Chapitre 2 : retrouver le faucheur.

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            Reeve suivait attentivement Anaka, qui avançait dans la ville en étant sur ses gardes et jamais totalement à découvert. Il faisait nuit et une grosse lune orange trônée dans le ciel étoilé. Celui qui se proclamait comme le chevalier noir lui avait ramassé une arme à terre et lui avait donné, même si Reeve ne comptait pas s'en servir. Tout ce dont il souhaitait, était de retrouver la mémoire et de comprendre pourquoi il se trouvait là. 

A l'aide de la lampe torche, ils entrèrent dans un vieux immeuble en ruine. Il était impossible d'aller aux étages du dessus, sans compter que Reeve craignait que celui-ci s'effrondre à tout moment. Anaka poussa les débris de son pieds, comme s'il cherchait une chose en particulier, jusqu'à tomber sur une vieille malle. 

— Ce sont les points d'eau, lâcha-t-il en l'ouvrant. 

Reeve fronça les sourcils avant de le voir sortir une gourde. Anaka la porta aussitôt à ses lèvres pour en boire une gorgée, avant de le proposer à Reeve. Celui-ci secoua la tête. Ce type était un meurtrier, il ne voulait rien de lui. Il le suivait car il n'avait personne d'autre et il était effrayé à l'idée de se retrouver seul. 

Le chevalier noir fixa ses yeux sur lui, un air las. 

— T'es encore sur ce qu'il s'est passé dans la chambre ? devina-t-il très facilement. 

Le jeune homme lui jeta un regard coléreux mais ne pipa mot. 

— Je crois que tu ne comprends pas, Reeve, nous avons été enfermés ici pour combattre, pour tuer et survivre à ce chaos.  

— J'ai pas envie de tuer des personnes ! s'exclama Reeve. 

Anaka lui fit un signe de main pour lui indiquer de parler moins fort, tout en jetant un œil autour d'eux. 

— Tu ne les tues pas vraiment. 

Reeve le regarda comme s'il était fou. 

— Tu crois au paradis ? questionna-t-il. 

Le chevalier noir se mit à rire. 

— J'en sais rien, si je crois au paradis ou non, c'est un sujet dont on a jamais discuté, sourit-il. 

— Alors on se connait vraiment ? 

Anaka but de nouveau, avant de répondre. 

— Bien sûr qu'on se connait, comment je saurais ton prénom, sinon ? 

— Alors pourquoi je ne me souviens de rien ? 

— Ils t'ont injecté un produit, avant d'arriver ici, qui te fait perdre temporairement la mémoire, expliqua l'homme devant lui. 

— Pourquoi m'ont-ils fait ça ? Qui ? Et pourquoi toi tu n'as rien ? questionna-t-il, dans l'incompréhension la plus totale. 

— Parce que tu as donné ton accord, Reeve, sourit Anaka. 

Ses yeux s'arrondirent sous cette révélation. 

— J'ai donné mon accord pour qu'ils me retirent ma mémoire durant un temps ? Pourquoi j'aurais fait ça ? 

— Parce que t'es un peu fou, pouffa-t-il. 

— Et c'est moi qui aie voulu être ici ? 

Un craquement se fit attendre et Anaka reprit sa position de défense, prêt à sauter sur la première personne qui s'approcherait d'eux. Reeve eut un frisson. Ces nouvelles l'avaient  rendu d'autant plus confus. 

— Nous ne sommes pas tout seul ici... lâcha Anaka, avant de se saisir de la lampe et de l'éteindre. 

Reeve se figea instantanément, il ne voyait plus rien, aucune différence quand il ouvrait les yeux et quand il les fermait. Il essaya de tâter les choses autour de lui pour trouver un appuie. 

— Anaka ? chuchotta-t-il. 

Mais personne ne lui répondit. Il entendit soudainement des bruits de pas et Reeve comprit qu'il y avait d'autres personnes avec eux. Des gémissements de douleur se firent entendre et le même tintement de la lame du chevalier noir. Il comprit que celui-ci était en train de tuer les personnes qui étaient entrées. 

La frayeur le gagna, mais toucha son apogée quand il sentit une main sur son épaule et une voix rauque glisser jusqu'à son oreille. 

— Trouvé, faucheur.

Il se mit à hurler et se débattit dans tous les sens. 

— Reeve, cours ! Sors d'ici et mets toi à l'abris ! entendit-il. 

C'était la voix d'Anaka. Tout à coup, des hommes se mirent à crier et des épées s'entrechoquèrent. Reeve ne réfléchit pas à deux fois et tenta de s'enfuir, même s'il n'y voyait strictement rien. Il se prit tout un tas d'objets, buta contre des murs, se blessa et tomba toutes les secondes avant de voir apparaître un filé de lumière au loin. 

Quand il sortit du bâtiment, il se tourna et fouilla ses poches. Il avait perdu son arme ! Il paniqua et regarda aux alentours, comme le chevalier noir l'avait fait quand ils étaient à deux. 

Alors qu'il pensait être seul, un homme débarqua par l'une des rues à sa gauche et ils se firent un face à face. Reeve crut à sa fin lorsque l'homme l'ignora et s'engouffra dans l'immeuble désaffecté. Il fut surpris qu'il ne s'en prenne pas à lui. Il n'attendit pas une seconde de plus et partit se cacher dans les environs, comme Anaka lui avait suggéré. 

Son ventre était douloureux, il avait peur que son seul allié se fasse tuer. Il ne savait même pas combien ils étaient, à l'intérieur ! Il attendit donc plusieurs minutes, totalement angoissé, accroupi derrière un mur. Il se mordit la main et priait n'importe quel dieu pour que le chevalier noir s'en sorte. 

— Ree... Reeve ! entendit-il, comme un couinement au loin. 

Il reconnue immédiatement la voix d'Anaka et son coeur se gonfla de soulagement. Il se releva d'un bond et courue vers l'entrée de l'immeuble, découvrant le chevalier noir, le visage recouvert de sang et son épée qui traînait au sol. 

Reeve eut le temps de le rattraper avant qu'il ne s'écroule au sol. 

— Hey ! Reste avec moi ! 

Il l'aida à se relever et passa un bras autour de ses épaules pour le soutenir. Anaka était plus grand et massif que lui, il avait donc du mal à porter une partie de son poids. 

— On va te trouver un endroit où te soigner, annonça Reeve. 

Le faucheur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant