~ Mardi quatorze janvier • Vestiaires des garçons • Dix heures dix ~
Pendant que Laura se perdait dans de douloureuses pensées, l'équipe de football s'entraînait dans le stade devant l'institution des Anges. À sa tête, Christophe, un grand blond avec un corps athlétique, meilleur ami d'Édouard, tout le lycée l'aimait et le respectait, notamment les filles. Quand il arriva dans l'équipe, le jeune homme réussit à doubler les victoires du groupe en même pas une saison et rapidement le coach le nomma chef d'équipe. L'adolescent était devenu de plus en plus arrogant et irrespectueux avec les footballeurs, s'attribuant toutes les victoires et les louanges des filles. Mais cette augmentation soudaine des scores pour l'équipe Blue Angels n'était pas due qu'au talent de Christophe... Cela faisait maintenant deux mois qu'il était devenu accro à la drogue dure et malheureusement, ou heureusement pour lui, celle ci coûtait très cher. Or, provenant d'une famille modeste, ses emprunts d'argents sur le compte de ses parents commençaient à ne plus passer inaperçus. Au début ses fournisseurs lui donnaient ou lui faisaient un prix sur la came pour que Christophe la teste mais très rapidement il eut des dettes. Alors pour essayer de diminuer sa facture les dealers lui proposèrent un marché : s'il trouvait assez de nouveaux clients, ses dettes seraient oubliées. C'est ainsi que Christophe commença à doper son équipe de football, d'abord en cachette, puis jusqu'à les rendre addicts aussi.
Désormais, Christophe était ce garçon toujours présent dans les soirées et qui proposait des cachets à tous ceux qui en voulaient. Assez vite, ses problèmes d'argent furent effacés, mais il continua de vendre pour toujours pouvoir prendre ses doses. Les Blue Angels finirent leur entraînement plus tard que d'habitude étant donné que la nouvelle saison de compétition arrivait à grand pas : Christophe avait voulu revoir leur stratégie et l'emplacement des joueurs sur le terrain. Louis arracha le chef d'équipe à ses pensées en l'interpellant :
« Frérot tu nous apporte quand notre dose ?
— Je suis pas ton frère ! s'énerva Christophe.
L'adolescent détestait Louis, il savait ce que Louis avait fait et cela le dégoûtait. Un autre garçon de l'équipe intervint :
— Mais alors on les aura quand ? Je commence à en manquer !
— Tu l'auras quand tout le monde aura passé les tests de l'infirmerie ! Fin de la discussion.
— Calme toi mec ! s'exclama Édouard.
Christophe se tut quelques instants, ignorant ses camarades pour se maîtriser. Il continua plus calmement :
— Hmm... Vous pouvez partir je vais finir de ranger le terrain.
— Tu es sûr ? C'était mon tour normalement.
— Oui c'est bon.Les joueurs quittèrent les uns après les autres le vestiaire. Édouard resta quelques instants de plus, lança un regard inquiet à son ami avant partir à son tour. Christophe était de nouveau seul face au petit miroir au dessus du lavabo. Fatigué, usé par cette vie de bandit, il regretta d'avoir pris cette décision il y a quelques mois. Depuis peu, les dealers réclamaient encore plus de clients... Et Christophe n'en pouvait plus de devoir mentir à ses amis, sa famille. À tous.
— Je vais tout arrêter ! décida-t-il devant le miroir. »
Déterminé à en finir avec tout ça, il commença par sortir pour aller ranger les équipements de sport. Dehors, il faisait déjà noir et la neige avait commencé à envahir le terrain de foot.Il va falloir que l'on joue à l'intérieur à partir de la semaine prochaine, pensa-t-il.
Christophe s'empressa de ramasser le matériel restant pour retrouver la chaleur de son foyer, même si ses parents n'étaient pas très présents en ce moment, il aimait se retrouver seul pour pleurer son cousin, son ancien meilleur ami. Seul Édouard était au courant de ce tragique événement et comprenait qu'il souhaite arrêter ses trafics pour lui rendre hommage. Tandis que la neige mouillait ses cheveux comme les larmes sur ses joues, il se remémorait un de leurs derniers échanges :
« Tu traînes encore avec ces gars ? Christophe, je t'avais conseillé depuis longtemps d'arrêter ça ! Je peux t'aider si tu veux...
Luke tremblait encore d'énervement. Derrière lui, Édouard, un écouteur dans l'oreille, les écoutait distraitement, mais Christophe savait qu'il était du même avis que son cousin.
— Promis, j'arrête dès que j'aurai donné les dernières doses, après tout, ça me faisait de l'argent de poche...
Il croisa un regard noir.
— Ça ne me fait pas rire, tu sais très bien à quel point ces gens sont dangereux.
Son oncle avait été traîné en justice pour trafic, après que ses fournisseurs l'aient abandonné. Il les avait finalement dénoncés puis s'était fait assassiner en prison.
— Ce qu'il lui est arrivé à... mon père je ne veux plus que ça arrive à quelqu'un de ma famille ou de mon entourage, tu comprends ?!
Luke avait les yeux remplis de larmes, qu'il s'efforçait de retenir, en vain.
— Les gars... commença Édouard. »
Christophe leva son bras comme pour dire « T'inquiètes pas pour moi, ça va aller ». Alors tous les trois jetèrent leur sac par terre, avant de s'asseoir dessus. Formant un drôle de cercle au milieu de nulle part, leur ombre formait un soleil dans la pelouse verdoyante. Luke, même les yeux rougis, eut un sourire éblouissant après que Christophe ait lancé une blague si nulle qu'elle ne pouvait que faire rire.Rien qu'en y repensant, Christophe ne pût s'empêcher de sourire aussi, malgré les larmes qui grignotaient son visage. C'est en soupirant et s'essuyant les yeux qu'il retourna vers le vestiaire.
Quelques secondes plus tard, il se sentit attrapé par derrière. Par pur réflexe, il envoya son poing en arrière. L'agresseur l'évita sans problème. Le jeune homme, repensant à la mort de Mélodie, fit directement le lien et se retourna, car il valait mieux faire face à un adversaire. Son visage était encore couvert, mais il était plus petit que lui. Ses vêtements amples ne montraient aucune forme, il pouvait s'agir d'une homme comme d'une femme. Vu son agilité, Christophe pensait que c'était une adolescente qui avait surestimé sa force – quoique, il ne voyait pas une fille être aussi violente. En plus, si c'était un lycéen, il ne savait pas qui parmi les garçons pourrait faire ça. Déconcentré par sa volonté de découvrir qui se cachait derrière l'agresseur, il sentit son pied glisser. À partir de là, tout se déroula très vite : sa tête heurta le sol, le sac de matériel lui rentra dans les côtes... Il entendit rire derrière lui, puis sentit ses manches se relever. Trop faible pour se mettre debout, il marmonna qu'il avait froid, et se raidit lorsqu'il sentit les premières coupures.Fier de lui, l'assassin lâcha un soupir. Jusqu'ici, tout se déroulait parfaitement, et même si battre Christophe s'était révélé plus difficile que prévu, son plan était désormais bien en marche. Il portait des vêtements qu'il inspectait tous les jours, à la recherche de la moindre trace, une cagoule sous sa veste et des gants en latex pour ne laisser ni empreintes, ni cheveux. À ses pieds, des chaussures de marche anciennes, de pointure cinquante-trois, qu'il avait rembourrées. Avec un peu de chance, la police soupçonnerait tous ceux, qui n'étaient pas si nombreux, qui faisaient cette pointure – enfin si la neige n'effaçait pas ses empreintes.
Maintenant, il fallait qu'il accroche sa victime. Le sang commençait à imprégner la neige, à gâcher toute cette blancheur, et cela l'agaçait. Il eut une idée : pourquoi ne pas le laisser dehors ? L'inconnu alla chercher un de ces piquets utilisés pour installer des filets de sport dans les lycées et l'installa dans le trou prévu à cet effet. Avec un peu de difficulté, un corps pouvait quand même peser bien lourd pour une seule personne, il passa quelques minutes à réaliser cette tâche. Satisfait, il posa délicatement la rose blanche aux pieds du jeune homme. Tandis qu'elle rougissait lentement, il partit aussi vite qu'il était arrivé, en ayant bien fait attention à ne pas être éclaboussé par le sang. Silencieux, il s'évanouit comme une ombre dans la nuit.
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La Rose Maudite
Mystery / Thriller« L'épine croît à côté de la Rose, Et si le Rosier n'est pas assez taillé, les épines prennent le dessus sur les fleurs. Et Personne ne souhaite que les épines s'imposent... N'est-ce pas ? » Une jeune fille est retrouvée assassinée à son lycée. À se...