en avaient de la chance...

Quand Alba les voyait se plaindre elle voudrait leur dire à quel point elle aurait aimée être abandonnée à la naissance, avant même de connaitre ses parents... Ses chers parents...

Quand Alba regagnait cet enclos, ce troupeau, elle avait l'impression de gagner une nouvelle vie, sa vie, celle où elle avait réellement une place. Petit à petit, semaine après semaine, Alba allait de plus en plus au parc, plus longtemps, partant plus tôt dans le froid hivernal, rentrant plus tard, dans la nuit noire.

A chaque fois qu'elle revenait, elle avait le droit à une punition. Tout d'abord, il y eu les travaux à rendre. Alba ne les remplissait pas. Non pas qu'elle ne les comprenait pas, loin de là mais elle ne s'intéressait pas du tout à cela. Alors le directeur lui infligea des heures de colles. La brune en profitait pour dormir, rêver ou bien encore préparer sa prochaine sortie.

Les mois se mirent doucement à défiler. Le soleil se levait tous les jours, il se couchait ensuite, le soir venu. Les saisons aussi défilaient, passant de l'automne à l'hiver puis, de l'hiver au printemps. Alba, comparée aux autres enfants, ne vivaient pas dans l'espoir de voir arriver un beau jour SA famille, celle qui l'adopterait. Elle ne prenait que très peu en compte les saisons. Alba ne déprima pas en voyant Noël arriver en se disant que cette année encore elle ne le passerait pas dans une famille. La jeune fille s'assurait toujours de s'enfuir avant les rares sorties scolaires qu'avaient les enfants. La brune s'enfuyait toujours plus, toujours plus loin, jusqu'à ce qu'un beau jour, en avril, elle arrive à la ville. Les chevaux du troupeau étant déjà débourrés, Alba avait finalement réussi à les monter.

Ce jour-là, elle sortit du parc naturel et se mit à déambuler dans les rues de la petite ville. L'orpheline entra finalement dans une boutique de livre librairie. Le magasin avait tous les meubles faits de bois sombre de sapin. Des livres trônaient partout où Alba posait ses yeux. Il y avait le long des murs, de gigantesques bibliothèques montant jusqu'au plafond. On accédait aux livres les plus en hauteur grâce à plusieurs échelles disposées un peu partout.

La boutique semblait vide, inanimée. Alba se mit à déambuler parmi les rayonnages et regarda les livres. Elle finit par tomber sur un documentaire dédié au chevaux. Aussitôt, la jeune fille le prit, s'assit dans un fauteuil et se mit à lire.