Chapitre 6 : Une journée qui tourne au cauchemar

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~ Mercredi vingt-deux janvier • Lycée des Anges • Quatorze heures douze ~

« Mademoiselle Valley ?

Quoi ?

— Oui ?
— Pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ?
C'est pas vrai. Elle s'était endormie en cours ? Encore ! Elle regarda autour d'elle, cherchant une aide, mais ses camarades détournaient le regard. En effet elle ne traînait qu'avec des gens de classes supérieures et était – un peu – orgueilleuse, et elle n'entretenait pas de bonnes relations avec les membres de sa classe, sauf trois garçons, mais ce n'était pas une réelle amitié. Ne sachant pas ce qu'avait dit son professeur, elle ne vit aucun autre échappatoire que celui-ci :
— Pourquoi, vous avez oublié ? À votre âge, avec Alzheimer...
— Merci de vous inquiéter pour moi, mais je vais très bien. Mais c'est pour vous que l'on devrait s'inquiéter, vous venez d'oublier ma phrase ! Oh, mais peut-être n'aviez-vous pas écouté ?
Les autres élèves s'étaient tournés vers elle pour attendre sa réponse. Elle risquait de les décevoir, car elle n'avait rien à dire. Ça lui apprendrait à faire la maligne.
— Votre cours était si intéressant que je me suis endormie, excusez-moi mais ça ne vous est jamais arrivé ?
— Tout cela ne m'amuse pas.
— Moi non plus.
Son professeur soupira.
— Lucie Valley, je vous laisse le choix : soit vous vous excusez et suivez le cours en faisant profil bas, soit vous continuez vos pitreries et dans ce cas, autant que vous sortiez du cours tout de suite.
L'adolescente n'hésita pas quand elle saisit son sac. Elle pourrait profiter de ce tour pour aller dormir à l'infirmerie. Bien sûr, monsieur Jones lui passa un savon, mais elle expliqua qu'elle était troublée par les récents événements et qu'elle souhaitait s'entretenir avec la psychologue. Étant un homme sensible, il fut compréhensif et la laissa y aller, non sans lui donner un autre avertissement : « C'est la deuxième fois depuis la semaine dernière, si vous repassez encore à mon bureau pour une quelconque raison, je me verrais obligé de vous punir Lucie ».

C'était à cet instant que tout avait commencé. Les « problèmes de filles » étaient une bonne excuse pour aller se reposer. Téléphone sous sa couverture, la jeune fille passa quelques minutes sur les réseaux sociaux, puis se lassa rapidement et s'amusa à se pencher sous les lits. Un détail attira son attention. C'était une feuille. En la lisant, elle comprit qu'il y aurait une nouvelle victime. Lucie appela la police et dit qu'elle arrivait au commissariat avec un nouvel élément important pour l'enquête. Elle sortit de la pièce discrètement, et – coup de chance ? – comme elle avait permanence en dernière heure, on la laissa sortir. Elle salua quelques amies, de la classe de son frère, sur son chemin avant d'entrer dans le commissariat et de se diriger vers le bureau qu'elle commençait à bien connaître. Les deux inspecteurs, qui étaient chacun assis à leur poste, se levèrent à son arrivée. Rapidement, ils firent les premières constatations : même type d'écriture classique, même feuille de brouillon – comme on en trouvait au lycée...
— C'est la première fois que nous trouvons un de ses écrits avant le cadavre, c'est plutôt une bonne nouvelle. Dis-moi, tu ne saurais pas qui le texte pourrait désigner ?

Il parle de moi.

Lucie savait qu'elle devait partir. Ce soir. Une chose l'embêtait cependant : devait-elle le dire à la police ? La jeune fille se dit qu'elle ne voulait pas être enfermée, même pour sa protection, et qu'elle pourrait se débrouiller toute seule.
— Non, vraiment pas...
— C'est embêtant... Connais tu des personnes qui vont souvent à l'infirmerie, c'est bien là que tu as trouvé ce troisième message ?
L'adolescente fronça les sourcils.
— Non plus, pourquoi ?
— Eh bien, tous les endroits où les textes sont déposés sont aussi en lien avec la victime. Les toilettes pour Mélodie, car c'est là qu'à commencé le harcèlement de la jeune fille qui s'est suicidée, ou du moins, qu'il y a eu le plus de problèmes, et Christophe, le mot était dans son casier à la salle de sport.
L'assassin savait qu'elle allait souvent à l'infirmerie ? De qui pouvait-il s'agir ? Éthan ? Noé ? Tom ? – en effet, celui-ci avait manqué une année de cours suite à une blessure et avait donc redoublé. Mais, ce n'était pas forcément un élève de seconde, ni un garçon. Toute cette affaire était trop compliquée...
La lycéenne devait faire une drôle de tête car Alberto la fixait étrangement. Lucie se reprit et lui adressa un sourire de façade. Il retourna à ses occupations.
— Merci pour ton aide Lucie, fit l'inspectrice, elle nous sera très précieuse. Peut-être que nous pourrons sauver une vie.
— C'est normal.
— Maintenant, nous devons te laisser pour trouver au plus vite l'élève qui est visé par cette lettre. Déjà, le texte nous indique que c'est une fille, nous irons plus vite.
L'adolescente se hâta de quitter la salle. Une fois dehors, Lucie erra un peu avant d'appeler son frère. Elle hésitait : fallait-il qu'elle lui confie ses doutes ?

La Rose MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant