Chapitre 6: Est-ce vrai ?

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John sorti de la chambre, refermant la porte derrière lui :

-On passe à l'étage du dessus ? Les enfants auront entre 15 et 17 ans. Ils partent de l'orphelinat...

-Je vais adopter Alba.

-na à 18 ans... QUOI ?! Bien sûr que non ! Cette petite est inadoptable !! Elle ne parle même pas, vous l'avez bien vu, non ?

John marqua une pause. Cette petite ne parle même pas ? Il jeta un coup d'œil vers la porte puis compris.

Elle avait compris qu'il n'était pas simplement un parent voulant sortir de l'orphelinat un gentil garçon ou une gentille fille. Cette petite était décidément très spéciale. L'éleveur se tourna vers le directeur puis fit, d'un ton toujours aussi bourru :

-Elle n'est pas encore jugée inadoptable, si ?

Bien qu'hésitant, le directeur fini par répondre, de plus en plus étonné :

-Et bien, non, mais je croyais que vous vouliez un enfant qui s'y connaissent en chevaux, ce n'est pas cette jeune fille solitaire qui y connait la moindre chose.

-Vous ne connaissez absolument pas les résidents de cette orphelinat...

-Comment oser vous !? Oh ! Et puis vous savez quoi !? Adopter la ! Emmenez-la loin d'ici ! Et n'osez pas venir ramper à mes pieds pour que je la reprenne ! Pas de période d'essai avec elle !

-Je n'en ai pas besoin.

Le directeur, furieux contre cet imbécile qui pensait mieux connaitre que lui ses propre résident, mis à la disposition de la jeune fille des sacs pour embarquer ses maigres affaires, puis descendit signer les papiers dans son bureau.

***

Alba, qui avait pris soin de rester assise à son bureau quand le directeur était rentré poser des sacs, sans même un regard pour lui, se leva et se tourna vers sa fenêtre.

La jeune brune observa le troupeau qui avait sauvé sa vie et plus loin derrière, la ville, qui lui avait redonnée la parole et un semblant de présence dans ce monde si étendu. Alba allait-elle vraiment quitter son troupeau ? Le pouvait-elle ? Et pour quoi au fond ?

La jeune fille se laissa tomber sur son lit, hésitante. Sa vie avait pris un semblant de sens avec ce travail, ses chevaux et ses fugues. Puis, cet abruti de directeur avait trouvé l'idée du siècle en l'enferment et en contactant les services sociaux pour la placer en maison de redressement. Alba avait entendu parler les autres enfants et ses livres, elle n'avait aucune envie d'allez là-bas. Mais elle avait pensée s'enfuir le jour où ILS viendraient la chercher. Jamais elle n'avait songée à être adoptée avant. De quel droit cet homme arrivait et chamboulait tout ? Quitter Isabella, la bibliothécaire, son troupeau de chevaux, la vie qu'elle avait commencée ici.

Tout était à nouveau chamboulé dans la vie de l'adolescente de 13 ans qui regardait passer l'hiver par sa fenêtre, observant lors de ses heures de liberté, la ville qui emmenait dans sa dance endiablé tous ces gens regardant avec amour leur pieds comme s'ils allaient disparaitre. L'orpheline avait toujours été loin de tous ça, loin de la « vraie vie ». Elle n'était pas comme tous, coller dans les rails de la société, à suivre les lois sans poser de question et à toujours viser le bonheur que beaucoup ne trouvait jamais. Que se passait-il quand quelqu'un réussissait à gagner les abords du grand fleuve appelé société ? La plupart des gens ne se posaient même pas la question, ils se contentaient de se mettre dans un radeau, le plus grand possible et de se laisser porter. Attrapant des bouts de radeaux flottant appelés diplôme, travail et famille afin de construire un radeau plus grand et de se rendre plus important sur ce fleuve sans vie. De prendre plus de place.

Mais certaines personnes dont Alba, ne se penchaient pas pour attraper ces bouts de radeau. Non, elles se laissaient voguer, indifférentes. Attendant que, à leur tour, elles sombrent dans l'eau et que leur radeau serve à d'autres.

