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Au bord de l'eau, tout se passait pour le mieux jusqu'à ce que je me fasse éclabousser par quelqu'un sautant dans celle-ci, ce qui me sorti de mon instant bronzette. J'ai d'abord pensé à Gaya mais la petite princesse ne sait pas encore faire ça. Yaëlle se trouve à côté de moi... Je lève mon regard au dessus de mes lunettes de soleil et reconnaît le coupable. Léon.

— Léon je vais te faire bouffer mes phalanges !

— Essaye toujours !

Adossé au bord de la piscine, il me regarde avec un sourire malicieux. Et je vais devoir le supporter toute l'année ? Léon et moi ne nous entendons pas très bien, du moins comme un frère et une sœur s'entendrait. C'est un incessante guerre de « je t'aime, moi non plus ». Je ne l'avais même pas entendu arriver mais de ce que je peux en comprendre il a directement plongé dans l'eau sans mettre de maillot de bain. Ses fringues jaugent le sol non loin de mon transat. Yaëlle tire la langue à son frère et Gaya demande à aller dans l'eau. Bon, je crois que nous n'avons pas le choix, mon bronzage attendra.

Assise sur la première marche de la piscine je tiens la mains de Gaya pour l'aider à descendre. Elle est si mignonne avec ses gros brassards et sa bouée en forme de flamant rose.

— C'est bien G aya ! Aller encore deux marches et tu seras dans l'eau entièrement.

— C'est froid un peu l'eau et ça fait peur.

— Mais non, ça ne fait pas peur, qu'est-ce que tu raconte ma puce ?

— J'ai fais plouf dans l'eau.

Léon regarde sa sœur avec un air attendri puis les traits de son visage se durcissent. Comme s'il avait une idée machiavélique derrière la tête. Quelques secondes plus tard, il prend sa petite sœur dans les bras et la jette d'un coup dans l'eau et explose de rire. Mais quel monstre ! La petite se met à pleurer et Yaëlle cours tant bien que mal dans l'eau pour aller la rattraper.

— Mais tu n'est qu'un pauvre inconscient ! Tu sais très bien qu'elle a peur d'aller plus loin que les marches depuis l'accident !

Je regarde mon amie étonnée, puis son frère, puis elle à nouveau. Un accident a-t-elle dit ?

— Quel accident Yaëlle ?

— Il y a quelques semaines, au début des vacances, lors d'un barbecue personne ne surveillait Gaya et elle est tombée dans la piscine. Rien de grave parce qu'elle portait, heureusement, encore ses brassards. Mais le fait de se retrouver seule au milieu de la piscine ne l'a pas du tout rassuré et depuis, elle peine à aller dans l'eau...

— Mon dieu mais pourquoi tu ne m'en a pas parlé ?

— Parce que ce n'est rien, il n'y a pas eu de blessé. Enfin, maintenant c'est un peu galère pour la faire rentrer dans l'eau mais rien de bien grave.

Pendant ce temps Léon sort de la piscine visiblement contrarié. Je pense qu'il voulait bien faire et simplement s'amuser avec sa sœur, comme il l'aurait fait avec n'importe qui. Mais aux vues des événements passés je peux comprendre la réaction de Yaëlle. Il n'y a pas été de main morte et Gaya pourrait avoir encore plus peur dorénavant. Pas malin...

Je m'approche alors de la petite qui se trouve dans les bras de Yaëlle et lui caresse ses cheveux trempés en enroulant une mèche autour de mon index.

— Tu es la plus forte ! Tu as vu, tu as réussi à faire partir le monstre de la piscine !

Elle rigole et lève ses bras en l'air en signe de victoire. Décidément je crois que je suis faite pour être grande sœur ! Pourquoi ma mère n'a-t-elle pas eu d'autres enfants ? Ah, oui, parce qu'elle n'a déjà pas assez de temps pour un. Yaëlle me tend Gaya et me fait comprendre que je vais devoir m'en occuper un petit instant.

— Je vais aller parler à Léon, je reviens. Prend soin d'elle, je te fais confiance.

— Tu peux compter sur moi.

Je regarde ma meilleure amie se diriger vers l'intérieur de la maison et me dirige en compagnie de Gaya hors de la piscine. Je m'empare de sa serviette et l'emmitoufle dedans. Je la frotte à toute vitesse et cela la fait rire aux éclat. Elle n'a pas l'air si traumatisée que ça, c'est rassurant. Au loin, j'aperçois derrière la baie vitré Yaëlle faisant de grands gestes et Léon qui semble l'ignorer. Il a les yeux rivé sur quelque chose, son portable sûrement. Quel impolitesse !

Quelques minutes plus tard ma meilleure amie revient plus énervée que jamais.

— Franchement ça commence bien ! Voilà même pas trois heures que tu es là et il se met déjà en scène. Pourquoi pense-tu qu'il a fait ça ? Il veut attirer l'attention, comme toujours. Dès que j'ai une amie à la maison il le fait... Il voulait jouer les mecs drôle à faire ça avec Gaya mais on a pas tous le même humour sadique que lui !

— Calme toi, ça ne sert à rien, c'est du passé. Et tu sais que je m'en contre-fiche de lui. Gaya va bien et c'est le principal. On ne va pas gâcher le reste de notre journée pour lui.

— T'as raison, mais il me fatigue tellement... Ça te dit de sortir un coup ? Ma mère m'a laissé des sous au cas où on aurait envie d'une glace ou de pâtisseries, ou des deux. Tentée ?

J'ai un moment d'hésitation. Les glace c'est calorique, les pâtisseries encore plus. Et puis je me rappelle que tout ça c'est fini. Je ne suis plus obligée de faire attention à ce que je mange. Je regarde donc ma meilleure amie les yeux pétillants de désir et elle comprend que sa proposition alimentaire est l'une des meilleures que j'ai reçu depuis bien longtemps !

Une fois à l'intérieur de la maison, en direction de la chambre, je suis obligé de passer devant celle de Léon. Il se trouve à l'intérieur lorsque j'y jette un coup d'œil furtif. Cette fois-ci il a troqué son portable contre un livre. Qui l'aurait cru ? Léon sait lire. Quel surprise !

— Intéressant ?

— Quoi ?

— Ton bouquin.

— Lâche-moi tu veux.

Je lui souris puis continue ma route et entre dans ma chambre. Je prend garde de bien fermé la porte puis troque mon maillot de bain contre une adorable petite robe estival. Ne devant pas absolument faire attention à mon apparence je décide de simplement m'attacher les cheveux en une queue de cheval, sans les démêler. Ouh vilaine petite fille. Mais faire cela me fait un bien fou. J'ai l'impression d'être libre. D'être enfin moi, de faire ce que je veux. Je suis donc prête en un clin d'œil. Je laisse donc entrer Yaëlle et file m'occuper de Gaya. Une fois toutes prêtes, par sympathie, Yaëlle propose au passage, par politesse, à Léon s'il veut nous accompagner. A l'entente de sa réponse je suis grandement étonnée. Le vieux ronchon d'il y a cinq minutes a activé son mode « sympathie » ? Je ne comprends vraiment pas ce garçon. 

Queen beeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant