La Chaleur De La Neige

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C'était juste après décembre, Avril, âgée de presque la vingtaines, reprenait les cours en ce début de janvier fraîchement commencé.
Elle avait pus passer un Noël chaleureux malgré ses tracas, malgré son mal être profondément enterré sur la terre noire des pensées défilant au creux de ses iris.
En effet, le semestre précédent avait été difficile. Non pas que les cours étaient insurmontables, c'est plutôt la motivation qui lui manquait, rongée par bien d'autres maux que la simple idée d'échouer. C'est vrai, a quoi bon faire quelque chose si personne ne nous accompagne ou regarde nos résultats ? C'est là sa souffrance, le besoin de reconnaissance. Et malheureusement pour elle, son comportement trop extravertie et à l'aise, son extravagance et sa franchise, ne l'aide pas à s'entourer convenablement, détruisant ses relations plus que ne les soudant. Elle n'était pas mal entourée, elle n'étais simplement pas du tout entourée. A l'extérieur de sa famille qu'elle voyait rarement et avec laquelle elle avait des difficultés à se sentir elle même, elle n'avait personne. Enfin si, quelques amis du lycée, mais aucun lien concret, sans savoir si son meilleur ami la considérait lui même comme telle. Pour elle, tout n'était qu'hypocrisie et mensonge, et elle se dégradait, se persuadant que s'entourer ne sert à rien puisque tout prend toujours fin. Et pourtant, elle est irrésistiblement attirée par les autres, pour les aider, voir leur sourire, faire plaisir, s'amuser, sortir, simplement discuter... Mais c'est bien trop dur lorsque l'on provoque soi-même le rejet d'autrui.
Elle fait de son mieux, elle ne sait pas elle même qui elle est, après tout, et puis en soit elle est entourée mais... Elle ne comprend pas. Pourquoi autour d'elle les gens parles autant à d'autres ? Tout le monde reçoit des notifications d'amis, tout le monde vit de nombreuses histoires anecdotiques ou dramatiques en une seule journée, et elle, lorsqu'elle regarde son écran, ne voit apparaître que les nombreux mails de publicités cosmétiques.
Ses soupirs se font long au fur et a mesure du temps, ce n'est pas nouveau, elle ne demande pas à se plaindre, elle demande simplement à sortir, à ce qu'on lui demande de sortir, et de s'amuser avec des amis.
Mais peut-être que ça va s'améliorer avec le temps ?
Alors elle retourne en cours, après ces vacances reposantes sans nouvelles.
Dans la neige de Janvier, ou ses pieds s'enfoncent dans quelques centimètres, provoquant un bruit de broyage agréable dans le silence bercé du vent. Les feuilles ne sont plus là, le sol n'est plus visible, le paysage a revêtu son manteau blanc pour l'hiver doux de cette année. Des constructions de glaces trônes sur les quelques angles du campus, des branches en guise de bras, alors que la neige continu de virevolter pour se reposer sur les bois, redevenant nus lorsque les brises les bousculent ou que les élèves les tires pour provoquer des chutes de neige. Le verglas fait glisser comme une patinoire approximative, sa paire de boots aux couleurs de printemps croise les traces de bataille de boules de neige, et les flaques d'eau gelée recouvre le carrelage des grandes bâtisses où loge dans une chaleur fatiguante des salles de classes vides ou pleines. Son regard se pose sur le dessin de la fenêtre, mais il fait trop froid pour sortir maintenant, n'est-ce pas ? Alors un nouvel hiver enfermé dans les révisions, les boissons chaudes et dans un plaid s'impose. Son soupir chaud, couvrant la vitre d'une buée, traverse les rangs sans attirer d'attention. Ses chaussettes arc-en-ciel, son pull a carreau bleu et son pantalon de simili cuir ne sont pas assez bien pour recevoir des compliments. Ses cheveux soigneusement coiffés sont d'une banalité négligeable et même ses yeux n'ont pas le pouvoir d'attirer les regards commun. Elle rêve d'écrire et de parler, de débattre, d'aventure... Mais ce souhait n'est qu'un voeux silencieux qu'elle ne peut exaucer, car il ne dépend pas d'elle... Si ?
Elle retrouve son amie, et elles se saluent. Rien de bien nouveau, elle reprend sa routine fade à seulement écouter les ragots et les soucis de sa camarade avec qui elle passe son temps en cours.
Et en parlant de ses soucis, ça arrive régulièrement que cette camarade en ait au point de ne vraiment pas être bien, et lorsque notre rouquine, Avril, aux yeux lilas, souhaite l'aider, la encore elle se fait rejeter, malgré le fait qu'elle ne voulait faire que le bien. Elle se retrouve alors seule éloignée, sans personne à qui parler, plongé dans la mer de ses pensées moroses et haineuses envers elle même, ne pouvant parler qu'à ses propres insultes, l'imagination à la dérive...

Doit-elle faire le mal pour enfin être remarquée et entourée ?

Collectio Fabulas ImaginariumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant