Queen bee

- 1.4 -

Le trajet dans le taxi se faire encore une fois dans le silence, mais pas que pour moi. Personne ne parle. Personne n'ose affronter le regard de Claudia qui semble menacer d'exploser à tout moment. Quand elle est contrariée, c'est une vrai bombe à retardement. Le simple fait que j'ai encore refusé de collaborer avec Lily's cosmetics l'a fait sortir de ses gonds. Éprouve-t-elle vraiment quelque chose pour ce grand vieillard aux cheveux blancs ?

Une fois chez Claudia, ma mère et elle se dirige dans le salon et ferme la double porte derrière elles afin de me faire comprendre que je ne suis pas conviée à leur discussion. Comme si je ne savais pas qu'elle allait parler de moi. C'est toujours le même refrain. Claudia aura encore le dernier mot, comme toujours. Ma tante a toujours eu une forte autorité sur ma mère et ce depuis toutes petites. Leurs parents n'étant pas énormément présents pour elles, voilà que maman Claudia a joué les sauveuses. Claudia est sept ans plus vieille que ma mère, ce qui explique sont petit air supérieur à chaque fois qu'elle lui fait un reproche.

Quelques minutes s'écoulent et je ne vois toujours pas la porte s'ouvrir malgré mes petits regards furtifs depuis la cuisine. Pendant ce temps interminable de discussion sœur-sœur, je décide de faire quelque chose qui mettrait Claudia encore plus hors de ses gonds : manger de la malbouffe. Je sais qu'elle cache dans le fin fond de ses placards de la patte à tartiner et Dieu sait que j'aime ça ! Je sais qu'elle en consomme lors de ses coups de blues à cause des ses désastreuses conquêtes. Ma tante est certes une coureuse de jupon mais elle n'en est pas moins fleur bleue, surtout quand il s'agit des femmes, mais apparemment elle aime bien aussi les hommes. A moins qu'elle n'ait essayé de lui faire du charme pour une toute autre histoire. Je m'en fiche à vrai dire.

A peine ai-je eu le temps de porter la première cuillerée chocolatée à ma bouche que la porte s'ouvre d'un coup, claquant contre le mur. Je relève les yeux pensant voir Claudia ou ma mère furieuse mais non. Je les vois toutes les souriantes. Bien trop souriantes. Mais qu'ont-elles bien pu se dirent ? En général il n'y a pas de match nul. Claudia s'assoit à côté de moi, s'empare de ma cuillère et rebouche le pot de patte à tartiner avant d'essuyer le coin de ma bouche de bout de son pouce.

— Remange encore une fois ma patte à tartiner et je te fou mes doigts au fond de la gorge pour te la faire dégueuler.

Gênée par ses propos, j'ai un mouvement de recul puis lance un regard d'au secours à ma mère non loin de là. Elle me regarde avec bienveillance puis d'un hochement de tête me signifie qu'il faut que je laisse couler et que j'écoute ce que Claudia a à me dire.

— On va faire un compromis, tu veux bien ?

— Quel genre de compromis ?

— Si tu deviens égérie de Lily's Cosmetics tu auras le droit d'intégrer le lycée que tu souhaite.

— Pardon ?! C'est vrai ? Maman elle a raison ? C'est vraiment vrai, tu es d'accord ?

Ma mère me regarde en souriant et hoche à nouveau la tête pour me confirmer une réponse positive. Je n'y crois pas, comment ont-elles pu changer d'avis aussi vite ? C'est génial ! Peut importe si Lily's Cosmetics ne me correspond pas, je vais aller au lycée avec Yaëlle et ça c'est le plus beau des cadeaux !

— Claudia... Pourquoi est-ce que tu tiens tant à ce que je collabore avec eux... ?

— J'ai une dette envers cette famille. Et c'est pour ça que ta mère s'est rapproché de son fils. C'est... Stratégique, mais ce ne sont pas tes histoires. Ne me pose pas de questions sur ce sujet tu n'auras aucune réponse de ma part, ni de celle de ta mère. Je veux simplement que tu me promette de collaborer avec eux. Tu ne t'engage que pour deux campagnes. Une peu après la rentrée et une pour la nouvelle année. Qu'est-ce que tu en pense ?

— Carrément ! J'en reviens pas ! Vous me laissez vraiment aller au lycée...

Rêveuse je me lève et commence à me diriger vers ma tante pour la câliner.

— Hep, hep, hep Sofia, pas si vite ma jolie. Ne crois pas que ça sera aussi facile. Il va falloir que nous nous mettions d'accord sur certains aspects de ta nouvelle vie, à commencer par quelques règles...

Évidemment, la gentille tata s'est re-transformée en manager déshumanisée. Je la regarde droit dans les yeux, sûre de moi.

— Très bien, je t'écoute, quelles sont tes conditions ?

— Pour commencer il est hors de question que tu vive seule. As-tu une solution pour cela ? Ta mère ne va pas pouvoir être présente toute l'année à tes côtés.

— A vrai dire, la famille Descaren est déjà au courant de ce projet et avait proposé de m'héberger.

— Bien... Je prendrai contact avec elle alors. Ensuite pour ce qui est de la fréquentation des garçons, tu comptes en fréquenter ?

— Non ! Bien sûr que non, je connais la règle !

— Bien. Alors pour ce qui est de la suite, je vais voir ça avec ta mère ainsi que les Descaren, maintenant va dans ta chambre.

— Mais je voulais passer un peu de temps avec maman...
— Va dans ta chambre.

C'est dingue l'autorité que Claudia peut avoir. Et ma mère ne dit rien. D'un regard désolée et encore une fois sans aucune parole nous nous quittons. J'espère que dans les jours qui viennent elle sera plus présente pour moi.