« Ce monde est vaste et nous nous y aventurons, éveillés toute la nuit. »
- Hope World
Hope World
———
« Attention, en raison de personnes sur les voies,
le trafic est interrompu sur l'ensemble de la ligne 4.
Nos agents sont à votre disposition pour tout renseignement. Je répète... »Lorsque les haut-parleurs ont grésillé - me faisant grimacer - et ont crachoté leur énième annonce de la journée,
j'ai lourdement soupiré,
levant la tête de l'écran de mon téléphone encore allumé.
Un arrêt complet de la ligne, il ne me manquait plus de ça.
Comme si nous n'étions pas tous déjà épuisés, à attendre un métro qui ne pointrait pas le bout de son nez.Quelques expressions chiffonnées sont apparues sur les visages autour de moi, tandis que d'autres fermaient les yeux d'exaspération. J'ai serré la hanse de mon sac en bandoulière, la mine ennuyée, et me suis dirigé vers la sortie avec la foule qui s'était amassée à l'intérieur du souterrain. Ma fin de journée s'annonçait dors et déjà catastrophique.
J'ai raté une marche et me suis rattrapé de justesse à celui qui me précédait dont le regard méprisant m'a tout de suite calmé,
pour ne pas changer.
Cette manie que j'avais de me mettre dans les situations les plus embarrassantes qui soient peu importe l'endroit ne m'avait jamais quitté,
que ça soit ici ou en Corée.Aussi compressé qu'un biscuit parmi cette affluence hors-norme à cette heure de la soirée, j'ai réussi à me glisser entre deux parisiens mécontents pour m'échapper vers la sortie. La lumière blafarde m'a un instant aveuglé, mais le mouvement de la foule me permettait de ne pas trop me concentrer sur le trajet à emprunter.
Évidemment,
les battants ne répondaient plus au détecteur de mouvements.- Quelle journée de merde,
j'ai marmonné, décidé à retrouver la liberté.Une fois toutes les épreuves franchises, j'ai profondément inspiré l'air pollué de la capitale, ravis de me retrouver le nez face aux étoiles,
invisibles à cause de l'éclairage artificiel.
Le vent glacial m'a fait l'effet d'une claque bien sentie, me permettant de reprendre mes esprits, et observer l'endroit où je me trouvais.La fontaine St-Michel trônait de toute son ampleur à l'angle de deux rues, face au pont du même nom qui conduisait directement à l'île de la Cité. Entièrement construite contre un mur de plusieurs mètres de haut, elle surplombait le carrefour encombré : cette particularité ne faisait qu'accentuer sa beauté.
Ses statues en forme de chimères sur les bas-côtés ne déversaient pas une seule goutte d'eau en cette période de l'année, mais je gardais dans un coin de ma tête le souvenir des jours ensoleillés où les bassins ne se vidaient jamais.J'éprouvais toujours une grande admiration pour les monuments qu'il nous était possible de croiser dans Paris, et qui étaient les bases de cette effervescence touristique. J'en voyais encore se balader, avec leurs cartes savamment déployées devant leurs pupilles émerveillées. J'ai souri, distrait, avant de me reconcentrer sur le motif de ma présence au-dehors. Une mèche de cheveux m'a un instant dérangé alors que je jetais un coup d'œil attentif tout autour de moi.
J'ai vite fait la moue quand un bus a klaxonné bruyamment à ma droite, sa voie habituellement réservée embouteillée par des taxis occupés et un SUV ayant opté pour l'illégalité. Avec le temps, plus rien ne me surprenait.
VOUS LISEZ
Matriochkas - [Advent Calendar]
Storie breviAdvent Calendar 2019 Projet collaboratif (BTS) 24 jours, 24 conteurs, 24 citations, 24 OS --- Depuis quand ? Pour combien de temps ? Compter les heures, les mois, les années. Revenir en arrière, arrêter le temps, repartir. Bonjour, bonsoir, Mat...