Mais, dans cette jolie logique, il y avait un HIC, sans même le vouloir, Alba avait peut-être attrapé un bout de radeau. Elle l'observa, que faire ? Peut-être le mettre sur son radeau afin de le consolider ? Ou bien le remettre à l'eau. Mais serait-ce le destin ? Jamais Alba avait attrapé un bout de radeau, elle n'avait pas même essayé. Alors ce n'était pas grâce à elle ou sa faute ce qui arrivait. Peut-être le destin existai-t-il ? Se laisser bercer avait été si facile. Mais c'était fini. Alba avait un choix à faire.

Et puis, pourquoi le destin l'avait touché, elle ? N'était-elle pas Alba sans nom, l'inadoptable, la muette, la solitaire, la rebue de la société ?

Cet homme, qui ne la connaissait pas arrivait et l'emmenait. Oui c'était bien beau. Le début d'une belle histoire, me direz-vous ? Mais quand il en aura marre d'elle, elle se retrouvera à la rue, ce qui n'est pas mieux...

Alba se redressa et observa la porte comme si la réponse à toute ses questions se trouvait dessus. Malheureusement, rien n'apparut. Au contraire d'autres questions entrèrent dans son cerveau, sournoisement. Fallait-il vraiment que Alba prépare ses valises ? Le directeur acceptera-t-il de la laisser partir ?

Heureusement, ses questions-là étaient facile à réfléchir. Non, Alba n'allait pas faire ses valises au cas où la porte ne s'ouvrait jamais. Le directeur avait accepté de laisser John parler à la brune alors pourquoi ne la laisserait-t-il pas partir ? Alba se releva totalement puis s'approcha de son bureau. Elle observa le troupeau brouter en bas, dans le pré tout en laissant sons cerveau éloigner ses questions dérangeantes. Alba se contenta d'observer les chevaux en s'efforçant de ne plus réfléchir au problème qui de toute les manières s'imposerait en temps voulu.

L'orpheline, observa ce troupeau, ils avaient été sa famille jusqu'à présent, son amour pour eux avait grandi au fil des années qui étaient passée. Et elle, allait les quitter sur un coup de tête.

Je les aurais quittés de toute manière... Songea-t-elle. Et puis, jamais la jeune fille ne s'était laissée dépassée par ses sentiments, ça n'allait pas commencer maintenant. Elle se retourna et s'assit, refusant de continuer à s'enfoncer dans les méandres de ses pensées.

Alors que la soi-disant muette lisait, sa porte se rouvrit pour la troisième fois de la journée et deux hommes entrèrent dans sa chambre. La jeune fille sur ses gardes, ne sursauta pas, se contentant de lever la tête. Le directeur, ne lâcha pas l'orpheline du regard, très curieux de découvrir sa réaction.

John s'avança et alors qu'il s'apprêtait à parler, le directeur le coupa :

-D'où vient ce livre !?

-Alba, tu viens, on part aujourd'hui. A moins, bien sûr que tu préfères rester ici. Fit John, pour la deuxième fois de la journée ignorant superbement le directeur.

Alba se leva et hocha la tête :

-Je dois préparer mes valises mais j'arrive. Elle se dirigea ensuite, vers le rideau qu'elle ouvrit et commença à faire ses valises sans plus de joie.

Le directeur observa les deux personnes se tenant avec lui dans la petite pièce. John vidait les placards pleins de nourriture et rassemblait le tout dans des sacs de courses. Le désormais père adoptif d'Alba ne montrait aucune joie particulière ni aucun étonnement face à ses placards contrairement à l'effarement du directeur. La jeune fille, quant à elle, sans montrer plus d'émotion que l'homme, rassemblait dans une valise des tonnes et des tonnes de livres étant apparu là comme par magie.

Le directeur ignorait ce qui était le plus étonnant dans tout cela. L'absence totale de sentiment joyeux ou pressé, l'apparition de tous les objets, aussi bien nourriture que livres qui continuaient de se multiplier sans interruption, ou encore que John semblât s'y attendre et avait ramener plein de sac de sa voiture en plus de ceux de l'orphelinat et que tous ces bagages ne gênaient à aucun moment l'adulte prêt à emmener la jeune fille loin d'ici.

Alba VicompteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant