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Aujourd'hui c'est le grand jour. Voilà maintenant bien un mois que je n'ai pas vu ma mère qui était en déplacement pour la promotion de son nouveau film. En attendant son retour j'ai sagement enchaîné les shootings photos et campagnes marketings de multiples marques en compagnie de ma tyrannique de manager, Claudia. C'est dingue la charge de travail qu'elle me donne à la semaine. Je n'ai jamais plus d'un jour de tranquillité et si jamais j'en obtient plus, vous pouvez être sûr qu'elle mettra en place des brunchs, soirées, galas ou autres événements barbant qui servent à se faire connaître du gratin Hollywoodien. Je suis souvent en déplacement mais la plupart du temps je réside à Hollywood avec ma mère mais comme celle-ci n'est pas là, je loge chez Claudia et j'avoue qu'au bout de quatre longues semaines, je commence sérieusement à saturer. Chaque soir c'est la même chose, elle se couche à des heures pas possible en raison de son activité favorite : les parties de jambes en l'air. Peut-être croit-t-elle que je dors dépassé minuit mais je suis une adolescente. Qui dort à cette heure-ci ? Et chaque soir j'ai l'impression que c'est une nouvelle fille car les lendemains matins ce n'est jamais le même visage que celui de celle de la veille. Pourquoi est-ce que je vis chez ma manager ? Et bien c'est simple, il s'avère qu'elle se trouve être également ma tante. Et oui Claudia Greten est la sœur de Carla Greten-Von Aswen.

Face à l'immense baie vitrée j'observe le ciel grisonnant. Ce n'est pas un super temps. Assez vite, Claudia le fait remarquer en entrant dans la pièce.

— Le soleil n'est pas au rendez-vous aujourd'hui... C'est bien dommage. J'espère que tu n'as pas prévu de porter cette tenue ?

— Pourquoi ? On va juste à l'aéroport et on rentre non ?

— Chérie, nous avons un brunch de prévu aujourd'hui.

— Mais je pensais que tu allais annuler pour le retour de maman.

— Elle y participe aussi. File te changer et arrange moi tes cheveux. Tu sais quoi, prends toi une douche, voire un bain tu as des cernes affreuses.

A qui la faute ? Je me dirige vers la salle de bain en traînant des pieds. C'était trop beau pour être vrai. Depuis quand ma mère a du temps pour moi ?

Dans cette famille nous avons tous de l'affection les uns envers les autres mais pour ce qui est de la montrer c'est une autre paire de manches. Surtout pour Claudia. Je crois que c'est la pire. Je sais qu'elle m'aime bien mais si elle pouvait se passer de devenir ma tutrice le temps des voyages de ma mère elle le ferait. Pour elle, être simplement sa source de revenu lui suffi amplement. Et vu la cadence de travail qu'elle s'inflige elle n'aurait pas le temps de sympathiser avec sa nièce.

L'eau chaude et parfumé me procure un bien fou. J'aime cette sensation de bien être mais la sonnerie de me téléphone me ramène bien vite dans la réalité. J'observe l'écran et le nom de Yaëlle s'y affiche. Je m'empresse de décrocher en veillant à sécher mes mains sur la serviette attenante à la baignoire.

— Salut beauté ! Alors, prête à lui annoncer ?

— Tu parles... Claudia a encore organisé un repas à la con. Je vais avoir du mal à obtenir l'attention de ma mère.

— Oh aller, t'es Queen bee après tout, qui lui résiste ? Tu vas y arriver.

— Oh je t'en pris arrête avec ce surnom, ça fait plus de dix ans... De toute façon il ne me reste plus beaucoup de temps si je veux pouvoir m'inscrire à temps.

— Ca va aller, si tu as besoin de soutient je suis là ! Et puis j'ai déjà un peu briefé mes parents, ils seraient enchantés de t'accueillir !

— Arrête de me faire rêver, les matriarches n'ont pas encore dit leur dernier mot...

— Courage, on s'appelle ce soir.

Je raccroche et ferme les yeux un instant avant de glisser ma tête dans l'eau. Pourquoi faut-il que tout soit aussi compliqué quand il s'agit du monde réel. Ma mère ne veut jamais en entendre parler. Depuis toute petite je n'ai jamais eu de vie « normale ». C'est vrai quoi, j'ai tout les droits, sauf de vivre une vie normale. L'autorité n'est pas le fort de la famille, enfin quand il s'agit boulot ou réputation là c'est une autre histoire. Mais pour ce qui est de mon éducation j'ai toujours eu le droit de faire ce qui me chantait. Bonne ou mauvaise méthode ?

Je déteste par dessus tout le petit peuple mais vous savez ce qui me fascine chez eux ? C'est qu'ils sont à ma merci. Ils sont à la merci des gens influents comme moi, ma mère, ma tante, mon père et ainsi de suite. Malheureusement je suis un peu trop jeune pour me faire une place aussi influente que celle de ma mère dans le monde du show-biz. L'échelle que j'ai trouvé est plus raisonnable mais pour cela il faut que je puisse faire un petit break dans ma carrière, juste le temps d'un an. Mais pour ma gouverne, je tiens à préciser que cela n'est pas ma seule motivation. Loin de là. C'est juste un petit détail en plus non négligeable. Non, en réalité, cela fait quelques mois que je projette de passer ma dernière année d'étude dans un véritable lycée.

Depuis petite, je n'ai jamais connu l'école, j'ai toujours bénéficié de cours particuliers. Mon niveau est certes excellent mais je souhaiterai découvrir le monde dans lequel vit Yaëlle. Yaëlle c'est donc ma meilleure amie. Cela fait maintenant trois ans que nous nous connaissons. Elle et sa famille sont les seuls pour qui j'ai de la sympathie car attention, roulement de tambours... Ils ne sont pas du tout connus et encore moins riches. Ils sont tout ce qu'il y de plus banal. Mais que voulez vous, les coups de foudres ne se contrôlent pas. Le fait que je vienne de ce milieu n'a jamais dérangé Yaëlle ainsi que ses parents et nombreux frères et sœurs. Ils m'ont tous traité dès le premier jour comme quelqu'un de normal et c'est ça qui m'a donné envie de goûter à la vie normale. Au départ, c'est vrai, je ne les ai pas prévenu de mon identité, mais au fil du temps et des sorties de magazines, ils ont vite compris.

Yaëlle et moi nous sommes connues par pur hasard lors d'un de mes nombreux voyages, cette fois-ci en Espagne. Elle y a de la famille là bas et s'y rendait donc en vacances. Nous nous sommes rencontrées lors d'une exposition. Nous nous faisions toutes les deux affreusement — excusez moi du terme — chier. Nous nous sommes donc échappées de la salle et nous sommes retrouvées à errer et discuter dans les rues de cette magnifique ville où nous nous trouvions. Cela me faisait du bien de tomber sur quelqu'un qui ne faisait pas partie du même monde que moi. Elle ne savait pas qui j'étais et cela m'allait comme ça. Nous sommes restées en contact après ça et j'étais tellement heureuse d'avoir enfin une vraie amie. Sans compter que j'ai appris par la suite qu'elle habitait à Miami, là où se trouve ma vraie maison, celle dans laquelle j'ai grandi. Nous nous y sommes donc revues plusieurs fois lors de mes retours furtifs. Mais en ce moment tout ça me manque, Miami me manque, Yaëlle me manque, la simplicité de sa vie me manque...

Aujourd'hui, j'ai donc prévu de parler de mon projet à ma mère mais au vues des événements qui s'annoncent je devrais attendre au moins ce soir. A moins que je ne trouve un moyen pour attirer son attention...

Queen beeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant