« Te dire que tu ne dois pas y penser reste une pensée, tu sais. »
- Moonchild
Mono
———
-Hey.
-Hey…
Je te sentis t'installer à mes côtés dans un silence presque pesant.
Je ne bougeai pas, assis dans l'herbe humide, les genoux rapprochés contre mon torse et les épaules tendues.
Je portai par réflexe les mains à mon visage avant de me rendre compte que celui-ci était sec, vide de toute trace de larme. Je soupirai. Je ne pleurais même pas.-Tu vas bien ?
Je tournai la tête à ma gauche pour te regarder, installé à même le sol également, mais plus détendu. Tes jambes étaient dépliées devant toi et ton corps était penché en arrière afin d'admirer le ciel étoilé, les avants bras enfoncés dans la terre derrière toi.
Tu sentis probablement mon regard agacé malgré l'obscurité parce que tu te redressas un peu, passant une main nerveuse dans tes cheveux.-Ouais… Question con. Désolé.
Je reportai mon attention sur le fleuve Han en contrebas, toujours recroquevillé sur moi-même.
Les lumières de la ville illuminaient sa surface tremblotante. Ça m’agaçait. J'aurais aimé pouvoir voir le ciel se refléter sur son épiderme. Il était beau, ce fleuve, quand il se trémoussait pour tenter d'échapper à cette beauté avec laquelle il ne pouvait pas se coordonner.
Il avait bien trop d'horreurs sur la conscience pour pouvoir se permettre de perdre patience.
Un jour peut-être, le ciel lui pardonnerait et viendrait le retrouver.
Mais ce n'était pas pour tout de suite, de mon perchoir, je parvenais à discerner toutes les âmes torturées qui n'arrivaient pas à s'en échapper et pour la première depuis très longtemps, j'avais envie de m'y enfoncer.-À quoi tu penses ?
-À mon enfance.
-Ton enfance ?
-Oui.
Tu dus faire un mouvement car le son du frottement entre l'herbe et tes vêtements me donna envie de parler avec le vent. Ça faisait bien trop longtemps.
-À quoi tu penses de ton enfance ?
-Au vent.
-Au vent ?
-Oui, j'ai envie de parler au vent.
-De parler au vent ?
-Oui. J'avais l'habitude de parler au vent, avant.
Je portai ma main à la poche droite de ma veste bien trop légère, j'avais envie d'intoxiquer l'air.
-Très bien. Alors ce soir, je serais ton vent.
Je m'arrêtai en pleine action, était-ce le fruit de mon imagination ? Toi, Namjoon, cet être model, avais-tu fini par oublier que je n'en valais pas la peine ?
-Mon vent ? Pourquoi diable voudrais-tu être mon vent ?
-Parce que le vent ne répond pas.
Je dépliai mes jambes pour les croiser devant moi, mon corps s'ouvrant inconsciemment à la discussion, avant que je ne me renfrogne, fronçant les sourcils, et ne reprenne ma position initiale. Je sentis ton regard s'intensifier sur ma personne, me brûlant la peau, me l'arrachant pratiquement, et je m'étonnai moi-même à attendre que tu la chiffonnes.
-Bien sûr que si il répond, soufflai-je dans un chuchotement enfantin qui fit hurler mon ego bien trop malmené lors de cette interminable soirée. Je n'avais pas pu m'en empêcher.
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Matriochkas - [Advent Calendar]
القصة القصيرةAdvent Calendar 2019 Projet collaboratif (BTS) 24 jours, 24 conteurs, 24 citations, 24 OS --- Depuis quand ? Pour combien de temps ? Compter les heures, les mois, les années. Revenir en arrière, arrêter le temps, repartir. Bonjour, bonsoir, Mat...