~ Lundi six janvier • Grand chêne • Vingt-deux heures cinquante-huit ~
Mélodie se dirigeait prudemment vers le portail du lycée. Il devait être vingt-trois heures, et à cette heure-ci, il valait mieux être prudent quand on était une adolescente – presque – sans défense. La lycéenne regarda sa montre et alla se cacher derrière le grand chêne. Il ne fallait pas qu'elle arrive en retard ou qu'elle soit vue.
Plusieurs fois, elle crut distinguer des formes dans la pénombre, mais il ne s'agissait que d'ombres ou de passants, dans ce cas, elle faisait semblant de regarder son téléphone pour ne pas qu'on la remarque. La neige et le froid occupaient toute son attention. En même temps, quelle idée de se voir à cette heure ci !Mélodie resta immobile quelques dizaines de minutes, ignorant les flocons qui se mêlaient à ses cheveux. Ces derniers semblaient être dotés d'une vie propre depuis la venue récente d'une brise glaciale. Elle appréhendait un peu la situation : en même temps, la lycéenne s'apprêtait à faire quelque chose de risqué, enfin qui pourrait nuire à sa réputation et lui causer un tas de problèmes. Elle ignorait le stress qui montait peu à peu en fixant la neige.
L'adolescente regarda l'heure à nouveau : presque trente minutes s'étaient écoulées depuis son arrivée.Pour maintenant, il ne viendra pas, pensa-t-elle.
Avec un soupir, la jeune fille ramassa son sac, qu'elle avait posé au pied de l'arbre peu après son arrivée, puis se retourna, se retrouvant nez à nez avec une autre personne de son âge.
« C'est pas trop tôt ! s'exclama-t-elle, tu ne sais pas combien de temps tu m'as fait attendre,
abruti !
Il avait aussi ruiné son plan, mais Mélodie avait passé trente minutes dans le froid et ressentait le besoin urgent de se défouler sur quelqu'un. Elle continua à parler plusieurs minutes et son interlocuteur, couvert d'une telle manière qu'on ne distinguait que ses yeux, ne l'écoutait qu'à moitié. Il commença à marcher à côté de l'adolescente, alors que le flot de paroles de celle-ci ne s'était pas interrompu :
— Bon, qu'est-ce que tu me veux ? Tu ne pouvais pas me parler au lycée ?
Elle ne pouvait pas le voir, mais sur les lèvres de la personne derrière elle se forma un sourire discret puis, se tournant vers Mélodie, elle chuchota :
— Te dire au revoir... »Pourquoi Mélodie n'avait-elle pas observé cette personne plus attentivement ? Elle aurait vu le chiffon qu'elle tenait à la main quand elle s'était approchée. Elle aurait entendu le bruit régulier des clés qui tintaient contre le métal quand elle marchait... Elle aurait vu la lueur de folie qui régnait dans son regard pendant qu'elle l'a disputait à cause de son retard. Si elle l'avait regardée, si elle n'avait pas été emportée par la colère...
Elle se débattit autant qu'elle put, complètement paniquée, sombrant lentement dans les bras de son ravisseur, succombant aux effets du chloroforme.
Quelques minutes plus tard, quand Mélodie fut inconsciente, celui-ci ouvrit le portail, qui semblait autrefois si effrayant aux yeux de la jeune fille, et tous deux disparurent dans la cour du lycée, ne laissant derrière eux que des traces de pas dans la neige. Extrêmement pressé, il ne vit pas ce pétale de rose blanc chuter de sa poche. Porté par le vent, il semblait voler à toute allure, ce qui ne l'empêcha pas de finir sa course dans la neige tandis qu'à l'intérieur du vieux bâtiment, une vie prenait fin dans un bain de sang.
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La Rose Maudite
Misteri / Thriller« L'épine croît à côté de la Rose, Et si le Rosier n'est pas assez taillé, les épines prennent le dessus sur les fleurs. Et Personne ne souhaite que les épines s'imposent... N'est-ce pas ? » Une jeune fille est retrouvée assassinée à son lycée. À se...