trois

49 11 0
                                    

(ps : un hanok est une maison traditionnelle coréenne dans laquelle les touristes, étrangers ou coréens, viennent se ressourcer)

  Ayant retrouvé un lit où dormir, il passa la journée du samedi à rattraper son sommeil. Quand il se réveilla, en fin de journée, et en pleine forme, il alla directement sur internet, à la recherche d'une quelconque demeure consacrée au repos. Cependant, lorsqu'il vit les prix des séjours, il abandonna cette idée. Les fins de mois étaient serrées, beaucoup trop serrées, et il n'avait pas de quoi s'offrir quelques jours là-bas. Il pensa à appeler son père pour passer un peu de temps chez ses parents, mais il changea d'avis, il devait s'éloigner de tout. Il passa tout de même un coup de fil à son géniteur, pensant lui demander conseil.
—Allô ? une voix masculine marquée par la vieillesse sortit du téléphone.
—Papa ? C'est moi. Comment tu vas ?
—Ah, Jooheon ! Ça faisait un moment que tu ne nous avais pas appelés. Ça va, juste un peu fatigué, et toi alors ? Le boulot, ça se passe comment ?
—Pas terrible, là je suis en arrêt maladie.
—Comment ça ? Est-ce que tes collègues se comportent mal avec toi ? Tu es malade ?
  Jooheon, un sourire aux lèvres, rassura son père en lui affirmant qu'il avait seulement besoin d'un peu de repos. Il lui parla des hanok et de leur prix, et le questionna pour savoir s'il n'avait pas une alternative à lui proposer.
—Tu peux regarder des annonces, si tu es prêt à travailler un peu, certains agriculteurs sont prêts à t'héberger quelques temps en échange d'un coup de main.
—Et tout ce que j'ai à faire, c'est les aider dans leur travail ? Un peu comme un stage ?
—Oui, tu peux voir ça comme ça. Mais tu peux aussi venir à la maison, tu sais ! On serait contents de te voir.
—J'y ai pensé, mais je dois éviter toute source de stress, et avec maman qui va pas très bien ces derniers temps... je sais pas si c'est une bonne idée.
—C'est vrai, mais bon, tu peux venir manger juste un repas, ça fait plusieurs semaines qu'on ne t'a pas vu quand même.
—D'accord, je tenterai de passer. Bon je te laisse, je vais aller faire des recherches ! À bientôt papa.

  Il raccrocha et retourna devant son ordinateur. Il ne savait pas quoi faire comme recherches, et tenta alors quelques mots-clés. Son temps passé sur internet se révéla finalement fructueux, il en ressortit avec un numéro de téléphone. Il composa ce numéro et tomba sur une femme qui lui décrivit aimablement toutes les conditions d'hébergement. Lorsqu'elle lui demanda la raison de sa venue, elle le rassura alors, lui expliquant que le travail qui lui serait demandé ne serait que supplémentaire et ne risquerait pas de l'angoisser davantage.
—Quand pensez-vous arriver ? demanda-t-elle finalement.
—Lundi, en fin de journée.
  Il s'échangèrent encore quelques mots puis Jooheon raccrocha, satisfait des renseignements donnés. Il ne savait pas encore combien de temps il allait rester là-bas. Il avait pour l'instant, comme prescrit sur le certificat, deux semaines de congé, durée modifiable en cas d'absence d'amélioration de son état. Il choisit de faire ses bagages pour une semaine, il verrait sur place pour prolonger son séjour.

  Le lundi-même, Jooheon arriva, ses bagages à la main, à son lieu de travail. Il entra timidement dans les locaux, cherchant du regard son supérieur. Lorsqu'il l'aperçut, il se dépêcha de poser la valise au sol et de traverser l'allée.
—Bonjour... commença-t-il en sortant de sa poche le certificat, les yeux rivés au sol. Je voulais vous avertir que je prenais une pause de quinze jours, sur conseil du médecin.
  L'intéressé le dévisagea quelques secondes, d'abord silencieux, puis s'empara du papier.
—Tu es à l'heure aujourd'hui, c'est bête, remarqua-t-il en lui tournant le dos. Bon allez, amuse-toi bien.
  Camouflant son irritation, Jooheon regarda son chef rejoindre son bureau. Il fit également demi-tour, récupéra sa valise, et quitta l'établissement, soulagé. Il marcha d'un pas pressé jusqu'à un arrêt d'autocar et patienta, son billet fraîchement acheté entre les doigts. Quelques personnes regroupées vers lui attendaient également tout en bavardant. Tandis qu'il observait l'heure exacte de départ sur son billet, une tâche se forma soudainement sur le papier glacé ; une goutte d'eau venait de tomber. S'en suivit rapidement de nombreuses autres qui recouvrirent le goudron clair de la route. Jooheon attrapa sa valise alors posée au sol et courut s'abriter sous l'abri-bus, se serrant aux autres passagers. Le véhicule ne tarda pas à apparaître et se gara devant le petit groupe. Le chauffeur descendit et alla ouvrir les soutes, enfilant un manteau en route. Il remonta derrière son volant et fit signe aux passagers de monter. Jooheon courut vers l'autocar et déposa sa valise dans l'espace réservé, puis il monta à l'intérieur du véhicule, un simple sac à dos sur l'épaule. Il présenta au chauffeur son billet avant d'aller s'installer sur un siège libre. Le véhicule stationna pendant dix minutes, laissant le temps aux passagers d'arriver. Finalement, le chauffeur sortit un instant, ferma la soute, et remonta. Toute porte close, il démarra.

採摘 • la cueillette Où les histoires vivent. Découvrez maintenant